La crise économique haïtienne s’étend de plus en plus dans le pays; la dépréciation de la gourde par rapport au dollar, la diminution du pouvoir d’achat de la population et l’insécurité alimentaire rendent la situation insoutenable. Ajouter à ces facteurs, il y a les gros bras du secteur privé qui s’accaparent de tous les moyens, comme ils le peuvent, dont certaines banques commerciales qui ne respectent aucune règle. Face à cet état de fait, la BRH a infligé une lourde sanction à deux banques du pays, afin de les rappeler à l’ordre.
En effet, lors d’une conférence de presse, le mercredi 26 août 2020, à la BRH, à Port-au-Prince, le Gouverneur de la banque centrale, Jean Baden Dubois, a fait savoir que la détermination du taux de change n’est pas en adéquation aux fondamentaux macroéconomiques, ainsi il a évoqué plusieurs raisons pour expliquer cette situation. Néanmoins, pour pallier cette situation, la BRH compte étendre son intervention à hauteur de 150 millions de dollars sur le marché. À date, pas moins de 47 millions de dollars américains ont déjà été injectés sur le marché, a informé M. Dubois.
Deux (2) banques du système bancaire haïtien sont frappées de sanction de la part de la banque centrale. Il s’agit de la Unibank et Capital banque. Selon les précisions du numéro un de la Banque centrale, la Unibank écope d’une pénalité de 865,4 millions de gourdes et la Capital banque, elle, de 4 millions. Toutefois, Jean Baden Dubois, lors de cette annonce, n’a pas précisé le pourquoi de ces sanctions, affirmant tout simplement que ces banques ont été sanctionnées, suite à des visites d’inspection réalisées par la BRH, afin de s’assurer de la mise en application des régulations de la BRH.
Suite à cette pénalité de 864 millions de gourdes infligée par la BRH à la Unibank, les responsables n’ont pas tardé à réagir. Dans une note portant la signature du président du Conseil d’administration, Carl Braun, elle explique que la Unibank a été surprise par cette décision. Plus loin, l’institution bancaire rassure ses clients en précisant que cette pénalité qui représente 7,09% de ses fonds, n’affecte pas ses opérations courantes ni ses ratios réglementaires qui restent largement adéquats, a précisé le Conseil d’administration de la Unibank.
«Lorsqu’on se réfère à tous les paramètres, les différents ratios par rapport au capital et aux fonds propres, les banques commerciales sont en bonne santé. Elles se portent mieux par rapport aux autres entreprises, malgré que les profits ne soient pas aussi importants que ceux réalisés auparavant. Les banques commerciales arrivent quand même à engranger des bénéfices», a déclaré Jean Baden Dubois.
Par ailleurs un nouveau décret vient de placer les institutions financières, appelées microcrédits, accordant des crédits à des petits commerçants et petites entreprises, sous le contrôle de la banque centrale, comme autorité régulatrice. C’est une nouvelle disposition, saluée par le numéro un du conseil d’administration de la Banque de la République d’Haïti (BRH). Jean Baden Dubois a fait savoir qu’il s’agit d’un décret fondamental pour la microfinance et l’inclusion financière, car les microcrédits, aussi important qu’ils soient, échappaient à la régulation de la BRH. «Les microcrédits ont besoin de ressources pour faire leur travail. Ils sont vraiment proches des petits commerçants et entrepreneurs. À travers eux, la BRH va pouvoir toucher une grande majorité de gens au bas de l’échelle du système de crédit. Et, inversement, les microcrédits auront accès aux programmes de la BRH», a expliqué le gouverneur, l’air satisfait.
L’ensemble de ces mesures interviennent à un moment où l’économie haïtienne subit la loi du puissant secteur privé et où la gourde se déprécie, à un point tel qu’une crise monétaire devient imminente. Espérons que par ces avancées, l’économie haïtienne pourra reprendre son souffle.
Altidor Jean Hervé