Lors du Carnaval de Jacmel, le Président Moïse a accusé les leaders de l’opposition d’être à l’origine de l’augmentation des cas d’enlèvement. « ne stratégie visant à exaspérer la population contre le Gouvernement, a dit Jovenel Moïse. n effet, plusieurs personnes ont marché, le vendredi 14 février 2020, dans les rues de Port-au-Prince, pour dénoncer le phénomène d’insécurité, de kidnapping, qui fait rage dans la capitale. L’initiative de la société civile dont le Collectif 4 Décembre, plusieurs personnes ont foulé le macadam pour crier contre l’insécurité. Les protestataires ont été très hostiles aux autorités en place. Ces derniers jours, on enregistre plusieurs cas de kidnapping, notamment dans la capitale. «Nous n’acceptons pas le kidnapping. Nous voulons vivre dans notre pays. Nous ne laisserons pas le pays pour les ravisseurs», ont scandé les participants sur le parcours. «Je garde mon enfant à la maison à cause de la remontée du kidnapping. On n’en peut plus. Le carnaval n’est pas nécessaire en ce moment. L’équipe au pouvoir ne dirige rien», a relaté une dame en colère. «Il faut que la peur change de camp. On vient dire à bas au kidnapping. La peur habite tout le monde. Chacun se méfie de l’autre. La population ne peut pas vivre dans cette situation. On a peur de sortir. L’État nous doit la sécurité. Que les dirigeants prennent leur responsabilité», a lâché Jean-Robert Argant, l’un des initiateurs du mouvement. Le pouvoir en place a été accusé d’être l’un des cerveaux de ce phénomène pour casser la mobilisation. Ces enlèvements, à la fois dans la capitale et ses environs, ne sont pas passés inaperçus, les parties concernées se posant désormais de réelles questions sur l’opportunité de la poursuite de ces enlèvements. Les doutes s’emparent déjà de la population dont certains sont restés cloîtrés chez eux. En effet, les cinq jeunes kidnappés à Delmas 33, ont été libérés dans la nuit du mardi 11 février 2020. Ces jeunes revenaient de l’église, lorsqu’ils avaient été kidnappés par des ravisseurs, le dimanche 9 février et conduit au Village de Dieu (Bicentenaire). Un jeune garçon de 28 ans, répondant au nom de Rubens, qui avait apporté une première rançon aux ravisseurs, a été exécuté d’une balle à la tête.
En outre, dans le cadre de la mise en œuvre d’un nouveau plan de sécurité, la Police Nationale d’Haïti (PNH) a procédé à deux changements stratégiques. L’Inspecteur Général, Joany Canéus, a été remplacé par le Commissaire Divisionnaire Frédéric Leconte (ex-Directeur des Renseignements Judiciaires) et Canéus a été transféré à l’Inspection Générale de la PNH, sous les ordres du Directeur Général a.i., Rameau Normil. La Direction de la Police Judiciaire est l’institution en charge de la lutte contre le kidnapping, par le biais de l’unité spécialisée de la cellule contre enlèvement. Au cours des dernières semaines, les statistiques ont fait état d’une forte hausse des cas d’enlèvement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. La peur s’installe dans les esprits, puisque les enlèvements ne correspondent à aucun mode opératoire spécifique. Des individus ont été enlevés alors qu’ils ne disposent pas de ressources financières importantes. La hausse des cas d’enlèvement est notée, principalement dans la commune de Delmas. Le chef de la Police a nommé un nouveau responsable de ce commissariat. Jean Gospel Monélus est le nouveau commissaire. Il a remplacé Ketter Marcelin. Monélus est connu dans la région métropolitaine. Avant son transfert à l’Arcahaie, il était responsable du commissariat de Pétion-Ville.
De plus, l’Inspection générale de la Police a réitéré son opposition à la création d’un syndicat au sein de la Police Nationale. «Nous sommes là pour appliquer les conventions internationales et la législation haïtienne», a fait savoir l’inspecteur général en chef, Hervé Julien. Il a expliqué que les documents internationaux ont été signés par les gouvernements et ratifiés par les autorités législatives. L’inspecteur général a mis l’accent sur la nécessité pour que les lois haïtiennes soient conformes aux conventions internationales. Rappelant que la Constitution reconnaît le droit à la liberté syndicale, M. Julien a fait état également des contraintes pour le fonctionnement d’un syndicat, en raison des conventions sur la liberté syndicale. De plus, les règlements de la Police n’autorisent pas la formation d’un syndicat. L’inspection générale a fait part d’une enquête, en vue d’identifier et de sanctionner les policiers qui avaient créé un climat de tension devant le local de cette unité.
Par ailleurs, Evans Paul a jugé extrêmement grave, l’intervention d’agents de police, le vendredi 7 février, pour extraire l’une des leurs qui était interrogée à l’Inspection Générale de la Police. Une telle insubordination menace les fondements même de la PNH, si elle n’est pas traitée par la direction générale dans les plus brefs délais.
De son côté, le directeur de l’administration pénitentiaire, le commissaire divisionnaire, Charles Nazaire Noël, a apporté un démenti autour des rumeurs faisant état des conditions dégradantes pour les prisonniers. Il a nié que les détenus n’aient pas accès aux douches et toilettes, assurant que l’eau est disponible. Il a fait savoir que les prisonniers reçoivent au moins un repas par jour. En dépit du retard dans l’appel d’offre pour la fourniture de ration alimentaire, l’administration pénitentiaire bénéficie de l’aide de Food for the Poor, dans ce domaine. 11 063 détenus se trouvent dans les 18 prisons civiles sur le territoire National. 75% des prisonniers sont en détention préventive.
Emmanuel Saintus