Carl Murat Cantave, le Président du Sénat de la République, lors d’un point de presse le mardi 12 mars, a fait savoir que la tenue des élections législatives et municipales, prévues en octobre prochain en Haïti, reste toujours une question virtuelle. La crise socio-économique et politique, l’insécurité, le budget, la loi électorale et la loi organique du CEP, sont les paramètres avancés par le Sénateur Carl Murat Cantave pour étayer sa position. «Parler d’élections en octobre 2019, c’est se référer à quelque chose de fictif», a martelé l’élu de l’Artibonite qui est clair là-dessus. Pour Carl Murat Cantave, le pays a besoin d’au moins une année pour préparer une bonne élection. C’est une préoccupation exprimée, en raison d’un ensemble de paramètres qui, jusqu’ici, n’ont pas encore été pris en compte. Ces éléments, à en croire le Président du Grand Corps, concernent la situation socio-économique difficile du pays, l’insécurité qui fait rage dans les quartiers réputés dangereux, l’épineuse question du dialogue, le budget des élections et, enfin, l’absence du cadre légal. «Tous ces problèmes doivent être adressés à travers le dialogue», a dit l’élu de l’Artibonite. Il a exhorté, en ce sens, les acteurs politiques, les membres de la société civile et les autres secteurs du pays, à faire preuve de dépassement. «Si ce dialogue ne se tient pas», Carl Murat Cantave a dit craindre un vide institutionnel en Haïti, ce qui peut provoquer un véritable chaos politique. «Des députés en fin de mandat, un Sénat amputé d’un tiers, des municipalités sans autorités, un Chef de l’État qui sera dans l’obligation de diriger par décret» tels sont les problèmes que Carl Murat Cantave dit vouloir éviter au pays. Ces inquiétudes, exprimées par le Président du Sénat de la République, interviennent 24 heures après que le Premier ministre a confirmé la tenue de ces joutes, en octobre prochain. Le gouvernement Céant, relèvera-t-il ce défi dans ce contexte précis ? «Si Jean-Henry Céant se sent capable de réaliser ces élections, qu’il le fasse ! Ce serait bien pour le pays», répond ironiquement Carl Murat Cantave. «Les élections législatives auront lieu le dernier dimanche du mois d’octobre 2019». C’est, en tout cas, ce qu’a déclaré le Premier ministre Jean-Henry Céant, lors d’une visite effectuée, le lundi 11 mars 2019, au Conseil électoral provisoire. Cette deuxième rencontre en moins d’un mois du PM à l’organisme électoral, s’inscrit dans le cadre de sa série de visites dans plusieurs institutions publiques, dans l’objectif d’aplanir la situation du pays et dans la perspective de la préparation des joutes électorales. Le chef de gouvernement s’est enquis des dettes de location, engagées par l’institution. Il a notamment évoqué des difficultés auxquelles fait face l’institution, comme les problèmes liés à la location des bâtiments pour héberger les bureaux électoraux communaux (BEC) et bureaux électoraux départementaux (BED) dont le paiement a été bloqué, en raison du fait que leurs propriétaires n’étaient pas en règle avec le fisc. À environ 8 mois de l’échéance, l’incertitude continue de planer sur l’organisation de ce scrutin qui devrait coûter à l’État haïtien, entre 50 à 75 millions de dollars américains.
Emmanuel Saintus