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«Vers la colonisation de dépeuplement et/ou de repeuplement: Ayiti, un territoire vendu avec ses habitants dedans»

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«Expropriation ou déguerpissement?» pourrait-on bien sous-titrer ce texte par rapport à la recrudescence des déplacements forcés des populations qui prévalent dans la Capitale ayitienne, Port-au-Prince depuis tantôt quatre ans. En effet, la présente réflexion se propose de rompre avec le silence qui règne autour des péripéties multiformes à travers les siècles de tout un peuple dont la gloire de son histoire semble maudire, condamner et le livrer au triste sort d’un destin truqué, hypothéqué, voire fabriqué de toutes pièces, comme pour trouver une réponse de manière métaphorique et rebondissante à la question la plus substantielle et existentielle pour adresser la question de justice sociale et de légalité qui se signifièrent dans la nouvelle société ayitienne post esclavagiste: «Et les pauvres noirs dont les pères sont en Afrique, n’auront-ils rien?» – posée au lendemain même de notre indépendance par l’empereur Jacques 1e, le premier, le plus grand et le plus authentique des Ayitiens de tous les temps- demeure jusqu’à date entière, et notamment l’une des causes fondamentales de son magnicide.

Sans le moindre préambule entrons d’emblée dans le vif du sujet. Pour ce faire, attelons-nous à un exercice supposément familier pour certains, bien que parallèlement, d’une certaine manière, languissant, répugnant, imprégné d’ambiguïtés et de disparités pour d’autres, en raison bien sûr de leur idées préconçues, racistes et rétrogrades par rapport à la capacité de la race noire à accomplir de grands exploits à l’échelle qu’il soit, en dépit du fait que quand ils ont arraché nos ancêtres de l’Afrique pour les réduire en esclavage de manière inhumaine de par le monde, ils ont trouvé des civilisations hautement avancées, en termes politiques, économiques, sociales, artistiques, scientifiques, techniques et religieux. Car, on apprécie une chose à sa juste valeur, non pas selon ses caractéristiques intrinsèques, mais selon ses intérêts personnels, et selon que l’on ait ou non, le goût d’une aventure si passionnante de la recherche et de la découverte via la curiosité intellectuelle et le goût de la culture.

La présente réflexion nous fait monter encore une fois au créneau pour le plaidoyer en faveur de l’intégrité nationale, tel que consacré dans l’article premier de la constitution de 1987 amandée: «Haïti est une République, indivisible, souveraine, indépendante, libre, démocratique et solidaire». De quoi être fier d’être Ayitiens, fils de Dessalines, père fondateur de la nation ayitienne. Bien qu’entre ce qui est écrit sur le papier et les faits le contraste est saisissant. Le discours qui se tient dans cette réflexion autour des mésaventures historique qu’a connu la première république noire du monde s’articule autour de deux concepts fondamentaux : la néo-colonisation de dépeuplement et la néo-colonisation de repeuplement. Il s’agit au fait de deux notions en apparence antagoniques, pourtant au fond intimement lié, avec des attributs et similarités indissociables à défaut de leur octroyer des qualités de deux vrais synonymes, dans le contexte de cette analyse, malgré sa portée hautement et objectivement subjective. En dépit de leur distinction d’essence, elles se circonscriront dans une coïncidence de sens, en termes d’élucidation conceptuelle et lexicale, à savoir l’art de déposséder par tous les moyens des habitants de leur territoire pour en faire sien. Si l’on s’en tient à la sémantique pure, il conviendra de conclure que dépeuplement ou dépopulation et repeuplement ou repopulation apparentent une division de concept en deux concepts contraires par les préfixes qui les précèdent, mais tout en couvrant les même étendue et subtilités des deux concepts qui, en dernier ressort ne font qu’un. On peut lire dans le Larousse les définitions suivantes, chacune dans son contexte mais tout en les traitant de manière séparée, comme étant deux. Ainsi, on entendra par dépeupler: l’action de faire partir, totalement ou en partie, les habitants d’un pays, d’une région, d’un territoire. Ou mieux, ou pire encore: faire disparaître, c’est-à-dire exterminer, décimer des populations entières qui vivent dans un lieu en vue de l’occuper postérieurement soi-même. Pour sa part, se dit de repeupler : faire venir des populations quelque part pour peupler une région dépeuplée ; occuper un lieu en tant que population immigrée. Tel a toujours été le propre des colons et demeure aujourd’hui l’objectif macabre des néo-colons de dépeupler et de repeupler Ayiti. Ainsi, à la lumière de ces évidences, nous comprendrons aisément qu’il y a une corrélation marquante et une suite logique entre l’acte de dépeupler et de repeupler. Il s’agit au fond, d’une stratégie subtile via une mode opératoire violé de nos amis-ennemis pour faire échec à tout bout de champ à la marche irréversible du peuple ayitien, vers la dignité humaine, au progrès et au développement pour garantir un lendemain meilleur aux générations présentes et futures. Car, les grandes puissances n’ont point d’amis, sinon que d’intérêts. Face à cette criante réalité, plus que morale la mission qui nous incombe pour le salut de la nation est patriotique et porte sur l’urgence de la Renaissance de notre nation par le «Réveil ayitien», comme cela se fait aujourd’hui en Afrique. C’est la seule plausible, capable de conscientiser la population ayitienne autour de ce phénomène aux fins génocidaires, fruit de l’un des plus grands complots internationaux qui se sont minutieusement tissé contre lui depuis tantôt deux siècles hypocritement dans les laboratoires occidentaux. Ce plan macabre a pour objectif de déterminer le devenir de cette nation dont l’histoire étriquée d’agressions, d’oppressions, d’impositions, d’exploitation et de ségrégations commanditées par la cohorte des anciennes puissances colonialistes, aujourd’hui néocolonialistes, impérialistes et hégémoniques, courtoisement appelées Communauté Internationale (CI) qui agissent plutôt en «Coquins Infreinables» à l’échelle internationale, à cause de l’insulte et impertinence de 1804 que nous leur avions infligées.

Si bien qu’Ayiti n’a jamais, du moins explicitement fait objet de la colonisation de peuplement, comme il a été le cas pour les pays de l’Amérique latine, ou l’objectif principal a été, d’après le moteur de recherche Wikipédia: «la forme la plus violente de colonisation, s’accompagnant d’un lot de «nettoyages ethniques», surtout lorsque les colons veulent faire disparaître les populations et les cultures autochtones en place.» Aujourd’hui nous faisons face à sa variante la plus destructrice, la néo-colonisation de dépeuplement subtil en vue du repeuplement graduel de notre pays, conquis au prix du sang et de la sueur de nos ancêtres. Si les crises politiques, sociales, économiques, identitaires ne cessent de nous ronger du dedans, ce n’est point le fruit du hasard. Elles s’inscrivent dans une dynamique de diversion en vue de la déstabilisation du pays à tous les niveaux, sans pouvoir nous concentrer sur les urgences de l’heures ainsi que sur les priorités, à court, moyen et long terme, capable de mener le pays vers son développement endogène et durable via la prospérité économique, le rapatriement de la souveraineté nationale, la justice sociale et le recouvrement de la dignité et de l’intégrité du peuple dans son entièreté. Les crises d’instabilités politiques, tel que nous sommes en train de les vivre aujourd’hui ne peuvent que conduire le pays vers sa fragilisation économique et la faillite de l’Etat. Et cela ne peut que maintenir la population dans une spectre de violence et une spirale d’intensification du flux migratoire à n’en plus finir. Avec la géopolitique moderne, la guerre ouverte est de loin la vraie stratégie d’agression et de domination des puissances impérialistes, elles recourent à de bien plus efficaces mais subtiles armes à destruction massive mais graduelle et progressive des Etats qui n’entendent point se courber à leur projet hégémoniques, via la dislocation et désintégration internes comme la maladie du lupus qui porte des éléments de l’organisme à se tourner contre lui-même en se considérant comme des menaces perpétuelles l’un pour l’autre. Ainsi, face à l’enfer national, l’exil s’impose comme l’unique issue des populations en quête d’un mieux-être, où qu’il soit, si bien que l’inexistence de l’Etat via les organes de sécurité publique et des forces de l’ordre s’accentue chaque jour davantage. La capitale et certaines des principales villes du pays sont assiégées par les bandits qui font régner leur loi, puisque l’Etat leur donne carte blanche pour opérer en plein jour. Les actes de représailles: de vols, de viols se profèrent et prolifèrent dans les coins et recoins de la capitale Port-au-princienne désormais ingouvernable par l’Etat, au vrai sens du terme. On dirait que les zones stratégiques du pays ont été vendues argent comptant, et que maintenant on est à la phase de déguerpissement pour que les nouveaux propriétaires puissent entrer en possession de leur bien. Puisque personne n’en a été informé l’expropriation se fait de manière forcée. Dans cet ordre d’idée, il y a un lien indissociable, voire indispensable, appelé à établir une suite logique entre l’acte de dépeupler et celui de repeupler. De toute évidence, il faut au prime abord dépeupler pour par la suite repeupler. Et pour repeupler il faut au préalable avoir dépeuplé. C’est à juste titre le phénomène auquel Ayiti est aujourd’hui en train de faire face, sans que, bien malheureusement personne ne s’en rendre compte.

Étrangement, le peuple se fait violer, piller, brûler, déloger, massacrer et exiler, mais Ariel en rit. C’est tout ce que le PM inamovible, le président à vie, le roi illégal, illégitime et impopulaire sait faire, rire a tout bout de champ, mais du malheur du peuple. Mais ce qu’il a oublié, c’est que : «rira bien qui rira le dernier.» Car, la justice populaire est hors du spatiotemporel, donc n’a ni de mesure ni de limite ni encore moins de considération. Ariel, on veut bien voir jusqu’à quand du malheur et des déboires du peuple ayitien tu continuera d’en rire? serait-il qu’Ayiti ait été vendue avec ses habitants dedans, sans que la population ne le sache et que nous sommes maintenant à la phase d’expropriation et de déguerpissement ? La seule façon pour que nous le sachions c’est de nous mettre debout comme un seul homme pour prendre en mains le destin de notre pays, non seulement pour la mémoire et la gloire de nos ancêtres mais également pour notre avenir commun de peuple et nation issue de la première et plus grande révolution d’esclaves noir qui ait renversé non seulement le triple système colonialiste, esclavagiste et raciste, mais aussi et surtout les trois plus grandes puissances coloniales de l’époque, chacun à son tour et à sa manière, dont la France, l’Espagne et l’Angleterre.

Je terminerai sur une note, pas tout à fait réconfortante de l’ex président américain Donald Trump qui eut à dire face à l’exil des ayitiens vers les Etats-Unis ou la ruée frénétique vers l’El Dorado via le programme de libération conditionnelle de l’administration Biden en faveur de trois pays centre-américains: Ayiti, Cuba, Nicaragua et un sud-américain, le Venezuela et un de l’Europe de l’est l’Ukraine, une sorte d’aide face aux crises humanitaire qui sévissent dans ces pays: «à ce rythme d’exil, il ne restera, dans un avenir pas trop lointain aucun ayitien en Ayiti. Quelqu’un va devoir acheter cette portion de terre. C’est une magnifique terre d’accueil.» comprendra qui pourra ou voudra!

Jean Camille Etienne (Kmi-Lingus),

Arch.Msc.en Politique et Gestion de l’Environnement,

03/09/2023

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