Petit à petit, le dollar américain reprend de la valeur par rapport à la gourde qui, elle, en perd. Le taux de référence de la BRH ne varie pas trop, pour ne pas dire qu’il stagne. Mais sur le marché informel, il faut jusqu’à 80 ou 85 gourdes pour un dollar. Selon les témoignages de certains consommateurs, il est parfois impossible d’acheter plus de 50 dollars à l’intérieur des banques commerciales. Ces faits donnent raison aux économistes qui avaient annoncé que l’appréciation de la gourde, par rapport à la devise américaine, ne sera que de courte durée.
La gourde qui ne cesse de se déprécier est un fait normal. Si l’on croit l’économiste Joseph Harold Pierre, le dollar va continuer à reprendre de la force. Il fonde sa thèse sur le fait que la BRH n’imprime pas des dollars et qu’elle n’aura donc plus la capacité de continuer à les injecter sur le marché. Le dollar va tout naturellement «s’apprécier», analyse le professeur. L’économiste dit constater une tendance à la baisse des réserves internationales de la BRH, ce qui, selon lui, risque de créer un problème beaucoup plus grave, dans un an ou moins. Joseph Harold Pierre prévoit un taux de dévaluation d’environ 48% de la gourde en un an. Le professeur Pierre croit que la BRH se décrédibilise en injectant des dollars dans l’économie. Elle veut, par cette décision, donner l’impression de contrôler le taux de change, alors qu’elle n’a pas la capacité de le faire.
Avec la reprise des activités commerciales, au début de l’année prochaine, les exportations en direction d’Haïti vont augmenter. On aura besoin de plus de dollars, cela va affecter le taux de change, selon Harold Joseph Pierre qui ne s’attend pas à une augmentation de la quantité de transferts reçus de l’étranger. «Quand on combine ces trois facteurs, il est clair que le dollar va s’apprécier», martèle Joseph Harold Pierre, rappelant que la baisse des activités commerciales, à cause du coronavirus, a été l’un des facteurs expliquant l’appréciation de la gourde, au cours du mois d’août.
Ces constats des économistes, particulièrement de Joseph Harold Pierre, met à nu la complexité de la crise économique mais aussi l’incapacité de l’État d’en venir à bout. Toutefois, les solutions pouvant remédier à cette situation ne sont pas connues de tous, et même les économistes peinent à se prononcer, car la réalité particulière et la politique économique du pays ne le permettent pas. Il y a trop d’incertitude.
Altidor Jean Hervé