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La justice haïtienne au plus mal, dans presque toutes les juridictions

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Dans une note en date du 8 avril, les associations de magistrats se sont dit dans l’obligation de maintenir, jusqu’à nouvel ordre, la grève débutée depuis le 15 février 2021, au niveau de l’appareil judiciaire, à cause du refus des autorités de trouver une solution à la crise.

Plusieurs associations de magistrats dont, l’Association nationale des magistrats haïtiens (ANAMAH), l’Association professionnelle des magistrats (APM), le Réseau national des magistrats haïtiens (RENAMAH) et l’Association des juges de paix haïtiens (AJUPHA) continuent d’exiger le retrait des deux arrêtés présidentiels dont l’un, mettant à la retraite trois magistrats de la Cour de Cassation et l’autre, nommant irrégulièrement trois nouveaux magistrats à cette même Cour. Elles réclament également la réintégration du greffier Christophe Lespérance, mis en disponibilité sans solde, en violation de la loi.

Les autorités constituées demeurent insensibles et totalement irresponsables, dans le cadre des démarches visant à trouver une issue à la crise, déplorent ces associations de juges.

Par ailleurs, depuis la recrudescence des actes de violence au centre-ville des Gonaïves, l’appareil judiciaire fonctionne selon le bon vouloir des hommes armés. Les justiciables éprouvent d’énormes difficultés à jouir pleinement de leurs droits. Les professionnels du secteur ne sont pas non plus épargnés par l’impact néfaste de cette crise. «Dans la juridiction des Gonaïves, l’appareil judiciaire n’existe pas», s’est indigné le coordonnateur de MEDHA-Droits humains, Me Michelet Dorgilles. Sans mâcher ses mots, il s’est élevé contre le sort des justiciables, particulièrement, «les prévenus qui sont enfermés dans le cachot servant de prison». Il est inacceptable, a tempêté Me Dorgilles, que l’État continue de violer les droits des citoyens. L’homme de loi dit lancer un vibrant appel aux instances concernées, en vue de les exhorter à garantir le bon fonctionnement du tribunal. «Si rien n’est fait, le département sera livré aux malfrats», a prévenu le défenseur.

Deux mois après l’incendie du palais de justice des Gonaïves, aucun travail de réhabilitation n’est entrepris dans les locaux de ce dernier. Ce bâtiment mythique, érigé à la rue Lamartinière, à quelques mètres du commissariat de police, est abandonné par les membres de la basoche. Depuis plusieurs semaines, ils ont emménagé dans un local inapproprié, à l’avenue des Dattes, au nord de la ville. L’espace étant exigu, les sièges ne peuvent pas avoir lieu, comme à l’accoutumée. Entre-temps, des prévenus croupissent à la prison de fortune de la juridiction.

Altidor Jean Hervé

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