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Les difficultés du budget national, comparées à celles de la République voisine

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Au cours de l’exercice fiscal 2017-2018, le pays a connu un déficit budgétaire record.  Au 13 septembre de cette année, ce dernier était estimé à 20 milliards de gourdes. Cet état de fait s’explique par des facteurs internes et externes.  Il y a une nette différence entre les prévisions de recettes et ce qui a été réellement collecté. Il y a lieu ainsi de parler, en fin d’exercice, d’un déficit record, dans la mesure où c’est pour la première fois dans toute l’histoire de ce pays qu’il atteint un chiffre aussi élevé.  Les consignes du Fonds Monétaire International n’ont pas pu être mises en application. Annoncés difficiles à réaliser, les recettes extraordinaires et des revenus provenant d’emprunts domestiques et surtout de la diaspora n’ont finalement pas été collectés. C’était prévisible, certains économistes l’avaient même prédit.  Au début de l’année fiscale, Pierre Marie Boisson a fait savoir que cette loi de finances était caractérisée par un déséquilibre latent entre les recettes et les dépenses de l’État. La grande part du budget proviendrait des recettes domestiques. Ainsi, le gouvernement avait tablé sur des recettes internes, incorporant une augmentation du prix à la pompe des produits pétroliers qui allait générer 11 milliards de gourdes additionnelles, par rapport au précédent exercice.  Vu les contraintes socioéconomiques, les prévisions étaient faussées d’avance. Cependant, plusieurs tentatives ont été effectuées afin de revoir à la hausse les prix des produits pétroliers à la pompe, mais sans y parvenir. L’accord signé avec le Fonds Monétaire International (FMI) a été ajourné sous le poids des mouvements populaires. En effet, l’idée de collecter 11 milliards de gourdes additionnels n’était plus envisageable. Ce qui a occasionné un trou difficile à combler dans le budget.  Aussi, avance l’économiste, la dépréciation de la gourde et la hausse des prix des produits pétroliers sur le marché international allaient empirer la situation. En fait, avec les sanctions contre le Venezuela et l’Iran, adoptées par les États-Unis d’Amérique, et les relations froides avec la Russie, la production du pétrole ne cesse de chuter. Depuis, c’est 1,5 million de barils qui ne sont plus sur le marché mondial, ce qui a occasionné une hausse des prix sur le marché international. Le baril est alors passé de moins de 60 dollars au cours de l’exercice 2016-2017 pour atteindre plus de 70 dollars aujourd’hui.  

Dans une telle conjoncture, la situation de manque à gagner pour l’État, à ce niveau, est vite transformée en une subvention réelle.  Et, tenant compte que le coût des produits ne cesse de grimper pendant qu’on assiste de manière impuissante à la décote accélérée de la monnaie locale, il y a lieu de craindre le pire.  Les interventions de la Banque de la République d’Haïti (BRH) ne font que retarder l’échéance.

Des recettes extraordinaires provenant des emprunts internationaux et des fonds spéciaux de la diaspora étaient estimées à 13 milliards de gourdes et n’ont pas pu être non plus collectées.  Si l’on additionne ces chiffres avec ceux qui proviendraient du pétrole, l’on comprend bien que le déficit de 20 milliards n’étonne personne, et c’est le cas pour Pierre Marie Boisson. L’autre facteur avancé par l’économiste est que les dépenses de l’État n’ont pas été revues à la baisse. Le paiement des arriérés de salaires, les dépenses d’investissement au niveau de la Caravane du changement sont des éléments à prendre également en compte. Surtout qu’une partie de ces fonds alloués à la réalisation des infrastructures importantes s’en va dans la consommation, sous forme de per diem.

En comparaison, le budget national de la République dominicaine qui est passé à 18 milliards de dollars cette année est 9 fois plus que celui d’Haïti. En effet, le budget national en Haïti est évalué à environ 2 milliards de dollars américains.  C’est à peu près le montant du budget consacré à l’éducation en République Dominicaine. Ce sont des chiffres qui, pour certains économistes haïtiens, témoignent des choix des deux pays dont la population globale est de même taille. Ce large écart n’étonne pas Anderson Tibeaud qui compare l’économie des deux pays.  « L’économie dominicaine représente 10 fois plus que celle d’Haïti. Ils sont, à peu près, à 80 milliards de dollars de PIB, tandis que nous sommes à 8,6 milliards », explique l’économiste qui estime que ces chiffres sont la conséquence des choix des deux pays. La République dominicaine s’est consacrée dans la production de richesse, dans le tourisme, dans le commerce, etc.  « Les deux pays ont fait des choix différents depuis quelques années », clame M. Tibeaud qui dit que tant que le pays ne produira pas de richesse, il sera condamné à ce type de budget.

Emmanuel Saintus

 

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