«La CARICOM joue un jeu perdu d’avance, et il le sait, mais il s’en moque …», avait prévenu le Journal Haïti Progrès (Volume 41#9).
On a vraiment affaire à des malades, des crétins et des menteurs, et l’énième échec de la mission de la CARICOM le prouve.
«Le Premier Ministre Ariel Henry ne démissionnera pas. La démission n’est pas la solution», a déclaré l’ex-député Jean Tholbert Alexis, Chef de cabinet de la ministre de la Jeunesse et des Sports. Il accuse ceux qui réclament à cor et à cri le départ d’Ariel Henry de faire du dilatoire et de vouloir semer le chaos.
En effet, le Groupe de Personnalités Éminentes (EPG), composé des anciens Premiers Ministres: Dr Kenny D. Anthony (Sainte-Lucie), Bruce Golding (Jamaïque) et Perry Christie (Bahamas), a été encouragé par les mesures positives prises lors des réunions précédentes avec les parties prenantes haïtiennes à la Jamaïque, en juin, et en Haïti, en juillet, et par le résultat des discussions informelles entre les parties prenantes qui ont eu lieu, en août, pour réduire les divergences, comme l’avait recommandé le Groupe.
Le Groupe de Médiateurs est retourné en Haïti le 4 septembre 2023 pour une visite de cinq jours, avec l’intention de s’appuyer sur cette plate-forme politique, aussi fragile soit-elle, afin de progresser dans la recherche d’une solution durable à l’impasse politique qui dure depuis longtemps. Ils ont été déçus que le ton des discussions se soit durci et que les positions de certaines parties prenantes aient considérablement régressé, comme en témoignent les appels à la démission du Premier Ministre Henry. Ces évolutions ont coïncidé avec la détérioration alarmante de la situation sécuritaire à Port-au-Prince, en août, et à l’aggravation de la crise humanitaire dans le pays.
Dans cet environnement politique dégradé, le début convenu de réunions de médiation intensive avec des groupes réduits de participants a été retardé par la fixation des conditions et le non-respect des limites convenues sur le nombre de personnes devant assister à une nouvelle phase de médiation intensive. Après des discussions intensives, dont celle qui a réuni le Premier ministre Henry, les représentants de l’Accord du 21 décembre, de la Déclaration commune de Kingston et de la société civile, un accord a été conclu sur les modalités des réunions de médiation intensives qui doivent commencer le 12 septembre. Cette phase des négociations sera facilitée, dans un premier temps, par l’EPG par vidéoconférence, puis en personne par l’EPG si les parties prenantes le demandent. L’EPG espère qu’avec de la détermination, de la bonne volonté et la reconnaissance du fait que les intérêts du peuple haïtien doivent être la préoccupation primordiale de toutes les parties prenantes, une solution pourra être trouvée pour remettre Haïti sur la voie du constitutionnalisme et de la démocratie.
Alors que la CARICOM, une organisation régionale des Caraïbes, avait envoyé des émissaires pour tenter de négocier un accord entre les différentes parties, elles se retrouvent confrontées à l’intransigeance des uns et à l’insouciance des autres. Les proches du pouvoir sont favorables au dialogue, mais refusent catégoriquement de toucher au poste du Premier ministre Ariel Henry. De leur côté, les partisans de l’opposition exigent la démission d’Ariel Henry avant toute tentative de négociation.
Face à l’échec des premières réunions, la CARICOM a organisé deux rencontres séparées, le vendredi 8 septembre, l’une avec l’opposition et l’autre avec Ariel Henry. Une troisième réunion, prévue le samedi 9, s’est terminée en queue de poisson, du fait de l’absence du Premier ministre Ariel Henry, exigé par l’opposition.
Cependant, les déclarations du Premier ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, Ralph Gonsalves, témoignent de la déception de la CARICOM devant l’inaction d’Ariel Henry pour former une coalition gouvernementale plus large et pour mettre en œuvre des mesures concrètes.
Selon Gonsalves, la CARICOM doit désormais jouer un rôle plus actif dans la résolution de la crise haïtienne. Il a révélé la présence de près de 162 gangs armés, comptant environ 9 000 membres, qui contrôlent jusqu’à 80% de la capitale, Port-au-Prince. Cette situation de violence et d’insécurité renforce la nécessité d’une action urgente pour rétablir l’ordre et la stabilité.
La délégation de la CARICOM a quitté Haïti le dimanche 10 septembre 2023, quelques jours avant le vote du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur le déploiement éventuel d’une force multinationale. Selon un projet de résolution rédigé par les États-Unis et l’Équateur, il serait question d’une «Mission Multinationale» plutôt que d’une force multinationale. Cette évolution montre la volonté de trouver une solution politique dirigée par Haïti, mais avec le soutien actif de la Communauté Internationale et régionale.
La résolution de la crise haïtienne reste un défi complexe et exigeant, mais il est impératif que les différentes parties mettent de côté leurs divergences et travaillent ensemble pour trouver une solution. La population haïtienne mérite un avenir meilleur, dans lequel la stabilité politique et la sécurité sont garanties. Seule une volonté forte et une coopération internationale peuvent permettre d’atteindre cet objectif.
Emmanuel Saintus