Dans le cadre de l’importante saisie d’armes et de munitions au wharf de Port-de-Paix le 1 er
juillet 2022, la police judiciaire demande à M e Walther Wesser Voltaire, chargé de
l’instruction, d’émettre un mandat d’arrêt contre l’ex-ministre de la Justice, M e Berto Dorcé,
«pour forfaiture, trafic d’influence et association de malfaiteurs.»
Impliqué dans un dossier de trafic d’armes, l’ancien ministre Berto Dorcé serait sur le
point d’être arrêté. Il serait impliqué dans le dossier de cargaison d’armes et de munitions,
découverte à Port-de-Paix, dans le bateau Miss Lily. La Direction Centrale de la Police
Judiciaire (DCPJ), dans un rapport adressé au Cabinet d’instruction, demande de décerner un
mandat d’arrêt contre l’ancien Garde des Sceaux de la République. C’est ce qu’a rapporté Le
Nouvelliste, citant des sources proches de la police judiciaire.
Selon les enquêteurs, l’ex-ministre connaît très bien à qui étaient destinées les armes et
les munitions. Ils ont même conclu qu’ils détiennent des preuves de communications
téléphoniques entre Berto Dorcé et Michelet Virgile, avant, pendant et après l’arrivée du
navire Miss Lily, et après la libération, le 6 juillet, des suspects de la garde-à-vue du
Commissariat de Port-de-Paix. Toujours d’après l’article, M e Berto Dorcé était en contact avec
des personnes activement recherchées dans le cadre de ce dossier. Il a été remarqué au local
de la Primature, en compagnie de Fritz Haubourg, ancien directeur de la Direction des affaires
juridiques du ministère de la Justice, qui aurait contribué à la libération de Jonas Georges et
de Fritz Jean Rélus, arrêtés dans le cadre de cette enquête.
Par ailleurs, Romel Bell et sa femme, Anna Bell, l’actuel directeur général de la Douane,
Julcène Edouard, seraient interdits de quitter le territoire. M e Jacques Lafontant qualifie d’illégale,
la décision contre ce dernier. Le magistrat, Jean Wilner Morin, juge d’instruction au tribunal de
première instance de Port-au-Prince, dans une correspondance adressée au service de
l’émigration et de l’immigration en date du 3 avril, a demandé à son directeur qu’une dizaine
de personnes, parmi lesquelles: l’ancien et l’actuel directeurs généraux de l’Administration
Générale des Douanes soient interdites, jusqu’à nouvel ordre, de quitter le pays, pour les
besoins de la justice. Cette décision concerne Bell Romel, Alcindor Fritz, Dubréus Odly,
Edouard Julcène, Samedi Ferland, Charles Bélair, Bell D. Anna, Dukens Augustin. Selon le
juge en charge de ce dossier, ils sont tous concernés par l’instruction en cours pour:
blanchiment des avoirs, financement du terrorisme et enrichissement illicite, conformément à
la loi du 21 février 2001, dans le dossier transmis par le directeur de l’Unité de Lutte Contre
La Corruption (ULCC) au parquet de Port-au-Prince.
La réaction du commissaire du Gouvernement, Me Jacques Lafontant , qui dit avoir
reçu une correspondance de l’actuel Directeur Général des Douanes qui a fait une
dénonciation selon laquelle une mesure d’interdiction de départ a été prise contre lui, a été
sèche et directe. Pour lui, la démarche du juge est truffée d’irrégularités irritantes par rapport à
la procédure tracée. «Il ne fait pas de doute que votre ordonnance rendue contre l’actuel
Directeur Général des Douanes a violé la loi de manière flagrante et que cette violation de la
loi vous expose au châtiment de la détention et à celui de la destitution, selon les dispositions
des articles 90 et 91 du code pénal ; et, en tout état de cause, cette provision légale ne peut
faire marche arrière et sur laquelle personne ne peut transiger», a écrit M e Lafontant. Il
rappelle au juge Morin que, considérant les dispositions de l’article 48 du CIC, il est prescrit
qu’un Juge d’instruction n’est pas habilité à poser un acte d’instruction, s’il n’en n’est pas
requis par le Commissaire du Gouvernement.
Emmanuel Saintus