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Pourquoi Haïti brûle-t-elle encore?

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La chanson d’Eddy François, du groupe «BoukanGinen» Ede’m chante, doit être un refrain qui nous hante tous les jours. «Moutchowoulo, a woulo, woulo woulo ohum, koumannouyeanbatètchajesa a, koumannouye…». Il est difficile de répondre à sa question, cependant, nous constatons que nos maisons brûlent.

Quand une maison prend feu, c’est tout un drame. Il est pénible de voir, partir en fumée, l’œuvre de plusieurs générations, et que dire de nos investissements, de nos espoirs, etc. Face à cette situation, on ne peut s’empêcher de penser aux causes du sinistre. Une négligence, un accident ou un acte volontaire. Dans le cas d’Haïti, on a plutôt tendance à regarder du côté de la troisième hypothèse. Surtout, lorsqu’une maison est en feu et que l’on sait qu’il y a eu des faits répréhensibles commis en ce lieu. Les criminels utilisent le feu pour détruire les traces de leurs forfaits ou pour faciliter leur fuite. Dans le cas d’Haïti, il est impossible de dénombrer, avec précision, combien de crimes dont les gardiens de la maison sont eux-mêmes des pyromanes.

C’est une vieille habitude, vous me diriez, mais il faut admettre que ces crimes ont pris de plus en plus d’ampleur. On en commet un autre pour occulter le précédent. Il est clair, pour nombre d’entre nous, que le sinistre a pris plus d’intensité, à partir du moment où l’on demandait des comptes sur la grande arnaque à laquelle avait donné lieu l’accord PetroCaribe en Haïti. Ce crime scandaleux a été utilisé à toutes fins utiles.

Dans un premier temps, le régime du feu président Jovenel Moïse a considéré, comme attaques politiques, les revendications autour des malversations liées au Fonds de PetroCaribe. De plus, il les a utilisées pour mettre à l’écart ceux du régime TètKale, PHTK (version 1) parlant de l’ancien président Michel Martelly et ses alliés politiques qui s’étaient trop empiffrés. Beaucoup de prédateurs de la première mouture du régime PHTK-1 ont dû laisser la scène du crime pour donner de l’espace aux vautours de la deuxième cordée. Comme il n’y avait pas l’huile du Fonds PetroCaribe, les vautours du second régime ont eu recours aux vieilles recettes. Ils ont prospéré dans toutes sortes de combines. Drogues, bien sûr, contrebandes, officiellement, et corruption, certainement. Le temps passe, il arriva un moment où il fallait passer le flambeau.

Tous ces crimes répétitifs sont possibles en Haïti, à cause de l’impunité. Une des garanties de cette impunité, c’est la continuité de ces régimes de facto et incompétents. Jovenel Moïse échoua dans ses tentatives pour assurer, comme il en eut la lubie, que PHTK demeure au pouvoir pour 35 à 50 ans. Comme un souverain Empereur, il avait nommé son successeur, le premier Ministre, Dr Ariel Henri. Soudain, il lui arriva un funeste accident, comme il eut à le dire, avec tant de morgue à l’endroit de ses opposants. Puis, la nouvelle vague de PHTK (ou version 3) embarque les autres truands qui s’impatientaient. Ce régime a les mains encore plus chargées que les précédents. Il doit couvrir les monstruosités des versions antérieures et trouver une issue pour assurer que ces méfaits resteront impunis.

Quand une maison brûle, le pire, c’est de sombrer dans le désespoir. Quand vous avez la chance d’être encore en vie, il faut essayer de sauver ce qui peut l’être encore. Tristement, chacun essaie de sauver sa peau en allant chercher refuge chez les voisins. Il y aura toujours quelques Bons Samaritains, présents pour aider. Cependant, Il ne faut pas douter qu’il y aura parmi les voisins ceux qui sont là, juste pour contenir le feu, en évitant qu’il ne se propage au-delà de certaines limites. Dans la mêlée, les opportunistes tentent de s’emparer de tout ce que les flammes n’ont pas consumés.

Les compatriotes solidaires et optimistes, nous rappellent qu’il n’y a pas de feu éternel et on peut toujours faire la culture sur brûlis. Malheureusement, le feu qui détruit notre nation pendant si longtemps est transgénérationnel. Bref, pour sauver notre maison qui brûle encore, il faudra, d’abord, nous débarrasser des malfaiteurs qui jettent de l’huile sur nos routes pour empêcher que l’aide arrive. Et surtout, il faudra déloger les criminels qui, sans il faudra déloger les criminels qui sans aucun égard pour les vies et les biens d’autrui, jettent de l’huile directement sur le feu destructeur. Ainsi, nous pourrons ensemble reconstruire, notre maison, notre citadelle, notre nation, notre fierté : Haïti.

Guy Craan MD MSc.

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