La situation est très chaotique en Haïti en raison de l’affrontement entre les bandits armés et la police nationale.
En effet, après plusieurs heures de combats, une partie du Pénitencier National a été prise d’assaut par des bandits lourdement armés, le samedi 2 mars 2024. La plus grande prison civile de la République d’Haïti a été investie par des gangs qui se réclament du « Mouvement Vivre ensemble », une coalition de plusieurs groupes armés de la capitale, Port-au-Prince.
Guidée par des drones qui les informaient de la localisation des policiers, les bandits armés ont incendié les abords de la prison et ont poursuivi leur progression. Une vidéo prise par un drone a été virale sur les réseaux sociaux avec une image de la prison. Une voix pouvait être entendue signalant le manque de présence policière dans la cour de la prison et informant les membres du gang qu’ils pouvaient progresser.
La prise d’une partie du pénitencier par des membres de gangs lourdement armés s’est produite après plusieurs heures d’attaque. Vue l’ampleur de l’attaque, le Syndicat de la Police Nationale d’Haïti (SPNH-17) a réagi en lançant un appel sur les réseaux sociaux. « Le Syndicat de la Police demande à tous les policiers de la capitale ce soir qui ont des voitures, des armes et des munitions, ceux du backup VIP, d’apporter leur soutien aux policiers qui combattent au Pénitencier. Si nous laissons les bandits s’emparer des pénitenciers, c’est fini. Personne ne sera épargnée dans la capitale car il y aura 3 000 bandits supplémentaires et les effectifs policiers à Port-au-Prince ne pourront plus rien gérer. Le SPNH-17 demande à tous les policiers, à tous les militaires de la capitale, de s’unir pour sauver les pénitenciers, c’est notre dernière carte ».
Plusieurs policiers déployés au pénitencier et des agents de l’administration pénitentiaire ont tenté de repousser les assauts coordonnés des assaillants. Malgré leurs efforts et leur courage, après des heures d’intenses échanges de coups de feu, ils ont dû battre en retraite et quitter les lieux, devant le nombre et la puissance de feu des adversaires. Certains policiers se seraient repliés à la Direction départementale de l’Ouest, au Champ-de-Mars, selon des témoignages.
Au Pénitencier National se trouvaient plus de 4 000 prisonniers parmi lesquels figurent les 18 Colombiens accusés dans le complot d’assassinat contre l’ex-président Jovenel Moïse en juillet 2021, le chef de la sécurité du Palais National, Dimitri Hérard et le coordonnateur de la sécurité, Jean Laguel Civil ainsi que de dangereux chefs de gangs et des criminels en attente de jugement. Parmi les évadés se trouveraient l’ancien chef de gang « Djouma », « Bout Janjan », l’ancien chef de La Saline, « Chinay », un criminel notoire. Toutefois, il est impossible pour le moment, dans le chaos et la confusion, de savoir précisément le nombre, le profil des évadés et confirmer ces informations de sources officielles. Cependant, selon plusieurs témoignages il pourrait s’agir de plusieurs centaines de criminels évadés.
Jusqu’au moment de mettre sous presse, il n’y a eu aucune communication officielle sur cet évènement majeur. Le premier ministre, le chef de la police et la ministre de la Communication sont demeurés silencieux et n’ont rien fait pour informer et rassurer la population. Aucun bilan n’est disponible.
Emmanuel Saintus