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Les étudiants victimes d’une culture de violence politique

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Les nouvelles tristes de gazage, bastonnades, emprisonnements voire assassinats sont parmi les problèmes populaires des étudiants des l’Université d’Etat d’Haïti.  Le cas le plus récent à l’école Normale Supérieure où l’étudiant Gregory Saint Hilaire fut mortellement blessé par un projectile dont l’origine crée encore de vives polémiques entre les medias de l’Opposition et ceux proches du pouvoir actuel.  Les agents du corps “USGPN” sont pointés du doigt comme les responsables de ce crime odieux. En attendant, mettons ces spéculations futiles de côté et laissons libre champs à la DCPJ pour mener l’enquête qui va aboutir avec l’arrestation de l’assassin fantôme responsable de cet acte.

Les consternations, dénonciations et condamnations sont toujours au rendez-vous. Leaders des étudiants, des facultés publiques et non-publiques, des partis politiques, les professeurs, les parents de victime, du président de la République lui-même, nous avons tous répudié ce genre de crime. Malheureusement, cet étudiant n’est pas la première victime. Alors, comment peut-on éviter qu’un autre étudiant baigne dans son sang  avec son cahier de note en main? 

Violable ou pas?

Les étudiants parlent de l’inviolabilité des espaces universitaires. Mais la constitution clairement définit les conditions nécessaires pour jouir de cette garantie. L’article 34 de la constitution amendée stipule: Hormis les cas de flagrant délit, l’enceinte des établissements d’enseignement est inviolable. Aucune force de l’ordre ne peut y pénétrer qu’en accord avec la Direction desdits établissements.  La, il faut souligner aux étudiants grévistes et manifestants l’importance de ces deux  points: Flagrant délit et Accès autorisé.

  1. Flagrant délit. L’inviolabilité d’une école, d’une faculté ou d’un centre d’enseignement quelconque est perdue automatiquement quand l’espace se transforme en une source de violence.  Imaginez un cas ou des étudiants s’affronteraient violemment au sien de leur faculté. Un témoin appelle la police au secours. Et une fois sur les lieux vous pensez que les agents de police ne peuvent pas intervenir sous prétexte que leur action constituerait une violation? Non. Sinon, les bandits pourraient pénétrer les établissements scolaires pour voler, violer et tuer librement. Le rôle des force publiques est de prévenir la violence et quand elles éviter certains incidents par la prévention, elles ont le devoir de réduire ou stopper si possible toutes formes de violences qui mettraient les vies et biens des citoyens en danger. En conséquence, les mouvements de protestations des étudiants doivent se faire dans une ambiance pacifique et ordonnée s’ils veulent éviter des interventions des forces de l’ordre dans leurs espaces.  Pareillement, les policiers doivent s’abstenir d’attaquer les espaces des centres d’enseignement avec des tubes de gaz  toxiques ou avec des tirs nourris qui risquent de causer des victimes fatales parmi les étudiants. C’est pourquoi au sein de la police, le Corps d’Intervention et de Maintien de l’Ordre(CIMO) reçoit des formations plus appropriées pour traiter ce genre de situation. N’est-ce pas irresponsable et  dangereux  d’envoyer des forces spéciales ou des soldats lourdement armés pour faire taire des étudiants?
  • Accès autorisé. L’article 34 dit clairement que le cas de flagrant délit ne suffit pas. La police doit aussi avoir l’autorisation de la direction de l’Etablissement avant d’y entrer. Dans le cas d’une faculté publique, le recteur de l’UEH a toutes les libertés de faires appel aux forces de l’ordre dans les cas flagrants de violence et destructions au sein des espaces. Dans le cas ou la police sur les lieux jugent urgent d’intervenir dans la faculté des Sciences Humaines par exemple, l’inspecteur ou commissaire en charge de l’opération devrait contacter le recteur ou l’administrateur de cet espace avant d’agir. On tombe dans un cadre bureaucratique ou procédural très complexe. Car souvent les étudiants sont dans ces espaces sans la présence d’un administrateur, directeur ou un quelconque professeur qui pourrait représenter l’administration de cette faculté. Dans les pays riches et avancés, on y trouve dans presque toutes les facultés des lignes toujours disponibles dites hotline en anglais. Bref, s’attendre que la police à travers un appel téléphonique pourra avoir l’autorisation est irréaliste. En peu de mot impraticable. Donc, on revient à la case de départ, la thèse de flagrant délit. Les forces de l’ordre présentes sur les lieux peuvent s’ils ont assez d’éléments indiquant un danger, des activités menaçantes ou violentes, la décision d’agir reste à leur discrétion.

Protection et pacification

La police dans son rôle protecteur se trouve souvent dans des situations ou ses agents doivent protéger même les instigateurs de violences contre elle. D’ou la nécessité de former les policiers continuellement pour qu’ils puissent s’adapter aux changements sociaux et technologiques. Il est toujours difficile de rester dans les limites du professionnalisme quand vous protégez les étudiants des balles meurtrières des bandits un moment et plus tard, vous essuyez un jet de pierres, briques, bouteilles de vos futurs avocats, médecins, psychologues et  professeurs fâchés contre un gouvernement que peut-être vous aussi détestez.  La constitution vous oblige une ferme neutralité en politique. Les forces de l’ordre veillent à la sureté de l’Etat Haïtien pas d’un gouvernement.

Les cris de frustrations, les réclamations des étudiants entrent dans un cadre légal. La PNH doit à tout prix protéger les étudiants en dépit de leurs de réactions parfois violentes. Toutefois, quand cette violence met leurs vies en danger, quand ces étudiants détruisent les biens publics en commençant par les matériels de leurs établissements, qui sont avant tout des propriétés de l’Etat haïtien, la police est appelée à jouer les rôles de protecteur et  pacificateur. 

Culture de violence

Nous devons nous débarrasser de cette culture de violence. Dans un état de droit, les revendications populaires doivent être respectées. La police doit se porter garante de la paix et de la sécurité publique. En effet, la police a le devoir de travailler avec tous les secteurs de la vie sociale indépendamment de  leur appartenance politique. En ce sens, la lutte des étudiants pour des meilleures conditions d’apprentissage et  pour le respect de leurs droits  ne saurait représenter une menace ni pour les habitants de la zone, ni pour la police encore moins pour leurs propres vies.

Durant ces mouvements de protestation les étudiants ont le devoir d’éviter toutes infiltrations d’agents politiques et de bandits de la zone qui s’intéressent surtout à créer le chaos et le trouble pour ensuite semer la désinformation médiatique et les propagandes faciles contres leurs opposants politiques. Similairement, la police a l’obligation d’identifier les personnes suspectes d’actes de violence qui se cacheraient parmi les étudiants pour les appréhender et les livrer à la Justice.   Rappelons aux policiers que les facultés y  abritent des amis, des cousins. Que les étudiants a leur tour comprennent que la Police a pour mission de les protéger et des les aider à revendiquer paisiblement leurs droits à une bonne éducation.

Etudiants, fuyez les traîtres!

Il est temps de finir avec les actes de sauvagerie et de barbarie de certains policiers contres ces jeunes  étudiants. Nous devons dénoncer la violence dans toutes ces formes peu importe les sources dont elle provient. Les casses, les exactions contre des citoyens dans les alentours des écoles et facultés sont absurdes. Les revendications des étudiants devraient se concentrer sur la nécessité d’un meilleur fonctionnement des établissements d’enseignement. Les étudiants ont intérêts à se démarquer des militants politiques qui souvent n’ont aucun intérêt commun avec eux. Demandez aux étudiants qui avaient participé dans la lutte contre le gouvernement lavalassien en 2004, s’ils ont une copie du nouveau contrat social promis par acteurs et alliés du groupe 184? Pourquoi répéter les mêmes erreurs aujourd’hui? 

Les politiciens au pouvoir et tout comme ceux qui convoitent le pouvoir vivent du chaos. Alors, il est impératif que les étudiants divorcent l’usage de la violence dans leurs luttes dans les espaces universitaires. Cela n’a aucun sens que les facultés soient transformées en cimetières pour leurs étudiants. En même temps, l’Etat haïtien ne saurait rester les bras croisés en observant certains centres de formations  devenir des  camps ou des militants et miliciens déguisés en étudiants lancent des attaques contre les citoyens paisibles de la zone et  les  forces de l’ordre. Tristement, les étudiants sont les premières et dernières victimes de cette tradition de violence des mains des bandits cagoulés parfois en uniforme de police.

Quand par accident  ou par méchanceté un étudiant est  gravement blessé, aucun médecin ne vous attend les bras ouverts à l’hôpital Général, aucun de ces militants qui vous incitent à la violence est la pour vous payer l’admission dans un hôpital privé et finalement aucun de ces politiciens éloquents n’est  présent pour aider la famille de la victime. Pour  la majorité de nos politiciens haïtiens, que les étudiants retournent chez eux sans un certificat technique, sans un diplôme professionnel ou qu’il rentre allongé avec son certificat de décès, c’est du pareil au même. De ce fait, fuyez ces militants et politiciens traîtres.  Etudiants, étudiantes, battez-vous avec courage et détermination pour résoudre vos propres problèmes et ceux de votre faculté.

Rodelyn Almazor

Société et Culture

Ecrivain & Poète

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