Du lundi 7 au samedi 12 septembre 2020, une folle semaine, marquée notamment par une cascade de manifestations, ponctuées d’incidents violents, a eu lieu dans le pays. D’abord, les policiers syndiqués du SPNH-17 ont tenu, non sans difficulté, une marche pour dénoncer des actes arbitraires dont des policiers sont victimes de la part du haut-commandement de la police nationale et des autorités politiques. La manifestation visait à dénoncer, entre autres, la décision de l’Inspection générale de révoquer le porte-parole du Syndicat de la Police nationale d’Haïti (SPNH-17), Abelson Gros-Nègre, décision jugée illégale et arbitraire. Par leur mouvement, les policiers entendaient exiger aussi la libération du policier Jean Pascal Alexandre, membre fondateur du SPNH-17, écroué depuis le 8 mai dernier, de manière illégale, selon les protestataires qui appellent à l’arrêt des persécutions entreprises contre les policiers, et toutes sortes de manœuvres visant le démantèlement de leur syndicat.
Parallèlement, ce même lundi, des étudiants de la Faculté de Droit de l’Université d’État d’Haïti ont manifesté à Port-au-Prince pour exiger justice en faveur de Monferrier Dorval, ex-bâtonnier de Port-au-Prince, assassiné, le 28 août dernier, dans sa résidence à Pèlerin 5, à Pétion-Ville. Cette marche, qui était partie de la Faculté de Droit, devait aboutir devant la résidence du défunt, à Pèlerin. Cependant, les étudiants, qui étaient rejoints par des enseignants, des écoliers et des membres de la population, n’ont pas pu arriver à destination. La police, qui a tiré du gaz lacrymogène à profusion, a donc dispersé la manifestation en cours de route. Des pierres ont été lancées en direction des policiers qui ont riposté par des tirs nourris à balles réelles. En effet, le jeudi 10 septembre 2020, La Police nationale d’Haïti (PNH) a dispersé, à coups de gaz lacrymogène, un début de mouvement de protestations étudiantes, pour exiger justice pour le professeur Monferrier Dorval, également bâtonnier de l’Ordre des avocates et avocats de Port-au-Prince, assassiné de trois balles, dans la soirée du vendredi 28 août 2020, en sa résidence privée, à Pèlerin 5, dans la même zone où habite le président Jovenel Moïse, dans la commune de Pétion-Ville. Présent, lors de ce mouvement de protestations étudiantes, le coordonnateur de l’Union nationale des normaliennes et normaliens haïtiens (UNNOH), Josué Mérilien, considère les actes de violence policière, exercée sur les étudiantes et étudiants de l’UEH, comme une réaction de panique du régime politique Tèt Kale au pouvoir. «Ils ont engagé des assassins pour tuer des gens, parce qu’ils ont paniqué face à la mobilisation générale du peuple. Le pouvoir a envoyé des policiers, accompagnés de bandits.»
De leur côté, des manifestants ont incendié un pick-up immatriculé Service de l’État. D’autres ont lancé des pierres en direction des locaux de Radio-télévision Caraïbes. Aucun dégât n’a été enregistré. L’avenue John Brown a été également le théâtre d’affrontements entre lycéens et écoliers. Cette situation a paralysé la circulation durant de nombreuses heures.
Ces mouvements de protestation ont continué jusqu’au samedi 12 septembre, avec le mouvement spontané des policiers exigeant la libération des agents de l’UDMO, arrêtés dans le dossier de la surveillance de la maison du bâtonnier. Ceux-ci allaient obtenir satisfaction de cette revendication, ver le milieu de la journée. Toutefois, plusieurs véhicules immatriculés: Service de l’État, ont été calcinés par les protestataires.
Altidor Jean Hervé