La transition démocratique, après la dictature des Duvalier, est un échec à tous les niveaux, spécialement en matière d’absence de politique publique de développement humain et d’intégration de la jeunesse. Prenons par exemple la question de l’éducation en Haïti. La croissance démographique en Haïti après 1986 est de l’ordre de 1,5%, et le développement des infrastructures publiques reste le même, voire diminue dans certaines zones qui font face à une explosion démographique, comme à Cité-Soleil, Delmas, Martissant, etc….
L’éducation, quel que soit le régime politique, doit être l’attribution de l’État, tandis qu’en Haïti, depuis après 1986, l’école devient un marché public entre les mains des affairistes et des boutiquiers éducatifs. Dans ces conditions, il est normal d’avoir un taux de déperdition scolaire et de non-scolarisation aussi élevé dans le pays, parce que les écoles ne sont pas intégrées dans un plan de développement humain et de développement communautaire. Le coût de l’écolage n’est pas à la portée de la famille haïtienne. Il n’y a pas vraiment un programme national d’éducation. Chaque groupe d’écoles travaille à son gré, en dehors de la supervision réelle du ministère de l’Éducation nationale. Les inspecteurs scolaires sont des sédentaires qui reçoivent l’argent de l’État sans rien faire. En matière de développement humain, à travers le monde, la jeunesse d’un pays, qui fonctionne normalement, a pour occupations principales, son éducation, le sport, les arts et la culture. Mais en Haïti, les jeunes ne sont pas vraiment encadrés pour développer leurs potentialités physiques et artistiques.
Combien y a-t-il de communes en Haïti qui possèdent un gymnasium ou un centre multisports normal ? Combien d’écoles d’art et de centres culturels existe-t-il dans le pays ? Combien de centres de protection et d’intégration sociale des jeunes existe-t-il dans le pays ? Mêmes les rares centres de l’État sont presque abandonnés et dépourvus de tout. Par exemple, le Centre d’accueil de Carrefour, de Delmas, etc…
Le pire, en matière de planification familiale, il y a un phénomène des enfants mères (timoun k ap fè timoun) en Haïti qui représente un handicap majeur pour le développement durable d’Haïti et de lutte contre l’extrême pauvreté dans le pays. C’est inadmissible d’admettre que des adolescentes se livrent à la pratique sexuelle commerciale dans le pays. L’éducation sexuelle de la jeunesse et de la population haïtienne est un facteur-clé dans la dégradation des conditions de vie de la population haïtienne.
Et, enfin, l’oisiveté et le chômage sont le choc ultime qui provoque l’explosion démographique dans le pays durant la période de la transition démocratique et qui favorise la création des monstres qui tuent et terrorisent la population haïtienne.
En conséquence, les gangs armés en Haïti sont des monstres créés par l’échec de la transition démocratique en Haïti après la chute du régime dictatorial des Duvalier en 1986. Cela signifie que pour résoudre structurellement et durablement le problème des gangs armés et l’insécurité en Haïti, on doit passer par le changement du système politique en place.
Ulysse jean Chenet