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Enfin, l’ONU vote l’envoi d’une force internationale en Haïti

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Le Conseil de sécurité des Nations Unies a voté, ce lundi 2 octobre, en faveur de l’envoi d’une mission de sécurité en Haïti, afin d’aider ce pays à lutter contre les gangs terroristes lourdement armés qui assassinent, massacrent et kidnappent de paisibles citoyens dans la capitale et les villes de province.

La Représentante Spéciale du Secrétaire Général en Haïti et Cheffe du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti, Maria Isabel Salvador, a fait part que le Conseil de sécurité a approuvé, ce lundi 2 octobre, le déploiement en Haïti d’une Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS).

Environ une année après la demande formulée par le gouvernement et après les appels incessants de l’administration américaine, Haïti aura une force multinationale à son chevet, pour faire face aux gangs criminels. Le Conseil de sécurité, à l’exception de la Chine et de la Russie, en présence de Jean Victor Généus, Ministre des Affaires Étrangères, a approuvé la résolution autorisant cette mission.

Dans une déclaration, Mme Salvador précise que cette décision fait suite à un long plaidoyer du gouvernement haïtien, relayé par le Secrétaire général des Nations Unies. Toutefois, ajoute-elle, il est important de souligner que, contrairement aux missions internationales récemment déployées en Haïti, la MMSS n’est pas une mission onusienne.

Néanmoins, poursuit la Représentante de Antonio Guterres, le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti lui apportera son soutien déterminé, dans la limite de son mandat, conformément à la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme et dans le plein respect des décisions de l’État d’Haïti.

Après un an d’atermoiement, le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son feu vert ce lundi 2 octobre 2023, à l’envoi en Haïti d’une mission multinationale pour aider la police, dépassée par la violence des gangs. La résolution a été adoptée ce lundi par 13 voix pour et 2 abstentions (Chine et Russie), après de difficiles négociations.

Au sein d’une communauté internationale échaudée par les expériences passées dans le pays et les risques de se retrouver piégée dans un bourbier meurtrier, il a été difficile de trouver un volontaire pour prendre la tête de cette mission, jusqu’à la fin de juillet dernier, lorsque le Kenya a finalement annoncé être prêt à mener cette force non onusienne et à déployer 1 000 hommes dans ce pays pauvre des Caraïbes.

L’Appui Multinational à la Sécurité (AMS) est une force de sécurité internationale, soutenue mais non gérée par les Nations Unies. Le Kenya a proposé de diriger la force et a offert 1 000 policiers, tandis que les Bahamas, la Jamaïque et Antigua-et-Barbuda ont également promis du personnel.

Les Nations unies recherchent des contributions volontaires en termes de personnel, d’équipement et de fonds.

Le gouvernement américain, bien qu’il n’envoie pas de troupes, a l’intention de fournir 100 millions de dollars d’assistance logistique, notamment en matière de renseignements, de communications, d’opérations de transport aérien et d’aide médicale.

Peu de pays ont pour l’instant annoncé participer à la mission, il s’agit pour l’instant surtout de pays voisins d’Haïti: la Jamaïque, les Bahamas, Antigua-et-Barbuda… La résolution ne précise pas la composition de la mission, mais le chiffre de 2 000 membres des forces de l’ordre a toutefois été évoqué plusieurs fois ces derniers mois.

Le gouvernement haïtien a demandé d’urgence une aide armée étrangère pour lutter contre les gangs, il y a un an, lorsque l’alliance des gangs du G9 a pris le contrôle d’un terminal pétrolier clé. L’aggravation de la situation a provoqué une crise humanitaire et forcé plus de 200 000 personnes à quitter leur foyer.

Le mois dernier, le chef du G9, Jimmy Cherizier, ancien officier de police et seul Haïtien actuellement sous le coup de sanctions des Nations Unies, a appelé à une trêve entre tous les gangs de la région métropolitaine et à un renversement du gouvernement par les gangs.

Les gangs contrôlent aujourd’hui une grande partie de la capitale où les groupes de défense des droits de l’homme ont fait état d’enlèvements, de meurtres et de violences sexuelles généralisées, souvent des viols collectifs.

Les Nations unies estiment qu’environ la moitié des Haïtiens souffrent de la faim, alors que les groupes d’aide ont de plus en plus de mal à accéder aux communautés. De nombreux pays voisins ont renforcé la sécurité à leurs frontières et la République Dominicaine voisine a fermé sa frontière.

  • Lutter contre le trafic d’armes

Les forces déployées devront «apporter un soutien opérationnel à la police haïtienne» dans sa lutte contre les gangs et pour la sécurisation des écoles, ports, hôpitaux et aéroports. En coopération avec les autorités haïtiennes, la mission pourra, «pour empêcher des pertes de vies», employer des «mesures d’urgence temporaires et proportionnées sur une base exceptionnelle», notamment via des arrestations, dans le respect du droit international.

Les forces déployées devront aussi faire appliquer l’embargo sur les armes légères et munitions, qui n’était jusqu’ici applicable qu’aux chefs de gang visés par des sanctions et qui sera étendu à toute la population. C’est une mesure demandée par la Chine qui a pointé du doigt le trafic d’armes en provenance principalement des Etats-Unis et notamment de Floride, où vit une importante diaspora haïtienne.

Enfin, les Nations Unies appellent la future mission à «prendre les mesures appropriées en matière de gestion des eaux usées», pour empêcher la propagation de maladies. La dernière mission de Casques bleus en Haïti, présente de 2004 à 2017, avait apporté le choléra, entraînant une épidémie ayant fait plus de 10 000 morts. Cet épisode explique en partie que la future force ne se fasse pas sous le drapeau de l’ONU.

  • Rendre des élections possibles

Cette «Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité» (MMSS) est créée pour «une période initiale de douze mois», avec une réévaluation prévue au bout de neuf mois. Elle a pour objectif d’améliorer suffisamment la sécurité pour organiser des élections, alors qu’aucun scrutin n’a eu lieu depuis 2016.

À noter que, dans un récent rapport, le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres, soulignait que la crise économique, politique et sécuritaire que traverse Haïti s’est encore aggravée depuis un an, avec des gangs «plus nombreux et mieux armés» que les quelque 14 000 policiers comptabilisés, fin juin 2023. Au total, près de 2 800 meurtres ont été dénombrés entre octobre 2022 et juin 2023, dont près de 80 mineurs, selon ce rapport.

Emmanuel Saintus

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