Faire le marchandage avec le sang des autres, c’est la spécialité des dirigeants haïtiens. En
effet, l’OPC indexe l’augmentation vertigineuse du taux de criminalité dans ce quartier de
Carrefour-Feuilles et dénonce la violation systématique des droits de la personne humaine
dans cette localité en proie à des violences graves.
L’OPC sort de son silence. Étant une institution étatique de protection et de promotion
des droits humains, l’Office a tenu à critiquer rigoureusement les escalades des bandits armés,
prenant pour cible, depuis près d’une semaine, la localité de Carrefour-Feuilles. «Le
cauchemar réel que vit la population civile, depuis un certain temps, cause des dégâts
inestimables, inacceptables et incompatibles aux principes du respect des droits fondamentaux
de la personne humaine», a dénoncé l’OPC, dans le communiqué.
À noter qu’à Carrefour-Feuilles, près de 5 000 personnes ont quitté leur domicile à cause
de la violence des gangs. Les actes de violence qui prévalent à Carrefour-Feuilles ont forcé de
nombreuses familles à fuir leur maison. Environ 1020 d’entre elles, soit près de 4 972
personnes, ont été forcées de quitter Carrefour-Feuilles pour se réfugier un peu partout dans la
capitale haïtienne. Ces données ont été publiées conjointement, le mardi 15 août 2023, par
l’Organisation Internationale de la Migration (OIM) et la Direction Générale de la Protection
Civile (DGPC). La plupart de ces personnes, 76%, se sont réfugiées dans 13 sites, notamment
à Port-au-Prince. Le reste se trouve dans des communautés hôtes comme Delmas, Pétion-Ville
ou encore Carrefour.
La DGPC et l’OIM préviennent que ces violences sont toujours en cours et que plus de
déplacements sont à prévoir. Les deux structures assurent qu’elles continuent de suivre la
situation afin de continuellement mettre à jour les chiffres sur les personnes déplacées. Depuis
le 12 août, la banlieue Carrefour-Feuilles subit les assauts répétés des bandits de Grand-
Ravine. Ces individus tentent de s’en emparer pour étendre leurs tentacules et avoir le
contrôle de Port-au-Prince, ce qui pousse les résidents de la zone à fuir leur domicile pour
échapper à la violence. Entre autres, les violences à Carrefour-Feuilles font au moins 15 morts
et plus de 10 000 déplacés internes, selon un dernier rapport du Centre d’Analyse et de
Recherche en Droits de l’Homme (CARDH), révélant des cas de viol et de destruction de
maisons. Dans son rapport, le CARDH fait remarquer que le gang de Gran Ravin et ses alliés
sont sur le point de prendre le contrôle de Carrefour-Feuilles. «En effet, ils prennent le
contrôle de « Abris », un bâtiment dans une position stratégique, situé entre « Dos Morne » et
« Figuier », qui surplombe la zone. Ce bâtiment permettait de bloquer la progression des
gangs de Gran Ravin et alliés. En outre, les policiers qui résistaient auraient des problèmes de
munitions, le sous-commissariats de Savane Pistache n’est pas renforcé», signalent-t-ils. Cette
situation, prévient l’organisation de défense de droits humains, entraînera des massacres, des
dégâts matériels énormes, si la police n’intervient pas de manière urgente et adéquate. «Dans
cette hypothèse, la zone métropolitaine tombera complètement aux mains des bandits. À
l’instar de Gran Ravin, de Village-de-Dieu, de Cité-Soleil, il sera quasiment impossible pour
la police, telle qu’elle est aujourd’hui, de reprendre le contrôle de Carrefour-Feuilles», avertit
le CARDH. Dans la foulée, l’organisation plaide pour un renforcement de la Police Nationale
d’Haïti (PNH) dans cette localité. Depuis quelques jours, des tensions ont éclaté à Carrefour-
Feuilles et ses environs. Les exactions des bandits armés continuent d’endeuiller les familles,
ce qui a obligé les habitants à fuir leurs demeures de peur d’être ajoutés à la liste des morts. À
pied, à moto ou entassés dans des voitures, des milliers d’habitants fuient Carrefour-Feuilles,
une localité de Port-au-Prince, attaquée par les bandits armés.
Ainsi, dans l’attente de l’arrivée de la force multinationale d’accompagnement à la
police nationale ou du renforcement du BINUH, deux options ont été présentées par Antonio
Guterres, secrétaire général de l’ONU, aux membres du Conseil de Sécurité, le 14 août, le
CARDH plaide pour le renforcement de la police, afin qu’elle puisse consolider ses acquis,
empêcher les gangs de progresser et garantir une protection minimale à la population.
D’autre part, dans le quartier de Solino, le jeudi 17 août 2023, des bandits armés du
Bel-Air ont attaqué. Le premier bilan fait état de deux policiers blessés et de quatre maisons
incendiées. Aux environs de 13 heures, des hommes armés, dirigés par le nommé Kempès,
ont lancé un énième assaut contre Solino, un quartier voisin du Bel-Air. Lors de cette attaque,
deux agents de la Police haïtienne sont sortis blessés. Quatre maisons ont été incendiées. Pour
échapper à la violence des bandits armés, des résidents de Solino ont quitté leurs maisons.
De plus, une situation chaotique se développe à Bon-Repos où des bandits armés
sèment la terreur. Situé dans la commune de la Croix-des-Bouquets, le quartier de Bon-Repos
a connu de vives tensions au début de la journée du jeudi 17 août 2023. Selon les riverains du
quartier, des bandits armés de Canaan ont envahi la zone pour s’y installer et, jusqu’au
vendredi 18 août, la terreur régnait encore: des balles sifflaient et la population était aux abois.
En effet, au moment où les bandits armés de Grand-Ravine sèment le trouble à Carrefour-
Feuilles, ceux de Canaan ont attaqué Rosemberg, Lilavois, Onaville, entre autres, provoquant
la panique chez les riverains. En conséquence, les activités sont paralysées pendant toute la
journée de ce jeudi et cela n’a pas trop changé ce vendredi.
Par ailleurs, la situation était également tendue dans d’autres localités comme Cité-
Doudoune, Beudet, Meyer, etc., suite à des tirs nourris entendus dans ces localités.
À rappeler qu’à Carrefour-Feuilles, depuis le début de la semaine écoulée, les attaques
répétées des membres du gang de Grand-Ravin, dirigé par Renel Destina, alias « Ti Lapli »,
visant à prendre le contrôle du quartier, ont fait fuir plus de 5 000 personnes: femmes, enfants
et personnes âgées, selon Jerry Chandler, Directeur Général de la Protection Civile (DGPC).
Ils ont quitté Carrefour-Feuilles à pied, à moto ou entassés dans divers véhicules,
certains, matelas sur la tête ou biens divers sur le toit d’un véhicule, essayant d’emporter
quelques affaires personnelles… Les hommes de « Ti Lapli » pillent et incendient des
maisons. Plus de 30 personnes ont été tuées, plus d’une dizaine blessées, des femmes et des
filles violées… On déplore la mort de 2 policiers et la disparition de 4 personnes, selon le
bilan provisoire du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), d’après les
témoignages des parents et proches des victimes, a précisé Pierre Espérance, le Directeur
Exécutif du RNDDH. Ces milliers de personnes déplacées ont trouvé refuge dans plusieurs
sites, notamment au Gymnasium Vincent et au local de l’École nationale République du Brésil
ou dans un centre sportif et parfois dans la rue, avec ou sans tente pour s’abriter. Les autorités
ont annoncé avoir commencé à distribuer des plats chauds et de l’eau potable aux familles
déplacées, a confirmé Chandler, précisant que « le Fonds d’Assistance Économique et Sociale
s’engage à fournir plus de 3 000 plats chauds quotidiennement dans les sites d’hébergement,
alors que la Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement (DINEPA) mobilise 2
camions-citernes d’une capacité de 4 mille gallons d’eau chlorée pour les victimes.»
Emmanuel Saintus