Le plus bas prix auquel on puisse trouver le riz importé, dans la région métropolitaine, est de 40 gourdes par petite marmite, contrairement à ce qu’a fait croire le Premier ministre Jean-Henry Céant. Selon lui, le riz importé est passé de 50 gourdes à 35 gourdes, grâce aux mesures prises pour améliorer les conditions de vie de la population. Ce n’est qu’un commencement, a-t-il lâché, lors de sa visite au ministère du Tourisme. « Allez dans les marchés et voyez par vous-mêmes ! Nous y avons été, et les prix ont incontestablement baissé ! De 50 gourdes, le prix du riz est passé à 35, et cela va continuer », s’est félicité le Premier ministre. M. Céant a d’autre part tenu à expliquer que le ministère du Commerce, via ses brigades, s’est rendu dans les centres et ont relevé qu’une baisse de 15 gourdes a été réellement appliquée sur le riz importé, tout en reconnaissant que les commerçants qui ont acheté à prix fort, auront du mal avec ce tarif de 35 gourdes, en prenant en témoin son entretien avec le propriétaire de marché Ti Tony, Anthony Bennett, pour certifier ses dires. « Le prix du riz a bel et bien baissé ! », a souligné le PM, visiblement très satisfait de lui. Néanmoins, dans les marchés du centre-ville et de Pétion-Ville, on ne peut constater qu’une diminution entre de 5 à 10 gourdes pour les riz les plus consommés par la population, Tchako, Méga et Bongù. Ces types de riz se vendent à 40 gourdes, couramment, et à 45 gourdes chez certains revendeurs. Il y a même des endroits où le prix n’a subi aucun changement et où le riz continue de se vendre à 50 gourdes. Si toutefois on peut remarquer une miette diminution du prix du riz importé, ce n’est cependant pas le cas du riz local et des autres produits de première nécessité. Les riz TCS se vend à 300 gourdes, tandis que les riz Lacrète, Shelda et Sheyla se vendent respectivement à 325 gourdes, 375 gourdes, 400 gourdes, le blé et le maïs moulu, quant à eux, se vendent à 250 gourdes, le petit-mil 350 gourdes, le pois congo 300 gourdes, le sucre 40 gourdes, le gallon d’huile Crisol 500 gourdes, la caisse de lait Alaska 1 150 gourdes. Jean-Henry Céant a promis que, dans les prochains jours, on va s’attaquer à ces produits. On va devoir faire une très grande attaque, vu ces prix pharamineux. Il a d’ailleurs fait remarquer que la stabilité du dollar, enregistrée ces derniers temps, est déjà un plus. À ce constat s’ajoute le doute. De nombreux spécialistes appréhende une aggravation de l’insécurité alimentaire cette année, à cause de la sécheresse à laquelle le pays fait face. Dans son rapport pour l’année 2018, le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires de l’ONU (OCHA) fait état de l’aggravation de la crise humanitaire en Haïti. Les agences humanitaires sont impliquées dans les divers secteurs des activités humanitaires dont l’insécurité alimentaire, la lutte contre l’épidémie de choléra et le rapatriement des migrants. Selon l’OCHA, l’année 2018 en Haïti a été marquée par un contexte économique, politique et social, particulièrement instable et fragile. La sécheresse, qui a affecté les campagnes agricoles de printemps et d’été dans plusieurs départements du pays en 2018, la hausse des prix des denrées de base, l’inflation et la dépréciation de la gourde, ont sévèrement affecté les capacités de résilience des ménages. Selon l’analyse de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) réalisée en décembre 2018, 2,3 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire grave, entre octobre 2018 et février 2019.
Altidor Jean Hervé