La condition des finances de l’État haïtien est catastrophique, dixit le ministre des Finances, Ronald Décembre. Il dit que le déficit budgétaire pour l’exercice fiscal 2017-2018 est supérieur à 20 milliards de gourdes. Le déficit devrait s’aggraver en raison de la dépréciation continue de la gourde par rapport au dollar américain et de l’incapacité du gouvernement d’accéder aux prévisions de recettes consignées dans le budget, a fait remarquer le grand argentier de la République. Intervenant lors d’une audition de la commission Finance de la Chambre basse, le jeudi 25 octobre 2018, M. Décembre a admis que le gouvernement sollicite, en des conjonctures pareilles, un financement de la Banque de la République d’Haïti (BRH). Le ministre Décembre à fait valoir que les marges de manœuvres sont étroites. Il indique que le gouvernement pourrait envisager de mobiliser des ressources supplémentaires à travers les agences de perception. Toutefois, il admet que ces organismes, notamment la Direction Générale des Impôts et l’Administration Générale des douanes, ont déjà atteint un très haut niveau de rendement. L’autre option pour réduire le déficit budgétaire est la réduction des dépenses. C’est l’une des méthodes recommandées par plusieurs acteurs de la société civile. Le ministre de Finances est d’avis que les autorités oeuvrent afin de collecter des taxes de la part des citoyens qui ne sont pas des contribuables. Il estime qu’un grand nombre de citoyens ne paient pas leurs impôts et taxes. Au cours des dernières semaines, des spécialistes avaient alerté sur la forte hausse du déficit budgétaire. Ils appellent à des mesures d’austérité, en vue de maîtriser le déficit. Par ailleurs, les autorités monétaires haïtiennes ont publié les statistiques officielles, en ce qui concerne la dette externe d’Haïti. Selon ces données, le Venezuela demeure le principal créancier de l’État haïtien. La dette envers le Venezuela est supérieure à 1,8 milliards soit 1 852 000 000). Il s’agit de la dette contractée dans le cadre de l’accord PetroCaribe. Ces statistiques sont contraires aux estimations des commissions sénatoriales sur le dossier PetroCaribe. Les législateurs avaient estimé que le total des fonds dilapidés avoisinerait les 3,8 milliards de dollars américains. Toutefois, certains anciens Premier Ministre avaient fait valoir que les montants annoncés par les commissions sénatoriales ne reflétaient pas la réalité des finances haïtiennes. Un ex-chef de gouvernement avait expliqué que le montant annoncé était supérieur à la totalité de la dette haïtienne. Selon les statistiques de la BRH, la dette totale (interne et externe) est supérieure à 3,1 milliards de dollars. Les montants considérés comme dilapidés sont deux fois supérieurs à la dette d’Haïti, dans le cadre de PetroCaribe. Plusieurs instances judiciaires et des institutions dont la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) enquêtent sur la dilapidation des fonds de PetroCaribe. Dans le même temps, le gouvernement a lancé des investigations à plusieurs niveaux, en vue de faire la lumière sur l’utilisation des fonds accordés dans le cadre de l’accord PetroCaribe. Rappelons que l’édition 2019 du rapport emblématique « Doing Business », établi par la Banque Mondiale pour évaluer la qualité de l’environnement des affaires, est rendue publique le mercredi 31 octobre 2018. Après avoir connu une certaine stagnation l’an dernier, Haïti recule d’une place pour se classer à la 182e position. Ce recul coïncide malgré tout avec une légère amélioration de l’environnement des affaires dans le pays, puisque l’indice global est passé de 38,41 à 38,52 dans le nouveau classement, soit une variation positive de 0,11.
Emmanuel Saintus