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Plus de 8 000 victimes de la violence, en 11 mois, en Haïti 

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Le vendredi 8 décembre, à Genève, en Conférence de presse, au terme d’une semaine de plaidoyer en Europe (Bruxelles, Berlin et Genève) pour s’assurer du soutien à Haïti de la Communauté Internationale, Ulrika Richardson, la Représentante Spéciale adjointe du Secrétaire Général, au Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et Coordonnatrice humanitaire résidente, a déclaré : « Les Haïtiens vivent aujourd’hui la situation la plus difficile de l’histoire moderne.  Chaque jour, ils font face aux risques d’être tués, kidnappés, ou violés.  Quand ils traversent la rue, ils ont la peur de leur vie… »  Cette situation de violence extrême est la conséquence des activités des quelques 300 gangs actifs, principalement dans la capitale, qui font régner un climat de terreur, a précisé la Coordonnatrice de l’ONU en Haïti.


Selon les informations récentes du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), près de 80% de la région métropolitaine de Port-au-Prince est soit sous l’influence de gangs armés, soit directement contrôlée par eux.  « Ces gangs sont très armés et forment des coalitions entre eux, avec une certaine stratégie et un savoir-faire qui rend la situation très complexe », a déploré Mme Richardson, soulignant : « Les femmes et les enfants sont les principales victimes des violences.  Les gangs recrutent des mineurs pour leurs opérations, notamment comme informateurs ou comme gardiens de personnes kidnappées. »


Les groupes armés ont aussi recours au viol brutal et collectif contre les femmes comme arme de guerre.  Les chiffres du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme confirment la recrudescence des violences.  Depuis janvier 2023 jusqu’à aujourd’hui, plus de 8 000 victimes (3 960 morts, 1 432 blessés et 2 951 kidnappées), dépassant de loin le nombre de victimes de toute l’année 2022.  Elle déplore les capacités de l’État limitées qui empêchent les victimes de compter sur la justice, ce qui signifie que la plupart de ces crimes restent impunis… 


Par ailleurs, selon les dernières estimations de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), près de 200 000 personnes ont été déplacées, en raison de la violence au cours de l’année écoulée, dont plus de 143 000 dans la seule région de Port-au-Prince.
Outre la question sécuritaire, le BINUH craint aussi que l’ensemble du système de santé haïtien soit au bord de l’effondrement.  Les établissements de santé luttent aujourd’hui pour rester ouverts, en raison d’un manque de financement et d’un exode du personnel qualifié. 
Enfin, l’éducation de millions d’enfants est menacée.  Pour des milliers d’élèves, 2023 marque la 4e année consécutive d’interruption de l’année scolaire…


Questionnée sur l’intervention de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS), elle a répondu : «il est très difficile d’avoir une estimation du moment où ils arriveront en Haïti, cela dépend de la justice kényane et, bien sûr, de beaucoup d’autres éléments, tels que le financement, mais nous espérons qu’ils pourront arriver au cours du premier trimestre 2024 ».


Rappelons que le déploiement de la MMSS reste suspendu par la Haute Cour de Nairobi qui examine un recours déposé par l’opposant, Ekuru Aukot, ancien candidat défait à la présidentielle.  Selon le juge de la Haute Cour, Me Chacha Mwita, la Cour se prononcera sur ce recours le 26 janvier 2024.  Elle précise : « en attendant, les Kenyans se préparent intensivement à la future mission, qui ne dépend pas de l’ONU. »


Concernant sa tournée en Europe, elle a indiqué que les réponses qu’elle a reçues ont été « très positives ».  « Les pays confirment et reconfirment leur intention de rester engagés en Haïti.  Il y a une préoccupation qui provoque une réaction de solidarité », s’est-elle félicitée.  « Avec des investissements appropriés et durables, nous pouvons permettre à Haïti d’être à nouveau un symbole de liberté, de dignité et de prospérité pour le monde », a conclu Mme Richardson.

Emmanuel Saintus

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