Dans une note, les représentants de la communauté protestante : Dr. Gerard Forges et Dr. Gerald Bataille, ambassadeurs de la Fédération protestante d’Haïti (FPH); Pasteur Jacques N. Janvier, Président de la Fédération des Pasteurs Haïtiens (FEPaH) ; Dr. Françoise St-Vil Villier, Présidente du Conseil National Spirituel des Eglises (CONaSPE) et le Pasteur Ismaël Baptiste, représentant de la Conférence des Pasteurs Haïtiens (COPAH), après concertation et analyse de la crise actuelle se positionnent et appellent à la transition.
« […] Nous nous sommes réunis à Tabarre, afin de réfléchir sur la situation générale du pays, à la veille du 7 février 2021. Nous sommes littéralement assis sur une poudrière, une situation dangereuse, exacerbée par l’entêtement de Monsieur Jovenel Moïse à se maintenir au pouvoir après le 7 février 2021, date constitutionnelle de la fin de son mandat. Monsieur Moïse […] sait pertinemment que son mandat prend fin le 7 février 2021 […] S’entêter à rester au-delà de son mandat constitutionnel, c’est s’engager dans une aventure dangereuse car il s’agit ici d’une violation flagrante de la Constitution. Une dictature est en train de se mettre en place […]
[…] Nous, soussignés, conscients de notre mission qui est de frayer le chemin pour le peuple de Dieu et de lui enlever tout obstacle (Esaïe 57 verset 14):
EXIGEONS le respect de la Loi mère notamment les dispositions de l’article 134-1 et 134-2;
DEMANDONS au Président de la République, monsieur Jovenel Moïse, de prendre acte de la fin de son mandat, le 7 février 2021;
INVITONS les organisations internationales, notamment l’OEA et I’ONU, à cesser immédiatement leur ingérence, en soutenant un Président ouvertement en rébellion contre la loi et la Constitution du pays;
APPELONS les forces vives du pays (secteurs religieux, patronal, syndical et autres…) à prendre clairement position en faveur d’une transition pacifique, afin d’épargner au pays et aux citoyens les douleurs et les affres d’une violence aveugle;
Enfin PROPOSONS aux organisations de la société civile, une rencontre, en vue de mettre en place un comité de soutien et de réflexion, afin d’encadrer les initiatives d’une transition de rupture, telle qu’exigée par la société haïtienne.»
Alors qu’il menace ses opposants, Jovenel Moïse les appelle à négocier. En effet, le jeudi 21 janvier 2021, Jovenel Moïse lance un énième appel au dialogue à l’opposition. «C’est malheureux que des Haïtiens ne peuvent dialoguer», a dit Moïse, lors d’une cérémonie de remise de bourse d’études à 1 500 jeunes. Il a dit regretter que des leaders politiques aient déclaré la guerre à son administration. Pour le président, il faudrait de préférence déclarer la guerre aux injustices sociales. «Je n’ai de problème avec personne, mais j’ai un problème avec la manière de faire», a dit Moïse. Il dénonce l’instabilité politique qui empêche la réalisation de plusieurs programmes visant l’amélioration des conditions de vie des couches vulnérables. Il a appelé les leaders à ne pas prioriser leurs intérêts personnels mais plutôt ceux de la nation.
En même temps, Jovenel Moïse sort ses griffes contre certains membres de la classe dominante, contre lesquels il menace de réclamer des poursuites judiciaires, s’ils financent les manifestations visant à déstabiliser le pays. Le chef de l’État faisait allusion au mouvement de protestation contre son administration, lancé récemment par les leaders de l’opposition démocratique. Il s’insurge notamment contre ceux qui avaient financé le mouvement de peyi lòk en 2020. Il révèle que des matériels, évalués à 8 millions de dollars, avaient été détruits. Intervenant lors de l’inauguration d’un système d’adduction d’eau potable à Tabarre, le président Moïse a exhorté les leaders de l’opposition à ne plus faire le jeu des oligarques mais à le rejoindre, pour améliorer les conditions de vie de la population. M. Moïse dénonce la stratégie des oligarques qui s’évertuent à renverser les chefs d’État par la déstabilisation. Il critique leur implication dans la création d’une insécurité publique, destinée à empêcher les investissements de la diaspora.
Emmanuel Saintus