La mort ou la prison pour les gangs armés qui terrorisent la population haïtienne et sèment le deuil dans diverses familles, tels devraient être les choix qui leurs sont offerts. La présence des gangs armés est de plus en plus fréquente dans divers quartiers de la capitale, Port-au-Prince, et dans les villes de provinces. Ils enlèvent des paisibles citoyens et exigent des sommes faramineuses en échange de leurs libérations, ils violent des femmes, assassinent et brûlent des policiers et des commissariats de police. Ces malfrats imposent leurs lois dans divers quartiers et recoins en Haïti, sous les yeux passifs des autorités.
En effet, après l’attaque armée contre le commissariat de Pernier (Pétion-Ville) par le gang de Vitelom, allié des 400 Mawozo, le Premier Ministre Ariel a appelé les policiers à la vigilance dans le combat contre les gangs. Il assure qu’il n’y a aucune complicité avec les bandits. Il souligne qu’il n’y aura pas de versement de fonds pour soi-disant acheter la paix. «Les ressources financières seront allouées à la Police pour améliorer son efficacité à traquer les criminels», a dit Ariel Henry. Le Premier Ministre remercie également les policiers pour leur détermination, ayant permis de rétablir l’ordre dans la cité. Il fait allusion, notamment à la reprise de la distribution du carburant.
L’objectif du Premier Ministre serait de s’assurer du changement de perception à l’égard de la Police. Les bandits doivent avoir peur d’attaquer un sous-commissariat puisque les policiers sont déterminés à se battre et recevront rapidement le support des unités spécialisées. Le gouvernement espère qu’il s’agit d’un tournant. Les commissariats ne doivent plus tomber à chaque offensive d’un gang. L’échec de l’assaut du gang de Pernier contre le commissariat doit servir de modèle aux policiers. C’est le message qu’a voulu faire passer le Premier Ministre haïtien, M. Ariel Henry, aux forces de l’ordre. Les policiers du commissariat de Pernier, ayant bénéficié d’un appui immédiat des unités spécialisées, ont fait échec à un assaut du gang de Vitelom, allié du gang des 400 Mawozo.
Entre temps, le vendredi 19 novembre 2021, à l’aéroport international Toussaint Louverture, la Police Nationale d’Haïti (PNH) a procédé à l’arrestation de 3 ressortissants américano-haïtiens, en provenance des États-Unis, identifiés comme : Jean-Jules Jean-Pierre, Bourdon Ether et Delva Marc Kerby, ainsi qu’à la saisie de 5 armes à feu et des munitions qu’ils tentaient d’entrer en Haïti illégalement. Selon le rapport de la PNH, les armes saisies comprenaient un fusil d’assaut semi-automatique AR15, de calibre 5.56 et quatre pistolets de calibre 9 mm (3 pistolets Glock et un pistolet Taurus) ainsi que deux boîtes de cartouches de calibre 9mm et une boîte de cartouches de calibre 5,56 X 45mm (version militaire de la version civile .223 Remington) La Direction Centrale de la Police Judiciaire qui détient les 3 individus en garde à vue pour les suites de la procédure, a ouvert une enquête afin de déterminer le propriétaire et les destinataires de ces armes.
Le mardi 16 novembre, à Port-de-Paix, les autorités policières et judiciaires ont découvert, dans la soirée, une cargaison illégale d’armes à feu, lors du débarquement du navire «El Shadaï» (ayant fait escale à Miami et battant pavillon de Tanzanie, Afrique de l’Est). Parmi les pièces à convictions découvertes, 7 armes à feu, dont 4 fusils d’assaut et 3 armes de poing, de calibre 9 millimètres, ont été saisies, a précisé le juge Paul Blanc qui a procédé au constat. Le juge Blanc a également fait savoir que 2 personnes avaient été arrêtées en relation avec cette affaire et qu’une enquête était ouverte pour identifier le propriétaire de ces armes à feu et ses complices. La Section Départementale de la Police Judiciaire (SDPJ) a été saisie du dossier relatif à cette cargaison d’armes.
En outre, le décès, le mercredi 17 novembre 2021, de l’ancien policier Gilbert Dragon, soupçonné de complicité dans l’assassinat du président haïtien, Jovenel Moïse, qui était détenu au Pénitencier National, serait décédé, selon la Police Nationale d’Haïti, de complications dues au Covid-19. Cette explication n’a pas convaincu l’ex-Première Dame, Martine Moïse, qui qualifie de suspectes, les circonstances du décès d’un individu dont le nom est cité 47 fois dans le dossier d’enquête… Dans une correspondance adressée, en date du 17 novembre, au Commissaire du Gouvernement de Port-au-Prince, Martine Moïse, via son cabinet d’avocats, souligne qu’une enquête devrait été diligentée pour connaître la source de la contamination au Pénitencier National par le Covid-19, compte tenu que les détenus n’ont aucun contact direct avec les gens de l’extérieur et qu’aucun autre cas n’a été rapporté officiellement dans ce pénitencier. «S’agissant d’une mort violente ou d’une mort dont la cause serait inconnue, suspecte, le code d’instruction criminelle, en son article 34, dispose que vous êtes tenu de vous faire assister d’un ou de deux médecins, chirurgiens, ou officier de santé, qui feront leurs rapports sur les causes de la mort et sur l’état du cadavre, » souligne ses avocats au Commissaire du Gouvernement. Ceux-ci demandent, à cette fin, qu’une autopsie du cadavre de Gilbert Dragon soit réalisée.
Les FAd’H peuvent mettre fin aux gangs en 2 semaines…
Le vendredi 18 novembre, Eddy Marcelin, officier supérieur (Major) des Forces Armées d’Haïti (FAd’H) a déclaré, lors de son intervention à la cérémonie de commémoration du 218e anniversaire de la Bataille de Vertières, qu’avec de l’équipement, les FAd’H mettraient fin aux activités des gangs en deux semaines. Il réclame: «au moins un char d’assaut, deux véhicules d’assaut et un hélicoptère de combat. Voilà tout ce dont les soldats de l’armée haïtienne auront besoin pour s’en prendre aux gangs et mettre fin aux désordres, en deux semaines.» Toutefois, on peut s’interroger sur la capacité des FAd’H à manœuvrer des chars d’assaut ou à piloter un hélicoptère de combat…
Par ailleurs, le vendredi 19 novembre, Frantz Elbé, le commandant en Chef a.i. de la Police Nationale d’Haïti (PNH), a visité les agents du Corps des Brigades d’Intervention Motorisée (CBIM) à leur base située à Clercine, en vue de s’enquérir des conditions de travail, de les motiver et de les encadrer dans la mission difficile qu’ils sont en train d’exécuter sur le terrain.
Emmanuel Saintus