L’espoir, après trente ans, avait enfin jailli
De l’épaisse fumée
Et s’était présenté
Dans un cabaret en or.
Il s’est échappé de nos mains
Piètres et tremblotantes
Et s’est écrasé en miettes
Dans la ripaille démocratique
Des trente cinq dernières années.
L’un a toujours eu le verre sous la main,
Ivre et titubant;
L’autre, cigare ou pipe au bec fantaisiste;
Chaque jour est un jour de carnaval
Riche en couleurs
Et certains continuent à valser
Dans leurs jupes ou costumes
Pour le prix du meilleur déguisé.
Oh! nous avons laissé l’histoire,
Comme de l’eau,
Couler de nos mains
Sans rien retenir.
La chance à prendre
N’est jamais prise
Et les oiseaux de chance, eux aussi,
Ont fait bombance
Et se sont évadés sous le firmament.
Je regarde le temps
Devenir encore maussade,
Plus maussade que jamais.
Les gens de biens sont absents de la réception;
Les abrutis, seuls chefs de canton,
Bientôt seront couronnés
Rois ou empereurs.
Je regarde notre histoire de grand peuple
S’effriter sous nos doigts,
Tes doigts et les miens:
Tout un chacun a sa part
De responsabilité face à l’histoire.
Je regarde notre jolie maison
Laissée pêle-mêle
Au vu et au su de tous.
Je nous regarde,
Comme des enfants entêtés,
Nous accrocher à nos jeux favoris.
Toujours pris au dépourvu,
En quête de solution,
Nous allons, à la va-vite,
Frapper à la porte
De fonctionnaires moribonds,
Des magistrats, parfois stupéfiés,
Ne comprenant pas pourquoi
On les a réveillés des bras de morphée!
Ô honorable soldat,
Nouvelle abracadabrante ou pas,
C’est pour vous annoncer
Qu’on vous a tout d’un coup promu maréchal!
Le temps s’en va
Et je regarde nos longues oreilles
Encore insouciantes comme des feuilles d’arbres
Dans la forêt délaissée;
On n’a jamais rien appris
Et nous voici toujours
À la première phrase de la rédaction!
Oh! le compte à rebours ne fait que commencer
Et nous sommes toujours la risée du monde!
Egbert Personnat, le 4 mars 2021