J’assume que vous avez lu quelque part la fable du Corbeau et du Rossignol. Sinon, je vous en fais un résumé, à travers les évènements récents ayant conduit à la démission forcée du premier ministre haïtien, Dr Ariel Henri.
D’un côté, on a le peuple Haïtien, amant de la liberté, un peuple fier et digne des prouesses de son passé anticolonialiste et anti-esclavagiste, la première nation du continent américain qui avait combattu héroïquement contre les forces criminelles des régimes colonialistes européens. Nous avons payé pour notre indépendance, d’abord avec le sang de nos ancêtres et ensuite par l’escroquerie d’une dette que les fils des colons français, les anciens présidents Pétion et Boyer, avaient consenti avec la France, soit plus de 100 millions de francs. Dans cette fable, nous représentons le rossignol qui chante harmonieusement les valeurs de la liberté, de l’égalité entre les hommes. Nous avons passé plus de 220 ans à donner ce concert démocratique gratuitement dans tout le continent et spécialement dans les Caraïbes.
Et voilà, les corbeaux trompeurs qui arrivent de tous les coins, après la capitulation du premier ministre Ariel Henri pour nous défier, nous les rossignols chanteurs des bonnes valeurs démocratiques. Parmi eux des anciens rapaces dévoreurs, des fauteurs de trouble professionnels qui proposent d’organiser un nouveau concert de corbeaux violents. La seule symphonie qu’ils connaissent, c’est la violence. Dans cette cacophonie antidémocratique, ils se sont rebellés contre leur mauvais chanteur, Dr Ariel Henri. Ils veulent remplacer un corbeau par un autre, sans prendre en considération les revendications et talents des rossignols. Dans la mêlée, pour donner un verdict, on fait appel à la CARICOM. Cette organisation de corbeaux qui appartiennent à la monarchie britannique décident de s’ériger en Juges. Qui chante le mieux les intérêts des grandes corporations ? Entre les corbeaux magouilleurs et les rossignols qui chantent la paix et la prospérité de notre Nation, à qui donner raison ? La justice est aveugle, dit-on. Mais la raison du plus corrompu sera toujours la meilleure, selon certains. Et voilà, le verdict n’a pas pris longtemps à être formulé. Cette fois, ce n’est pas la fable dans laquelle le porc juge le rossignol et le corbeau. Mais c’est plutôt la dure et triste réalité d’un peuple combattant qui voit ses rêves et aspirations bafoués par la communauté régionale et internationale. Une fois de plus!
Le porc ne saurait jamais être placé comme juge quand il ne sait ni chanter ni apprécier une mélodie. Comment laisser ces petites colonies, des États dépendants d’une monarchie constitutionnelle, décider du sort des Haïtiens ? Savent-ils comment voter démocratiquement pour un président quand ils ont seulement droit à un premier ministre qui doit se courber devant le Roi ou la Reine d’Angleterre ? Est-ce qu’ils connaissent les douleurs et peines associées aux luttes anti-impérialistes ? Ces corbeaux régionaux et leurs renards de la Communauté internationale essayent, par tous les moyens de nous faire taire. Une fois de plus, ils vont échouer.
Le peuple haïtien pleure. Non pas parce que nous avons perdu faces aux assassins et criminels qui veulent décider de qui peut nous diriger, mais parce que nous sommes aujourd’hui sous le poids de la risée des juges incohérents et incompétents qui veulent nous imposer leurs volontés, à travers leurs proxys en Haïti qui prétendent jouer à la révolution. Les rossignols ont chanté pendant plusieurs années contre les violences des terroristes, des assassins, des kidnappeurs et de la mafia politique haïtienne. La communauté internationale a fait la sourde oreille. Quand les corbeaux avec leurs « croa croa croa » de leurs armes automatiques et meurtrières chantent leurs menaces contre les rossignols, on voit que les porcs ne tardent pas à prendre en compte les doléances des corbeaux bluffeurs. Ils exigent une allégeance totale aux intérêts des corbeaux et renards internationaux qui viendront avec leurs frères (corbeaux) du Kenya, pour nous soumettre à leurs volontés.
Peut-être, dans les médias, on se moque encore de nos mésaventures. Ils nous accuseront de rebelles et de fanatiques de l’ancien premier ministre déchu. Quand ils viendront nous demander de cohabiter avec ces corbeaux apatrides, selon leur dictée pseudo-démocratique, nous devons leur rappeler qu’au nom de nos ancêtres, au respect de la révolution haïtienne, en l’honneur de la mémoire du peuple haïtien, jamais, plus jamais nous n’accepterons un verdict criminel qui va contre les intérêts du peuple haïtien. Et, avec fierté, nous leur chanterons, comme d’habiles rossignols, nos convictions patriotiques. Et ils diront : « Alors ? Vous pleurez parce que vous avez perdu ? » La réponse du peuple haïtien sera : « Non ! Je pleure parce j’ai été jugé par un porc ».
Castro Joseph
Société et culture
Mars 2024