Certains diront: c’est l’expression d’un chevalier d’autrefois. Pourtant, on ne parle pas d’Haïti, sans qu’aimer ne soit en filigrane. Celles et ceux, qui l’exploitent, l’avilissent, la détruisent, ont un discours monotone du genre: «c’est l’unique pays que j’ai, c’est celui qui m’a tout donné, c’est l’unique endroit où je peux faire ce qui me plait, c’est un pays ami, et autres bla bla.» C’est le discours amoureux visant à séduire. Qu’importe la qualité, on aura les résultats attendus. Georges Bizet disait que l’amour est enfant de Bohème, elle n’a jamais connu de loi. Roland Barthes dissèque le discours amoureux et souligne qu’il y a, entre autres, l’ascèse, la déréalité, l’obscène et le vouloir-saisir. Le peuple, qu’on confond souvent avec Haïti, semble dire: moi non plus. Que faire de cet amour insupportable? Avec l’âge de raison, il préfère les preuves d’amour aux discours. Et, d’ailleurs, entre elle et toi, de quoi je me mêle? Sinon, avec beaucoup de plaisir, je souhaite à celles et à ceux qui ont fait de ce pays: une mangeoire, un foutoir, un merdier, qu’ils s’étranglent, lorsqu’ils prononcent le nom d’Haïti.
Pourquoi tant de violence dans ce texte qui se veut innocent? C’est que le monde change. Et l’on voudrait voir que les chasseurs, pour une fois, passent du bon côté.
Guy Craan