Le commissaire du gouvernement près du tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Paul Eronce Villard, a émis, le mercredi 7 août 2019, un mandat d’arrêt à l’encontre des présumés kidnappeurs: Woodly Éthéart alias Sonson La Familia, Renel Nelfort alias Renel Le Récif. Le parquetier a ainsi décidé d’agir, environ trois semaines après l’arrêt-ordonnance rendu par la Cour d’appel de cette juridiction, relative à cette affaire, et plus d’un an après l’arrêt de la Cour de Cassation, cassant le jugement du très controversé juge Lamarre Bélizaire qui avait libéré les deux hommes au cours d’un procès qualifié d’expéditif par le secteur des droits humains, en avril 2015. Le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Paul Éronce Villard, dans sa lettre datant du 7 août 2019, instruit le patron de la police judiciaire, Joany Canéus, de passer des instructions formelles pour que soient recherchés et conduits au parquet les nommés Woodly Ethéart, alias Sonson la Familia, Renel Nelfort, alias Renel le Récif, «pour des présomptions graves d’enlèvement et séquestration contre rançon, trafic illicite de stupéfiant, blanchiment des avoirs, association de malfaiteurs et détention illégale d’armes à feu, conformément à l’arrêt-ordonnance rendu par la Cour d’appel de Port-au-Prince». La demande du parquet de Port-au-Prince, d’appréhender et d’incarcérer ces inculpés, intervient plus d’un an après que la Cour de cassation a cassé le jugement du tribunal criminel sans assistance de jury, présidé par le controversé juge Lamarre Bélizaire, renvoyé de la magistrature pour mauvais comportement et abandon de poste. La décision de la Cour de cassation se lit comme suit.
«Par ces motifs, la Cour, le ministère public entendu:
- annule le jugement du tribunal criminel sans assistance de jury en date du 17 avril 2015, rendu en faveur de Woodly Ethéart, alias Sonson La Familia, et Renel Nelfort, alias Le Récif, accusés des faits d’enlèvement, de séquestration, de blanchiment des avoirs, de trafic illicite de la drogue, d’assassinat et d’association de malfaiteurs ;
- ordonne que cette affaire soit entendue devant le même tribunal avec une autre composition, après l’épuisement des voies de recours exercées par les appelants ;
- dit que les inculpés resteront en état où ils se trouvaient avant ledit jugement».
Sonson La Familia et Renel Le Récif qui circulaient à travers tout le pays, en toute quiétude, sont désormais dans le viseur de la justice. Ils ne pourront plus circuler comme autrefois, à la suite de cette décision du chef du parquet de Port-au-Prince d’ordonner aux agents de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) d’appréhender ces présumés criminels et de les emmener en prison. Les deux hommes étaient jugés pour des faits d’enlèvement et de séquestration, de blanchiment des avoirs, de trafic illicite de drogue, d’assassinat et d’association de malfaiteurs. Ils avaient été blanchis par le juge Lamarre Bélizaire qui a avancé des motifs d’insuffisance de preuves et de charges.
Altidor Jean Hervé