Les États-Unis vont créer une unité d’enquête criminelle transnationale en Haïti, pour lutter contre la contrebande d’armes à feu et de munitions et les activités des gangs transnationaux. Des sanctions et des restrictions de visa sont imposées à plus de 50 personnes, pour avoir porté atteinte aux processus démocratiques en Haïti.
En effet, réagissant à l’adoption à l’unanimité par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le 19 octobre, de la résolution 2700 qui renouvelle l’embargo sur les armes à destination d’Haïti afin d’empêcher la fourniture d’armes à des acteurs non étatiques, ainsi que des mesures ciblées de gel des avoirs et d’interdiction de voyager, les États-Unis ont fait part des nouvelles dispositions prises pour aider le pays dans le combat contre l’insécurité et la violence des gangs.
Dans un communiqué de presse, le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, a fait savoir que le département d’État s’associe aux services d’enquête de la sécurité intérieure, pour créer une unité d’enquête criminelle transnationale en Haïti, afin de faciliter les enquêtes et les poursuites en matière de criminalité transnationale, y compris celles qui ont un lien avec les États-Unis. Cette nouvelle unité se concentrera sur des crimes tels que la contrebande d’armes à feu et de munitions, la traite des êtres humains et les activités des gangs transnationaux, a-t-il ajouté.
M. Miller a indiqué que son pays est prêt à utiliser tous les outils disponibles pour promouvoir la responsabilité des acteurs corrompus, des individus qui soutiennent la violence des gangs et d’autres activités criminelles en Haïti. Depuis octobre 2022, dit-il, les États-Unis ont pris des mesures pour imposer des sanctions et des restrictions de visa à plus de 50 personnes, pour avoir porté atteinte aux processus démocratiques en Haïti, soutenu ou financé des gangs et des organisations criminelles, ou s’être livrées à des actes de corruption importants et à des violations des droits de l’homme.
À noter que la police nationale, dans une note en date du 13 octobre, a informé qu’une délégation haïtienne composée de Emmelie Milcé Prophète, Ministre de la justice, Frantz Elbé, D.G. de la PNH, I.G. Jackson Hilaire, Chef de Cabinet du D.G. de la PNH, I.G. Francène Moreau, membre de Cabinet du D.G. de la PNH, a rencontré à Washington D.C., l’ambassadeur Todd Robinson, l’assistant secrétaire d’État aux Affaires internationales de stupéfiants et d’application de la Loi des États-Unis.
Les gouvernements haïtien et américain s’étaient entendus sur le principe de la signature, dans les prochains jours, d’un protocole d’entente entre la “Homeland Security Investigations (HSI)” et la Police Nationale d’Haïti (PNH), pour lutter contre les crimes transnationaux, particulièrement contre le trafic illicite d’armes à feu et les crimes financiers.
De plus, les États-Unis se disent très préoccupés par la situation sécuritaire et humanitaire en Haïti. Le jeudi 19 octobre 2023, à la suite du vote favorable unanime des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU sur la prolongation d’un an du régime des sanctions contre Haïti ainsi que le mandat du «Groupe d’experts en Haïti», jusqu’en octobre 2024, l’Ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a fait la déclaration suivante : «l’adoption à l’unanimité par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, de la résolution 2700 sur les sanctions sur Haïti, rédigée par les États-Unis et l’Équateur, constitue un nouveau tournant et une étape importante pour aider le peuple haïtien, victime de la violence brutale des gangs, d’une insécurité alimentaire aiguë, d’une épidémie de choléra, ainsi que de plusieurs années d’instabilité et de souffrances inutiles. Les États-Unis remercient leur co-rédacteur, l’Équateur, pour son travail sur cette résolution – la troisième résolution sur Haïti adoptée par le Conseil de Sécurité depuis juillet.
Les États-Unis restent profondément préoccupés par la situation sécuritaire et humanitaire en Haïti. La souffrance persistante du peuple haïtien, due à la constante violence, doit cesser, et cette résolution reconnaît les besoins urgents sur le terrain et s’appuie sur les récentes résolutions du Conseil de sécurité pour renouveler et renforcer le mandat du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et pour autoriser la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) en Haïti.
L’adoption de cette résolution renforce également un élément-clé de l’ensemble des mécanismes de paix et de sécurité dont dispose le Conseil de Sécurité, vis-à-vis d’Haïti, prolonge le mandat du groupe d’experts sur Haïti et renouvelle les mesures d’embargo sur les armes, d’interdiction de voyager et de gel des avoirs, autant de mesures qui joueront un rôle essentiel dans la promotion de la paix et de la stabilité en Haïti et dans toute la région.
Les États-Unis demeurent engagés auprès du peuple haïtien et continueront à travailler en étroite collaboration avec le gouvernement haïtien, les autres membres du Conseil et toutes les parties prenantes, afin de faciliter la paix et la prospérité en Haïti et dans la région.»
Emmanuel Saintus