La manipulation du peuple haïtien par les dirigeants politiques peut-elle fragiliser notre intention de démocratie?
À l’horizon d’un avenir bafoué et avide de projets, il est clair que notre conscience historique nous interpelle, afin de franchir la barre. Alors, Haïti, en 1803, comme un ancien pays colonisé par les conquistadores, les Français y compris les États-Unis, un siècle plus tard, avait brisé les chaînes de l’esclavage, tout en s’imposant comme une puissance aux yeux des colonisateurs. Ce jeune pays-là, aujourd’hui se trouve très vite dans l’embarras de toutes les prières. En effet, partout dans la société, la violence s’est accentuée, les produits de première nécessité sont devenus un luxe, pas d’eau portable, pas d’électricité, tous les établissements scolaires et les universités sont fermées et ainsi que les centres de formation professionnelles privée. Autrement dit, nous voici donc au pays de l’informel réel.
À la une de toutes celles qui tissent la trame de notre histoire, le 27 mars 1883 a été la date initiatrice d’un mouvement insurrectionnel, ayant à sa tête Boyer Bazelais qui débarqua en armes à Miragoâne. Tout de suite, il a été suivi à cheval, au pas de course, par d’autres villes comme: Jérémie, Côte-de-Fer, Bainet, Jacmel. Cette lutte meurtrière entre le parti libéral, qui avait pour chef Boyer Bazelais, et le parti national qui regroupait les équipes du général Salomon, a causé au pays de grave déficit, tant sur le plan matériel, économique, politique et moral. D’autre part, beaucoup de nos frères et sœurs sont tombés au cours de la bataille, les édifices publics, rasés et des maisons où se logeaient des grands commerces ont été incendiées. Même après un siècle, le pays reste encore marqué par cette lutte fratricide.
Pour faire place à un autre moment difficile de cette ampleur, il nous faut attendre jusqu’à 1957 qui a vu l’avènement de la cohorte des Duvalier qui prit le contrôle de notre chère Haïti. Au-delà de tous les mauvais traitements que ce régime a infligés au pays pendant ses vingt-huit ans de règne sans partage, le revers de 1986 qu’il a subi avait jeté une once d’espoir de changement pour le pays
Maintenant, pour franchir sur une nouvelle étape dite démocratique, c’est l’équipe de la Juge, Madame Ertha Pascal Trouillot, qui nous a conduit sur la route d’une « Démocratie » avec l’arrivée de Jean Bertrand Aristide comme chef d’État. Mais ce rêve, sera-t-il jamais concrétisé ? Comme on a pu le constater, l’oligarchie nationale, en complicité avec celle de la communauté internationale ne lui permettra pas de réussir son mandat et persécutera son pouvoir régulièrement, en utilisant des groupes armés contre lui. Il dut alors se résigner à prendre la route de l’exil.
Pour gagner la faveur des oligarchies, de la même manière qu’Alexandre Pétion, le président Préval se comporta en bon cynique et mit en œuvre une politique «ki mele m». En un mot, il livrait en toute quiétude bon nombre d’institutions étatiques au secteur privé et laissait contrôler l’économie par la bourgeoisie commerçante qui ne croyait pas, à notre avis, au changement que le peuple haïtien attendait. En revanche, lorsqu’il allait passer, pour une deuxième fois, à la tête du pays, il ridiculisait sans cesse le peuple en disant: «fwa sa a, se pou pèp la». Quelle médiocrité face à la grandeur d’âme de cette nation!
De fait, après l’élection de 2009, nous assistions en 2010 à un nouvel élu au pouvoir qui s’appelait Joseph Michel Martelly, un ancien macoute, un chanteur de carnaval, fondateur du régime «tèt kale» qui a dilapidé 4,3 milliards de dollars, avec son équipe qui est actuellement toujours au pouvoir, avec pour président, Jovenel Moïse, avec la complicité de nos élites cyniques du pays. Ce régime politique criminel continue à justifier ses actes par le mensonge 24/24 et accroît lui-même la spirale de la violence. Ce système politique-là, avait-il un plan pour sortir le pays du bourbier? Les dirigeants de tous les secteurs de la vie nationale en sont-ils vraiment conscients?
Moi
Je lave mes pieds
Je lave mes mains aux vents farouches
Que mon innocence veut enchanter «tout boulin»
L’aventure: c’est ma plume….
Écrivain, Poète Valbrun Frantzley
Journaliste
Imail: [email protected]