Il n’y a pas beaucoup de gens qui ont une page sur Wikipédia aussi sympathique que Laurent
Lamothe. Pour un homme d’affaires, ce coup de com peut impressionner tout éventuel
partenaire. Grandir dans un environnement académique, artistique et sportif, n’est-ce pas un
socle solide pour former un champion à l’ère de l’anthropocène? En plus d’une formation post-
universitaire, l’entrepreneur était aussi un sportif rompu à la compétition, qui représenta Haïti à
la coupe Davis de Tennis en 1994 et 1995. Il a reçu des distinctions en 2015, de la «National
Alliance for the Advancement of Haitian Professionals» (NAAHP) et a été, au cours de cette
même année, le «Social Media Person of the Year by the Social Media Association of Haïti».
Toc ou carton-pâte, il les a bien reçus. Toute cette réussite ne peut pas faire l’économie du côté
people et glamour, (traduction google). «En 2013, Lamothe est sorti avec la mannequin tchèque,
Petra Němcová, mais depuis 2015, ils ne sont plus ensemble».
Voyons pour la politique. En homme d’affaires averti, Laurent Lamothe doit savoir que la
première impression compte. Il changea le paradigme pour obtenir la ratification au Parlement.
Plus de promesses fumeuses aux élus. C’est du concret, comme l’ex-sénateur Jean Hector
Anacassis eut à en témoigner. Du cash et des lettres de nomination, même les absents ont eu
leurs pots réservés. Et d’autres PM prirent de la graine.
Sous l’ère Lamothe, la communication politique a atteint des sommets. Tranchant avec le
mutisme de René Préval: «y ap pale n ap travay» (jusqu’à ce qu’il trouvât une communicante
familiale), il inversa ce paradigme. On cause et on ne fait rien, «tòl rouj», en bon créole.
Flambeur réputé, le «Conseil de Gouvernement» devient une réunion d’enfoirés puis se
transforma en une foire mobile: «Gouvènman lakay». La presse est gâtée, les reporters reçoivent
des viatiques, lors des conférences de presse. On pourrait même dire «conférence de presse
déjeunatoire ou dinatoire», dépendant de l’heure. Les bandi legal ne plaisantent pas: cadeaux
pour les journalistes de l’équipe, menaces et balles pour celles et ceux qui veulent effectuer le
travail suivant les règles d’éthique. La corruption pue de partout et, en parler, c’est se faire
ostraciser. Carnaval, re-carnaval: «kite peyi-m mache». La foire a aimanté toutes les racailles qui
suivaient les gouvernements antérieurs.
Suivant le correspondant de RFI aux USA, sa démission fut demandée par Washington à
Martelly. Il faut remonter à Septimus Rameau, Axène Magloire etc… pour trouver des
corrompus pareils. Mister 15% était son nom de code dans certains milieux.
Puis, il y a eu les enquêtes du Sénat sur les fonds PetroCaribe, les audits de la Cour
Supérieure des Comptes, le challenge kote kob Petrokaribe a. Et cette semaine, il a été chassé
des États-Unis pour des faits de corruption et de support à la violence extrême contre le peuple
haïtien. On sait d’ordinaire, les voleurs, après avoir commis leurs forfaits, si le propriétaire les
surprend, ils tenteront de l’assassiner. Les voleurs quand ils ont du temps, ils mettent le feu à la
maison.
Voyant sur les réseaux, le déferlement d’insultes et de moqueries envers Laurent
Lamothe, une de ses supportrices n’a trouvé rien d’autre à dire que: «se sou mango mi yo voye
ròch». Mais cette mangue est pourrie. Je vois plutôt la fin d’un pèlerinage entre Pétion-Ville et la
Place de la Constitution. Il faut apporter vos cailloux pour lapider ce Satan. Pour tous les crimes
commis, c’est peu de choses, de lui trouver des sobriquets. La lutte doit continuer pour que
d’autres Satans tombent.
Guy Craan MD MSc.
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