Les récentes attaques armées, en plein cœur de la capitale, ont poussé plus de 3 314 personnes à fuir leurs foyers, cherchant refuge dans des familles d’accueil ou dans des sites d’hébergement surpeuplés.
L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM Haïti) a recueilli ces données, à la suite des attaques armées dans les quartiers de Pernier et de ses environs, dans la commune de Pétion-Ville, dans le quartier de Drouillard, dans la commune de Cité-Soleil et le quartier du Wharf de la Saline, dans celle de Port-au-Prince. Les attaques à Pernier et à Drouillard ont débuté le 30 janvier 2024, et à Wharf de la Saline, le 27 janvier.
Au moment de l’élaboration de ce rapport, certaines attaques étaient toujours en cours et, en conséquence, des mises à jour seront publiées, selon l’évolution des déplacements. Un total de 3 314 personnes sont déjà déplacées, à la suite de ces attaques. La majorité de populations déplacées (60%) se sont réfugiées dans des familles d’accueil et 1 331 personnes, dans 4 sites dont 3 sites existants avant ces incidents, et 1 nouveau site a été créé à la suite de ceux-ci.
- Communes d’accueil des personnes déplacées :
Pétion-ville : 638 personnes déplacées en familles d’accueil ;
700 personnes déplacées en sites ; total de personnes déplacées : 1 338 ;
Port-au-Prince : 534 personnes déplacées en familles d’accueil ;
561 personnes déplacées en sites ; total de personnes déplacées : 1 095 ;
Delmas : 583 personnes déplacées en familles d’accueil ;
10 personnes déplacées en sites ; total de personnes déplacées : 593 ;
Cité-Soleil : 127 personnes déplacées en familles d’accueil ;
0 personnes déplacées en sites ; total de personnes déplacées : 127 ;
Croix-des-Bouquets : 83 personnes déplacées en familles d’accueil ;
0 personnes déplacées en sites ; total de personnes déplacées : 83 ;
Tabarre : 18 personnes déplacées en familles d’accueil ;
60 personnes déplacées en sites ; total de personnes déplacées : 78.
Déplacements à la suite des attaques à Pernier et à ses environs (commune de Pétion Ville) :
373 ménages déplacés ; 1 398 individus déplacés.
Déplacements à la suite des attaques à Wharf de la Saline (Commune de Port-au-Prince) :
276 ménages déplacés ; 1239 individus déplacés.
Déplacements à la suite des attaques à Drouillard (commune de Cité-Soleil) :
161 ménages déplacés ; 677 individus déplacés.
De plus, la montée de la violence armée à travers Haïti a déclenché une profonde crise humanitaire, avec au moins 170 000 enfants déplacés internes. Ce chiffre alarmant, deux fois plus important que l’année dernière, souligne la détérioration rapide de la situation et son impact profond sur les enfants et les familles les plus vulnérables du pays.
En janvier 2024, les derniers chiffres révèlent que près de 314 000 personnes ont dû fuir leur foyer à travers le pays, principalement à Port-au-Prince et dans le département de l’Artibonite, dont la moitié seraient des enfants. En moins de deux semaines, près de 2 500 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été nouvellement déplacées, à la suite d’affrontements dans les régions de Solino et de Gabelliste. La situation actuelle exerce une pression énorme sur les ressources déjà limitées des communautés d’accueil et des services sociaux existants.
« En Haïti, les enfants et les familles subissent des vagues incessantes de violence brutale, avec chaque jour son lot de nouvelles horreurs, la perte d’êtres chers, les maisons détruites par le feu et une ombre de peur toujours présente », a déclaré Bruno Maes, représentant de l’UNICEF en Haïti, qui a visité trois sites de déplacés, dans le centre-ville de Port-au-Prince. « Privés de produits essentiels comme la nourriture, les soins de santé et l’éducation, ils sont embourbés dans une crise qui prive l’essence même de l’enfance. C’est une catastrophe humanitaire qui se déroule devant nos yeux. »
Les rapports préliminaires reçus par l’UNICEF dressent un tableau poignant de la crise actuelle, révélant de graves violations des droits des enfants. Tragiquement, des enfants sont pris entre deux feux, subissent des blessures ou perdent la vie, certains incidents se produisant sur le chemin de l’école. En outre, les cas d’enfants recrutés de force se multiplient, tandis que d’autres rejoignent des groupes armés, poussés par le désespoir.
« Nous ne pouvons pas rester les bras croisés, alors que l’avenir des enfants d’Haïti est érodé par des souffrances sans fin. Chaque moment d’inaction aggrave la crise qui consume leur vie. La communauté mondiale a le devoir d’apporter de l’espoir et du changement à ces jeunes vies, en garantissant une vie meilleure, un avenir plus sûr pour eux », a déclaré Maes.
En 2024, l’UNICEF estime que 3 millions d’enfants à travers Haïti auront besoin d’une aide humanitaire, en raison de l’escalade de la violence, de la malnutrition, de la résurgence du choléra et des services de base au bord de l’effondrement. Plus d’un tiers d’entre eux ont un besoin urgent de protection, et ce nombre devrait augmenter, si les conditions se détériorent.
Emmanuel Saintus