Certains ont joué et rejoué du tocsin, affirmant qu’ils ne resteraient pas les bras croisés, face aux provocations et aux intimidations de Jovenel Moïse. Après s’être attiré les foudres des différents secteurs de la vie nationale, des dirigeants politiques, des organisations clés de la société civile, pour la mise en place d’un CEP croupion, en violation de la Constitution, Jovenel Moïse continue de mentir, de faire des promesses mensongères, au détriment du peuple haïtien.
De plus, Luis Almagro, le Secrétaire Général de l’OEA, a dit réitérer son soutien à la nécessité de mener un processus électoral en Haïti, dès que techniquement possible, et invite en même temps les partis politiques à travailler ensemble, afin de renforcer la démocratie, dans l’intérêt du consensus.
Entre autres, le jeudi 24 septembre, en conférence de presse, Jean André Victor, du Mouvement patriotique Populaire Dessalinien (MOPOD), qui voit dans les actions du Gouvernement visant à organiser les prochaines élections et à proposer une nouvelle Constitution, une tentative d’instaurer une dictature, a fait part d’une série de manifestations visant à faire échec à ce plan et à assurer une transition politique.
Lors de la 75ème session ordinaire de l’ONU, le jeudi 24 septembre 2020, en marge du débat de l’Assemblée générale, le Président Jovenel Moïse a déclaré, dans un message vidéo préenregistré: «Aujourd’hui, la République d’Haïti est amputée d’une institution indispensable à la bonne marche de la démocratie : le Parlement. Nous avons mis en place un nouveau Conseil Électoral Provisoire pour réaliser des élections crédibles, transparentes, inclusives, libres, honnêtes et démocratiques…» Jovenel Moïse avait lui-même vassalisé puis démantelé le Parlement haïtien. Il continue de vassaliser, de mettre à genou les institutions du pays, avec la mise en place d’un Conseil électoral provisoire, constitué de ses amis proches, à qui il a confié la mission d’organiser un référendum, en vue de doter le pays d’une nouvelle Constitution. Les membres de ce Conseil ont reçu investiture le mardi 22 septembre, au Palais national, sans avoir prêté serment devant la Cour de cassation. Une autre violation flagrante de la Constitution.
Par ailleurs, toujours le jeudi 24 septembre à la 75ème session ordinaire de l’ONU, dans son message préenregistré, le Président Jovenel Moïse réclame des bailleurs de fonds internationaux qu’ils adaptent leur aide aux besoins d’Haïti. Jovenel a rappelé qu’Haïti avait reçu plusieurs milliards de dollars d’aide de la communauté internationale, ces dix dernières années, pour éliminer la pauvreté. Néanmoins, il regrette que « les conditions de vie des Haïtiens ne se (soient) pourtant pas améliorées. Les milliards de dollars dépensés n’ont souvent pas tenu compte de nos priorités, de nos besoins ni même de notre stratégie de lutte contre la pauvreté». Il ajoute: « dans une perspective de développement durable, nous appelons les bailleurs de fonds et tous les pays amis à réaliser une analyse critique de l’aide internationale à Haïti, afin d’évaluer son efficacité»
Il a réclamé « des projets qui s’adaptent à nos besoins, qui répondent à nos priorités et qui nous permettent de mettre en œuvre un développement économique, axé sur l’humain, sur la production nationale, sur le renforcement des capacités de nos institutions. Nous voulons des projets qui ont un impact positif sur la pauvreté et qui intègrent les enjeux sociaux et environnementaux du pays ».
Jovenel Moïse s’est félicité que certains bailleurs « commencent à comprendre la nécessité de s’aligner sur la volonté du gouvernement de la République d’Haïti, en ce qui concerne le choix de ses priorités », précisant que les besoins en termes d’urgences, de redressement et de développement à long terme, demeurent immenses et exigent un investissement cohérent dans plusieurs domaines.
À en croire Jovenel Moïse, « des efforts gigantesques et soutenus devraient être déployés dans les domaines prioritaires tels que : les infrastructures routières, agricoles, électriques, numériques, portuaires, aéroportuaires, l’éducation, la couverture sanitaire, les logements sociaux, la mobilisation de l’investissement direct étranger, la reforestation, la protection de l’environnement, la relance de la production agricole, l’accès à l’énergie pour tous, à partir de sources renouvelables, et l’accès au crédit à tous, surtout aux jeunes et aux agriculteurs. »
« J’ai pleinement conscience de la responsabilité qui est mienne de veiller à l’établissement des conditions essentielles pour garantir la sécurité, la stabilité et le développement à long terme d’Haïti », a déclaré Moïse, expliquant que son Gouvernement se heurtait depuis quelques mois à « une crise socio-économique complexe et à une polarisation excessive et violente de la classe politique », et qu’il ne pourra pas y faire face seul. Néanmoins, il ajoute, confiant, en conclusion : « Haïti se relèvera, mais avec un appui durable, cohérent, efficace et bien coordonné de la communauté internationale ».
Emmanuel Saintus