Le «task force» composé de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), l’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF) et l’Inspection Générale des Finances (IGF) a rencontré la presse, le mardi 23 juin, à la Primature. Cette structure, qui a été annoncée par le président Jovenel Moïse, a pour but de faire la lumière sur les appels d’offres passés entre l’État haïtien et les compagnies pétrolières au cours de ces dix dernières années. Le ministre de l’Économie et des Finances, Patrick Boisvert, a souligné que l’État a perdu plus de 113,5 milliards de gourdes, soit environ 1,7 milliard de dollars, sur la vente des produits pétroliers.
Le directeur de l’Unité de Lutte Contre la Corruption, Rockfeller Vincent, a fait savoir que l’institution qu’il dirige est déjà mobilisée dans son combat contre la corruption. Selon M. Vincent, il faut déceler les actes de corruption et poursuivre leurs auteurs. «Dans ces contrats allant de mars 2010 à mai 2020, l’ULCC aura à découvrir, et découvrira à partir de son enquête, les actes de corruption, notamment les actes de surfacturation, de pots-de-vin, et toute autre infraction. 7 enquêteurs spécialisés sont déjà mobilisés. L’ULCC, par mon organe, demande à tous les citoyens disposant d’informations utiles, à appeler le 5656 pour que des plaintes, des dénonciations écrites ou verbales soient déposées», a-t-il appelé.
Pour sa part, Michelin Justable, directeur de l’Unité de Contrôle et de Renseignements Financiers (UCREF), a souligné le volet qui préoccupe son institution, dans le cadre de cette enquête. «Notre mission consiste à lutter contre le blanchiment des avoirs. Nous sommes chargés d’assainir le système financier. Après la déclaration du président de la République, nous allons vérifier toutes les transactions effectuées par l’État, dans l’achat des produits pétroliers, au cours des 10 dernières années. Nous allons également identifier toutes les institutions qui ont eu la mission d’importer ces produits dans le pays, au cours de cette période. Nous allons, à travers les documents financiers, approfondir nos enquêtes au sein des banques commerciales, maisons de transfert, coopératives… À partir de ces analyses, nous allons retracer la provenance et la destination des fonds dépensés. Nous allons vérifier, s’il y a eu blanchiment des avoirs dans ce dossier», a-t-il promis, ajoutant que son rapport sera transféré à la justice pour les suites légales.
Les membres de la commission ont déclaré qu’ils sont déjà à pied d’œuvre, soulignant que la population a un rôle important à jouer, dans le cadre de cette enquête, pour faire la lumière à la fois sur les pertes enregistrées et les personnalités qui en ont bénéficié.
Au cours des 10 dernières années, l’État haïtien a concédé des pertes d’environ 113,5 milliards de gourdes, soit environ 1,7 milliard de dollars sur les produits pétroliers vendus dans le pays, selon ce qu’ont indiqué le président Jovenel Moïse et le ministre des finances, Michel Patrick Boisvert, lors d’une conférence de presse au Palais National. Le président Moïse annonce que l’État va reprendre le contrôle de la situation. Les pertes, pour les deux dernières années, s’élèvent à plus de 24,7 milliards de gourdes, affirme le ministre Michel Patrick Boisvert qui fait état d’une perte de taxe évaluée à plus de 83 milliards de gourdes et le reste en subvention, sur la décennie considérée. Pour compenser cette perte, l’État doit régulièrement recourir au financement de la Banque Centrale, afin de rendre disponible le carburant sur le marché, ce qui, reconnaît le ministre Boisvert, a eu des effets néfastes sur le taux de change.
Emmanuel Saintus