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Dites : Nations Unies, et pensez : Diarrhée

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Il ne s’agit pas d’une réflexion scatologique mais d’un grand angle où l’on peut contempler le système des Nations Unies, sans être déçu.  Je suis à mille lieues des gens qui associent le système des Nations Unies au choléra et aux nombreux décès causés par cette épidémie en Haïti.  Les accidents arrivent dans toutes initiatives humaines.  Cependant, on doit admettre que les mensonges des responsables des Nations Unies et la complicité du gouvernement de l’époque ont été autant offensants que la tragédie en soi. 

Après la visite du secrétaire général des Nations Unies, on avait senti un regain d’activités en Haïti. Soulager de n’avoir pas à entendre, la fabulatrice qui était à la tête du BINUH, parler de la situation du pays, on était plutôt disposé à savoir ce que propose cette organisation, à la veille du renouvellement de son mandat.

Aujourd’hui, le débat sur l’envoi d’une « force robuste », en soutien à la PNH, suscite espoirs et interrogations.  La population fatiguée, semble leur dire : On en a marre, faites ce que vous voulez !  Cependant, Il y a quelques considérations à faire pour ne pas être trop désenchanté. Dommage que ceux qui collaborent avec le système des Nations Unies n’ont pas pensé à écrire un pastiche du Roman de Dany Laferrière : « Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer ».

Les Nations Unies existent depuis 78 ans, le bilan de cette organisation est difficile à établir.  Cela pourrait être du genre : c’est une très mauvaise organisation mais on n’en connait pas mieux.  La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, ratifiée par toutes les nations membres, est considérée comme une avancée majeure dans l’histoire de l’humanité, même si l’on peut dire, sans risque de se tromper, qu’il n’y a pas une autorité haïtienne sur 100 qui connait le nombre d’articles que contient cette Déclaration ni ce que dit le premier article.  Pour rester dans le positif, on peut dire que, n’était-ce le passage de Amadou Mahtar M’bow, à la tête de l’UNESCO, la Citadelle Laferrière ne serait qu’un champ de ruines ou encore, sans l’aide fournie à Joseph C Bernard, le créole aurait attendu longtemps encore, avant d’être inclus dans le système scolaire haïtien.  Évidemment, on parle très peu de ces réalisations.

Le système des Nations Unies a accumulé beaucoup d’expériences, « pour être gentil », en considérant ses échecs comme la préparation de succès à venir.  Ces expériences sont coûteuses et l’on se demande est-ce qu’il y aurait des leçons apprises ?  Pas nécessaire de rappeler les faillites que sont le génocide au Rwanda et autres désastres, sous le regard des casques bleus, les ratés de la campagne d’élimination de la malaria en Haïti, le programme de pétrole contre nourriture en Irak, etc.

Parlons d’un succès dont il ne cesse de s’inspirer.  Les maladies diarrhéiques étaient la première cause de décès dans les pays du tiers-monde.  Dans les pays dits développés, ils avaient résolu ce problème en agissant sur 3 facteurs : l’éducation, l’accès à l’eau potable et l’assainissement.  Vous comprendrez, s’il s’agissait de répliquer ce modèle, les autorités haïtiennes auraient préféré investir dans des fosses communes ou offrir un cercueil à celles et ceux qui meurent de la diarrhée.  Les Nations Unies, à travers ses agences, ont fait la promotion de l’utilisation des sels de réhydratation orale, pour éviter le décès des enfants par la diarrhée.  Pour rappel, à l’époque du démarrage du programme, on estimait qu’un enfant faisait en moyenne sept (7) épisodes de diarrhée par année et que sur 3 décès qu’on enregistrait dans le pays, il y avait au moins un qui était celui d’un enfant qui n’avait pas atteint l’âge de 5 ans.  En Haïti, les Nations Unies ont donc aidé les autorités à trouver la solution, sans améliorer l’éducation, ni augmenter l’accès à l’eau potable, ni construire des égouts ou de stations d’épuration d’eaux usées.  À l’heure actuelle, la diarrhée n’est plus la première cause de décès en Haïti, elle est surplantée par la violence et les maladies cardiovasculaires, entre autres.

Si vous aviez bien observé, les experts des Nations Unies maîtrisent bien les techniques pour vous aider à survivre avec les matières fécales.  Ils n’ont pas la mission de vous empêcher de regarder, de respirer et d’ingérer les matières fécales, si vous feigniez de ne pas le savoir.  Si vous croyez que les interventions des Nations Unies sont conçues suivant d’autres paradigmes, rappelez-vous : c’est sous la protection de la MINUSTAH que les autorités qui se sont succédé, ont volé les 4 milliards du Fonds PetroCaribe.  Pas de souci.  C’est comme pour dire : vous pouvez faire de ce pays un merdier, ils vous apporteront de l’aide humanitaire.

Guy Craan

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