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Tension à la frontière haïtiano-dominicaine

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Après l’incident qui s’est produit le mardi 7 novembre 2023 à la frontière, au niveau de
Ouanaminthe, entre un groupe d’Haïtiens «survoltés» et des militaires dominicains, le
Chancelier haïtien, Jean Victor Généus, et son homologue dominicain, Roberto Alvarez Gil,
se sont entretenus et ont promis de travailler ensemble, afin de calmer les tensions et d’éviter
toute escalade, a indiqué la chancellerie haïtienne dans un communiqué.
«Le Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes informe que le Ministre des
Affaires Étrangères et des Cultes, Son Excellence Monsieur Jean Victor Généus, s’est
entretenu avec son homologue dominicain, Son Excellence Monsieur Roberto Alvarez, suite
aux évènements du mardi 7 novembre 2023, le long de la frontière haïtiano-dominicaine, au
niveau de Ouanaminthe, au cours desquels des militaires dominicains, secondés par des
blindés et un hélicoptère auraient, selon les observateurs, violé le territoire haïtien,
apparemment en réaction à ce qu’ils considèrent comme une incursion haïtienne sur leur
territoire. Face à cette situation, qui a engendré une vive tension dans la zone, et le
mécontentement de la population, les deux Chanceliers se sont entendus de travailler pour
calmer les tensions, afin d’éviter toute escalade, en attendant une solution satisfaisante et
conforme au Droit international. Le Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes réitère la
volonté du Gouvernement de poursuivre le dialogue et la négociation avec la partie
dominicaine et profite pour lancer un appel au calme et à la sérénité.»
À noter qu’à la suite du vif incident du mardi 7 novembre 2023 où des Haïtiens très
motivés ont confronté des militaires dominicains au sujet de la délimitation de la frontière, le
mercredi 8 novembre, des Haïtiens, à l’aide d’une pioche et d’une pelle, ont tenté de déterrer la
pyramide #13 qui délimite la frontière entre Haïti et la République dominicaine à proximité de
la zone ou se construit en Haïti un canal d’irrigation avec prise d’eau sur la rivière Massacre.
Rappelons que les autorités militaires utilisent ces pyramides comme point de
référence pour patrouiller du côté Ouest de la clôture périphérique, alors que les Haïtiens
souhaitent que ce soit le mur qui délimite la frontière.
Edwin Paraison, ancien Consul puis Ambassadeur d’Haïti en République et Président
de la Fondation Zilé, demande une enquête sur les incidents du 7 novembre 2023 qui se sont
produits sur la ligne frontalière de Ouanaminthe. Il estime qu’une confusion a pu être à
l’origine de l’incident, expliquant que les Haïtiens ont peut-être assimilé le mur de protection
comme étant la ligne frontalière, rappelant que, dans la tradition haïtienne, un mur de clôture
est construit sur la limite de la propriété. Il précise que ce mur est construit à plus d’une
quinzaine de mètres en retrait des bornes qui délimitent les territoires des deux pays et
souligne que les militaires dominicains patrouillant du côté Ouest du mur étaient toujours en
territoire dominicain et, à son avis, le déploiement des militaires, avec deux véhicules un
hélicoptère, dans cet espace ont été interprété faussement comme une intrusion sur le territoire
haïtien visant à bloquer les travaux de construction du canal. À son avis, une enquête est
nécessaire pour interroger les témoins afin de connaître le déroulement exact des évènements
pour mieux comprendre l’incident.
Entre temps, le mercredi 8 novembre 2023, Haïti a renforcé la surveillance et la
sécurité du périmètre frontalier adjacent à Dajabón avec des forces policières et des militaires,
après l’incident de mardi où des Haïtiens ont manifesté contre les patrouilles de l’armée
dominicaine dans un incident qui aurait pu provoquer un conflit aux conséquences
imprévisibles.
Des membres de la Police Nationale d’Haïti (PNH), de la police des frontières
(POLIFRONT) et de l’Unité Départementale de Maintien d’Ordre (UDMO) maintiennent à
distance les Haïtiens qui continuent d’arriver à l’endroit où l’on construit également le canal
d’irrigation en Haïti, avec prise d’eau sur la rivière Massacre. Les Haïtiens en colère affirment

que les autorités dominicaines ne peuvent pas patrouiller du côté Ouest du mur, parce qu’elles
ont construit un mur, qui constitue désormais la nouvelle division frontalière du territoire de
l’île.
Un hélicoptère de l’armée dominicaine survole la zone depuis les premières heures de
ce mercredi et plusieurs membres des forces de l’ordre ont été envoyés en renfort du côté
dominicain. Les membres de l’armée dominicaine ont reçu l’ordre de se tenir à distance de la
bande de terre où a surgi le conflit, mardi, afin d’éviter de répondre aux provocations et de
causer ainsi un conflit.
Pendant ce temps, les Haïtiens continuent de crier des insultes contre les autorités et
les militaires dominicains, mais n’ont pas pu avancer vers le mur, en raison du dispositif des
forces de sécurité d’Haïti.
De plus, l’ONU cherche toujours une reprise du dialogue entre la République
Dominicaine et Haïti. Mauricio Ramírez Villegas, Coordonnateur Résident des Nations Unies
(ONU) en République Dominicaine, a assuré que l’ONU reste à la recherche de mécanismes
pertinents pour faire avancer le dialogue entre la République Dominicaine et Haïti. Ramírez
Villegas a souligné que le problème binational doit être abordé avec la plus grande prudence
possible afin qu’il n’affecte pas les intérêts des deux nations, précisant que l’ONU a l’intention
de servir de médiateur et de chercher une solution à la crise entre les deux pays.
Emmanuel Saintus

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