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Le dilemme dans la crise haïtienne 

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” Un projet colonial, face à un projet national : l’impérialisme contre le nationalisme.”
Depuis les 6 et 7 juillet 2018, la population se mobilise pour prendre le destin d’Haïti en main. L’Occident, à travers le Core Group, dirigé par l’ambassade des États-Unis, a dit non.  Lorsque la jeunesse haïtienne s’est réveillée pour demander des comptes sur la gestion du Fonds PetroCaribe, évalué à $ 4,2 milliards US, environ, un fond détourné, dilapidé, gargoté et gaspillé par les autorités haïtiennes, l’Occident a dit non, parce que le projet PetroCaribe est un projet du Vénézuela de Hugo Chavez qui était un ennemi farouche de l’Occident et un bon ami d’Haïti, pour ne pas dire un fils d’Haïti.

Le 7 février 2021, le peuple haïtien a exigé le respect de la Constitution du 29 mars 1987 amendée et de la loi électorale de 2015, soulignant la fin du mandat constitutionnel du président Jovenel Moïse, mais l’Occident a tenu ce dernier au pouvoir, juste pour organiser un faux référendum qui s’est soldé par un échec.  Jovenel Moïse devait être  assassiné 5 mois plus tard.  

Après 32 mois de mauvaise gouvernance d’Ariel Henry, de massacres, d’homicides, de viols, de vols, de kidnappings et d’insécurité généralisée, l’Occident maintenait Ariel Henry, jusqu’à l’intervention des bandes armées qui ont bloqué les aéroports pour empêcher celui-ci de rentrer au pays. Ceci a provoqué une nouvelle tournure dans la crise haïtienne, avec des bandes armées qui se positionnent comme un acteur-clé dans la bataille pour résoudre la crise.  Alors, l’Occident, à travers la CARICOM, se positionne en porte-à-faux pour résoudre la crise haïtienne.  Dans les démarches en vue de sa résolution, il y a deux courants : un courant nationaliste qui veut résoudre la crise à l’haïtienne, et le courant impérialiste ou colonialiste qui veut garder le statu quo en faveur de l’Occident.

Ainsi, après l’échec des différents accords de sortie de crise durant le règne d’Ariel Henry, des organisations haïtiennes de la diaspora et de la société civile haïtienne se sont mises ensemble pour organiser un grand Congrès National du 14 au 21 janvier 2024, pour résoudre la crise à l’haïtienne.  Ce Congrès porte le nom de Congrès National de Ouanaminthe pour la Nouvelle Haïti.  De ce congrès a débouché une résolution finale qui a exigé un gouvernement bicéphale, avec un président issu de la Cour de Cassation et un premier ministre de consensus national, pour remplacer Ariel Henry au pouvoir.  Ça, c’est un projet national, porté par des citoyens haïtiens du territoire et de la diaspora.  Mais, encore une autre fois, l’Occident a dit non et ne veut pas de ce projet qui veut réorienter l’avenir d’Haïti à travers des méga projets allant jusqu’en 2054.

Maintenant, pour contourner les projets nationalistes avec le blocage d’Ariel Henry à l’étranger, la CARICOM, qui est un poussin de l’Occident dans la Caraïbe, vient de proposer un remède de cheval comme solution à la crise haïtienne : un conseil présidentiel de 7 ou de 9 membres, pour diriger la transition après la démission du PM Ariel Henry.
La décision de la CARICOM n’est autre qu’un déplacement maladroit de la crise haïtienne, d’un pôle à un autre, comme une tempête en déplacement.  Malheureusement, les colons nègres ou les colons nationaux, qui sont toujours à la solde de l’Occident, rentrent dans ce projet de destruction de la nation haïtienne par la CARICOM.  On ne peut pas dire que c’est innocemment que des politiciens haïtiens madrés, des partis politiques haïtiens de grande notoriété, des éminentes personnalités politiques d’Haïti et des élites de la société civile et de la classe économique d’Haïti embarquent dans un tel pari désastreux pour le pays, avec cette proposition de la CARICOM.  Leur motivation est qu’ils veulent, à tout prix, garder l’ancien système politique traditionnel en vie, même après l’assassinat du président Jovenel.

Le commun des mortels qui ne s’intéresse pas à la politique peut comprendre que le projet de Conseil Présidentiel de 7 membres n’est pas approprié à la réalité et à la culture haïtiennes.  D’ailleurs, le peuple a déjà rejeté ce genre de proposition depuis des lustres.  Des groupes avaient déjà proposé un triumvirat, c’est-à-dire un conseil présidentiel de 3 membres, mais le peuple a dit non.  L’équipe de Montana a proposé un conseil de 5 membres, le peuple a dit non.  On a même traité la proposition de 5 membres de Montana de Krèy Prezidansyel.

Aujourd’hui, la CARICOM veut faire le pire en proposant un conseil présidentiel de 7 membres.  C’est inconcevable.  Un conseil présidentiel de 7 membres, c’est une bande de Rara présidentiel.  D’ailleurs, il n’y a même pas un Palais national pour loger le conseil présidentiel de 7 membres.  Le Palais national d’Haïti a été détruit depuis le 12 janvier 2010, lors du séisme meurtrier qui avait fait près de 300 000 morts dans le pays.  Et, jusqu’à présent, on n’a pas encore reconstruit le Palais national qui se trouve dans un hangar ou dans un abri provisoire, 14 ans après.  C’est dans cet hangar ou dans cet abri provisoire qu’on va installer un Krèy Prezidansyèl. C’est une honte pour Haïti et c’est aussi une honte pour l’Occident, spécialement pour les États-Unis qui y détiennent l’une de ses plus grandes ambassades.  Néanmoins, ils veulent installer 7 présidents en Haïti dans un abri provisoire.

Autant dire que la décision de la CARICOM est un projet impérialiste et colonialiste qui vise à détruire la souveraineté d’Haïti et à provoquer une explosion sociale ou un génocide, dans le pays.  Depuis l’annonce de la décision de la CARICOM, les États-Unis ont exigé à ses ressortissants de laisser Haïti.  Ceci annonce une catastrophe planifiée dans le pays.  Et, malheureusement, les politiciens haïtiens ne sont pas en mesure ou refusent de comprendre que la communauté internationale, à travers la CARICOM, est en train d’implémenter un projet macabre de destruction de la nation haïtienne.

Dans la situation actuelle d’Haïti, le peuple fait face à deux projets : un projet impérialiste et colonialiste qui est la décision de la CARICOM de mettre un conseil présidentiel de 7 membres pour diriger le pays, et un projet nationaliste de reconstruction du rêve haïtien et de la souveraineté nationale d’Haïti qui est la Résolution finale du Congrès National de Ouanaminthe pour la Nouvelle Haïti qui prône un gouvernement bicéphale avec un président issu de la Cour de Cassation et un premier ministre de consensus national, pour sauver le pays.
Ulysse Jean Chenet

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