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Le Carnaval national, officiellement annulé mais pas interdit

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Le ministre de la Culture, Jean Michel Lapin, a confirmé la nouvelle qui était annoncée depuis plusieurs jours : pas de carnaval cette année.  Le ministre avait assuré qu’il était trop tard pour lancer l’organisation d’un événement de cette envergure.  Le ministre Lapin a pris le soin de préciser qu’on est confronté à l’impossibilité de réaliser les festivités carnavalesques du 3 au 5 mars 2019.  Techniquement, il n’est pas possible de réaliser le carnaval national aux Gonaïves, a expliqué le ministre Lapin.  Il explique que le gouvernement n’interdit pas la réalisation des festivités dans les communes.  Personne ne peut interdire le Carnaval ni les festivités de Rara, a fait valoir le ministre.  Les autorités haïtiennes seraient disposées à fournir une assistance financière aux municipalités qui veulent organiser cette fête populaire.  Le ministre de la Culture indique que les 50 millions de gourdes du budget peuvent être alloués aux mairies intéressées.  L’annulation des festivités carnavalesques, décidée par plusieurs mairies de la région métropolitaine de Port-au-Prince avant le gouvernement, a été motivée par le climat sécuritaire délétère après les violentes manifestations ainsi que les pillages et incendies de maisons de commerce.  L’annulation avait été décidée en accord avec les autorités sécuritaires. Plusieurs artistes dont Roberto Martino avaient publiquement appelé à l’annulation des festivités.  Pour leur part, certains artistes voient de mauvais œil cette annulation du carnaval.  À cet effet, le jeudi 28 février 2019, a eu lieu, au local du Terrace Garden, une conférence de presse donnée par un groupe d’artistes, dans le but d’exprimer leur opinion, à la suite de la décision du gouvernement, annulant le carnaval national.  Les artistes présents défendent la tenue du carnaval qui, selon eux, est une tradition qui ne date pas d’hier.  Pour présenter cette conférence, étaient présents à la table, des artistes comme Lòlò et Manzè du groupe Boukman Eksperyans, T-pay du groupe musical Rèv, Fredo de Kanpèch, et d’autres artistes de la tendance « konpa ».  Tous réunis pour une même cause, en se cramponnant à leur idée phare : Le carnaval doit avoir lieu.  Ces artistes avouent être conscients des difficultés que connaît le pays, ces derniers temps, mais jugent bon que ces incidents ne doivent pas empiéter sur l’organisation du carnaval. Le secteur culturel ne doit pas en pâtir.  « Kanaval la se yon tradisyon, e nou pa p dakò okenn bagay eksteryè vin deranje l », épilogue Lòlò, ce vieux de la vieille qui défend pour sa part l’aspect thérapeutique du carnaval.  Les carnavaliers prennent part aux festivités du carnaval pour se défaire des soucis de toute sorte.  « Dimanch, kèlkeswa kote yo voye nou an, nou nan lari », ajoute-t-il.  De son côté, le musicien de Djakout #1, Rolls Lainé, dit Roro, croit, au contraire, que l’État devrait tenir cet événement culturel. L’État haïtien a attendu cinq jours avant  d’informer de l’annulation du carnaval national. En réalité, plusieurs formations musicales, même avec un état d’esprit nageant dans l’incertitude, sont parvenues, tant bien que mal, à sortir leurs meringues.  Pour Roro, en dépit de la gravité de la crise, cette grande manifestation culturelle enracinée dans le patrimoine culturel haïtien peut se tenir.  Le batteur reste persuadé que les instigateurs des mouvements de rue allaient, malgré tout, observer une trêve.  En effet, Roro semble ne pas digérer qu’un certain « secteur » prenne le contrepied de la position d’un groupe de musiciens, s’exprimant en faveur de l’organisation du carnaval.  Ledit secteur, avance Roro, a le droit de tenir des manifestations.  « Mais j’ai aussi le droit de travailler.  C’est de ce secteur que je vis…», ajoute-t-il, pour qui les festivités carnavalesques constituent un espace important pour les formations musicales.  Malgré l’annulation du carnaval, certaines communes ont pu organiser leur cérémonie carnavalesque, comme la commune de Carrefour, Cap-Haïtien et la ville des Cayes qui a ses propres trois jours gras cette année, même si le gouvernement a été contraint de renoncer à l’organisation du carnaval national aux Gonaïves.  Par ailleurs, le dimanche 3 mars 2019, dans la ville des Cayes, le char musical de l’ex-président d’Haïti et chanteur du groupe Sweet Micky a essuyé des jets de pierres, lors des festivités carnavalesques.  Aucune victime ni arrestation n’a été rapportée.

Emmanuel Saintus

 

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