À un moment où la pandémie de COVID-19 est en pleine croissance dans le monde, avec de plus en plus de cas de contamination confirmée, il est encore plus urgent de maintenir les efforts de lutte contre les carences en micronutriments en Haïti, à travers la fortification alimentaire. Selon le Ministère de la Santé Publique, 43 nouveaux cas de Covid-19 auraient été confirmés en Haïti en 24 heures, pour un total de 8 301 cas sur l’ensemble du territoire national, depuis le premier cas. 4 nouveaux décès ont été rapportés en 24 h dans le Département de l’Ouest pour un total national de 210 décès.
La pandémie de COVID-19 n’a pas été sans conséquences en Haïti. Le dernier rapport de la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire en Haïti (CNSA) a fait état d’une exacerbation de l’insécurité alimentaire préexistante, avec, notamment, une hausse des prix sur le marché des produits alimentaires de base et une baisse de la disponibilité de certains produits locaux. Parallèlement, si la plupart des institutions de santé faisant de la prise en charge de la malnutrition rapportent le maintien de leurs activités, une diminution de leur fréquentation a été rapportée. Les activités préventives dont la vaccination, la surveillance de la malnutrition, la supplémentation en micronutriments, la pesée etc., au niveau des communautés, sont timidement maintenues dans seulement deux départements. C’est une situation qui serait due, entre autres, à un manque de matériels de protection (masques, gants, etc.) pour les agents de santé communautaire. De plus, il y a une exacerbation de la situation économique, avec une augmentation de la vulnérabilité des familles les plus pauvres.
Il est donc légitime d’anticiper que les efforts de lutte contre la malnutrition sont menacés par la pandémie de COVID-19, alors que les taux de malnutrition étaient déjà à la hausse et que les carences en micronutriments représentent un véritable problème de santé publique en Haïti. D’après l’enquête SMART de 2020, la malnutrition aiguë globale est passée de 4 à 6 % alors que la malnutrition aiguë sévère est passée de 0,8 à 2,1%.
La malnutrition étant un facteur de risque majeur de comorbidité chez les personnes affectées par la COVID-19, il faut maintenir le statut nutritionnel des personnes les plus vulnérables.
En 2017, l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID), a lancé le projet RANFOSE, qui travaille avec le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), le secteur privé et d’autres partenaires, pour appuyer le Programme National de Fortification Alimentaire et garantir que les produits alimentaires enrichis sont largement disponibles dans tout le pays, pour améliorer la santé des familles haïtiennes. Ce projet fait suite à la publication de la loi sur la fortification alimentaire qui rend obligatoire l’enrichissement de la farine de blé au fer, à l’acide folique, au zinc et aux vitamines B1, B2, B3, ainsi que l’ajout de la vitamine A à l’huile de cuisson et l’iode au sel.
Si la fortification alimentaire a été prouvée comme une stratégie sûre, peu coûteuse et effective dans la lutte contre les carences en micronutriments, elle devient encore plus cruciale à l’heure de la pandémie de COVID-19.
Par ailleurs, une campagne d’information et de sensibilisation au coronavirus a été lancée dans les communes de Verrettes, La Chapelle et L’Estère, le 27 août 2020 autour du thème: «Ansanm n ap kwape kowonaviris». Cette initiative émane du projet intitulé : «Les communautés vulnérables du bas Artibonite connaissent et adoptent des mesures pour endiguer le coronavirus». Cette campagne, qui s’étend sur une durée de trois mois, est financée par la fondation Medicor et Caritas Suisse et mise en œuvre par le partenaire local, Caritas Gonaïves. Cette campagne est conduite par une équipe composée d’un médecin, d’infirmières sensibilisatrices ainsi que d’agents de santé communautaires polyvalents (ASCP) formés sur des thématiques relatives au coronavirus avec la contribution de la Direction sanitaire de l’Artibonite (DSA). Elle couvrira les dix sections communales des trois communes susmentionnées, avec une focalisation sur les écoles, les centres de santé et les lieux publics. Les messages véhiculés, tant à travers les boombox, les mégaphones que sur les banderoles ou les T-shirts, sont validés par le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP).
Altidor Jean Hervé