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«La chute du dollar, le coup de maître-dame du duo infernal Jouthe-Moïse»

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Nous n’irons pas par quatre chemins. Soyons justes, pour une fois, honnêtes et sincères, tout en faisant preuve de probité intellectuelle, primo envers nous-mêmes et secundo envers l’intelligence et la raison.  Il ne fait aucun doute que la chute casuelle du dollar face à la monnaie nationale, la gourde, ce qui en principe devrait être une note positive et bénéfique pour l’économie nationale, ne peut résulter d’autre chose sinon que d’un spectacle «obnubilatoire», si on peut se permettre le néologisme, de prestidigitation et/ou d’une farce fallacieuse de très mauvais goût de l’administration Jouthe-Moïse, infligée à l’ensemble d’un peuple trop longtemps marginalisé, exclu de la gérance de la chose publique, sans égard aucun pour la moralité et la gestion régalienne de l’État au plus haut niveau.  En effet, même les économistes les plus brillants et indépendants du pays s’accordent à croire que cette solution miracle relève de l’ordre de l’art du surréalisme, voire du surnaturel.  D’où tiennent-ils ce miracle ?  Comment ont-ils pu avec autant de célérité, de facilité et surtout «d’efficacité» déficeler ce nœud gordien, cette problématique si délicate, aussi vielle et complexe que nos turbulences et crises sociales, politiques et économiques ? Ne serait-il pas de l’ordre d’une intervention divine, découlant des flirts œcuméniques et syncrétiques du président de la République lui-même, avec les principales dénominations religieuses du pays dont le catholicisme, le protestantisme et le vaudou ?  En d’autres termes, les dieux se sont-ils accordés pour sortir ce pays appauvri et meurtri des ornières de la pauvreté, de la misère les plus abjectes, de l’ignorance et du sous-développement, sous la baguette magique d’un duo épris de verbomanie, incapable même d’élégance et de séduction?

On l’ignore tous

Ne nous désespérons point, tout n’est pas tout à fait perdu, il y a toujours une explication à tout.  Il suffit d’aller chercher du bon côté.  Car, tout est possible à celui qui croit.  La dimension spirituelle humaine, jusqu’à date, reste un univers inexploré par la science, en ce sens qu’elle accouche en des moments spécifiques des êtres humains très peu ordinaires, avec une mission bien déterminée.  Cependant, trêve de spéculation et de rêveries, revenons à la réalité si bien que la métaphysique n’est pas une discipline saisissable par les esprits non avisés.  Ainsi, des deux choses l’une:

1).- Première considération : Par un acte miraculeux, basé sur on ne sait plus quelle loi ou quelle foi, par la magie de la Banque de la République d’Haïti (BRH) la gourde est miraculeusement ressuscitée, sans égard aucun pour les indicateurs et étapes de la croissance économique de tout système économique.  Alors, soudainement, la gourde connait un essor spectaculaire par rapport au dollar. En quoi l’apanage d’expérience du premier ministre Joseph Jouthe, dans le concert des grands à l’échelle internationale, lui a-t-il permis de se procurer une telle expertise pour qu’en un tour de main, il puisse accomplir une telle prouesse? A-t-il, par hasard, déjà lu « Les étapes de la croissance économique » de l’éminent économiste américain W. W. Rostow ?  Si tel est le cas, je demeure convaincu que cela ait été une lecture en diagonale et surtout bâclée.  Car, pour Rostow, pour qu’il y ait croissance économique il faut indubitablement les cinq étapes qu’il a définies comme suit :

1) la nécessité d’une société traditionnelle ; 2) faciliter l’accumulation des conditions préalables au décollage (take-off) ; 3) dans l’objectif d’aboutir au décollage ; 4) en vue de la marche à la maturité ; 5) dans l’objectif ultime d’atteindre l’âge de la consommation de masse. Il s’agit là, sans trop de préambules sur le sujet, d’une référence bibliographique assez intéressante qui pourrait servir de base épistémologique et holistique à nos dirigeants, non seulement dans leurs discours mais aussi et surtout dans leurs prises de décisions qui ne seront pas sans conséquence, à court, moyen et long termes sur tous les aspects de la vie nationale.  Car, l’une des conditions sine qua non de la théorie de la croissance économique de Rostow, c’est l’équilibre entre les différents secteurs d’activités par rapport, bien sûr, à la dynamique politique.  Ainsi donc, on ne saurait prétendre développer une économie par le déni de la corrélation entre les paramètres déterminants, de même que les secteurs clefs d’activités qui la caractérisent.  Sommes-nous en présence d’un tel cas de figure ? En tout cas, à aucun moment donné de la durée, ni le président, ni le premier ministre, ni le ministre du Commerce et de l’Industrie, ni celui de l’Économie et des Finances ne l’ont, en aucun cas, évoqué.  Ainsi, la question que doit se poser même le plus commun des mortels demeure en entier : par quelle magie la gourde renaît-elle de ses cendres ?

2).- Deuxième considération. La population «ayitienne» fut, pendant très longtemps, l’objet de la plus grande arnaque de l’histoire, sur la base d’une spéculation à outrance du dollar, à tour de rôle et dans le deux sens, émanant d’un complot sans précédent entre des associations de malfaiteurs patentées dont l’Etat et le secteur privé des affaires, ayant pour chef de file la bourgeoisie, desquels dépend, désormais, mais ironiquement, et pour son malheur, l’économie nationale.  L’énigme, voire le paradoxe, réside dans le fait que l’essor et le sort de la gourde ne sont nullement basés sur la stabilité et l’équilibre politique pour aboutir au redressement économique par le truchement de la production nationale, en vue de la création de richesse, de la disponibilité de revenu et de l’entrée de devises, au regard des principes universels de développement économique, comme on vient tout juste d’en faire référence avec Rostow, mais plutôt sur des abracadabrantes politiques dont les conséquences ne tarderont point à se faire sentir, comme celles prises sous les règnes du général Henri Namphy et de Jean Bertrand Aristide, en faveur de l’introduction sur le marché national des produits rizicoles et laitiers à bon marché.  En effet, ces décisions apatrides et patricides sont fondamentalement à la base du démantèlement de l’économie nationale, pour en avoir causé la paralysie, toute en la transformant en une économie parasite, dépendante de l’assistanat, sans possibilité de prêts à des taux préférentiels pour véritablement injecter en faveur de grands projets d’investissement et de développement de secteurs économiques émergents et d’infrastructure de base.  Une fois de plus, avec la chute sans parachute du dollar face à la gourde, sans aucune base logique de démonstration et de compréhension liée à la gestion économique et financière, Ayiti aura démontré au monde entier que nous sommes encore capables d’étonnement, même de la manière la plus étonnante et que point n’est besoin d’être savant ni économiste pour comprendre la dynamique du clivage de taux de change d’une monnaie par rapport à une autre. Définitivement, il est clair que, quand on veut on peut, face au constat de la redécouverte de la poudre, de la réinvention de la roue et surtout de la création d’un nouveau modèle de croissance économique, inspirée de la magie et du miracle, comme par l’art de démagogie et du délire autocratique de nos très chers dirigeants.  Il s’agit là donc d’une décision sans aucun fondement économique, dans le seul et cynique souci de retarder l’imminente explosion sociale qui se profile à l’horizon, pour sanctionner l’incompétence, la cupidité, l’insouciance, l’arbitraire et la malveillance.  L’idée est de calmer les esprits et la tension sociale qui, comme par répétition dans notre histoire, plus que jamais constituent un baril de poudre dont la moindre étincelle fera exploser.

Ce n’est pour personne un secret, pour que l’inflation diminue, et que le prix des denrées alimentaires ainsi que des produits de première nécessité glissent, il faut indubitablement qu’il y ait une croissance considérable de la production nationale, ce qui entraînera le recul automatique des devises étrangères au profit de la monnaie locale.  À noter que quand nous parlons de production nationale, nous faisons allusion à la création de biens, de services et d’entreprises, en un mot de richesse du secteur primaire, en passant par le secteur secondaire pour aboutir au tertiaire.  La question à se poser maintenant est de savoir si l’on est conscient, chez nous, du rôle déterminant que joue la production pour la mise en place, la consolidation et le bon fonctionnement de l’économie d’un pays.  Jusqu’à date, aucun État n’a connu le développement à partir des programmes d’aides au développement.  D’ailleurs, les aides au développement, dans la réalité, n’aident qu’au développement et à l’enrichissement des pays et/ou instances créanciers pour entraîner l’apprivoisement et le sous-développement des pays débiteurs.  On comprendra donc aisément pourquoi, malgré toutes les missions de stabilisation, de paix ou de justice sous l’auspice de l’ONU, en général, ou de la communauté internationale, en particulier, ainsi que le financement du budget national à hauteur d’entre 70 à 80% par des fonds étrangers, Ayiti continue à patauger dans la misère, dans la pauvreté, dans l’instabilité politique et dans l’insécurité.  Encore une fois, nous revenons à la thèse de Rostow, vis-à-vis de la dynamique de l’économie mondiale qui ne peut être perçue comme étant un fait isolé, mais qui plutôt relève des interactions entre les secteurs d’activités.  Selon lui : «le rôle moteur de tels secteurs entre eux, est lié à telle étape du développement.  Cette étape franchie, le même rôle d’animation générale qui est rempli par d’autres activités qui prennent le relais des précédentes appelées la régression relative voire absolue.»   Aucune analyse économique, même par le moins doué en matière de la connaissance des sciences économiques, ne tiendra si elle n’est en mesure de tenir et de donner une place de choix aux principes de base de la géopolitique, à savoir : le fait de considérer l’espace, le territoire, et tout ce qu’il contient, comme un enjeu stratégique pour un pays ou un ensemble de pays.  À cet égard, le coronavirus n’a pas été sans effet.   Fort de cette réalité, il convient de signaler que l’un des faits déterminants dont nos experts en matière d’économie et de finance ne semblent pas tenir en compte, c’est le fait que la pandémie ait mis l’économie mondiale à genoux, avec un taux de récession d’au moins de 10%, ce qui a priori devrait jouer en faveur des économies émergentes, comme c’est le cas d’un pays comme Ayiti, aussi paradoxalement que cela puisse paraître.  La réalité est que les principaux barrons de l’économie mondiale se sont vus mal-en-point, en raison de cette situation alarmante à l’échelle planétaire.  Les géants de la production mondiale se sont vus obliger de casser leur rythme de production, proportionnellement à la demande qui s’est vue confrontée à une baisse vertigineuse, sans précédent, en un temps record.  De là même la compétitivité est affectée et tend vers une sorte de déclin forcé de l’économie des pays porte-flambeau du leadership mondial.  En effet, cette chute, ne serait-ce que  momentanée de l’économie mondiale, s’avère nécessaire pour réévaluer automatiquement les économies locales moribondes ainsi que les émergentes, par rapport à l’augmentation et à l’appréciation de la production locale.  Ce qui implique directement la réévaluation des monnaies locales.  Cependant, toutes ces hypothèses évoquées ont une chance de rapprochement à de l’économie mondiale si et seulement si les pays d’économies émergentes se donnent la peine de reprendre leur élan de positionnement, face à l’économie mondiale non pas pour entrer en compétition avec elle, mais plutôt pour remplir le vide causé par la pandémie.  Par ailleurs, il est clairement démontré, que dans les moment de crises, d’instabilité et de troubles sociaux, politiques et économiques, des dinosaures mondiaux favorisent et facilitent toujours l’émergence et le développement de l’économie des petits pays.  Cependant, pour que cela se produise ces dits petits pays ne doivent point peiner à se défoncer, en vue de se créer une place de choix dans la cour des grands, dans l’idée de faire bois de tout feu, pour pouvoir, au moins aspirer à la restauration de leurs économies en proie à la paralysie d’une compétition dont ils étaient incapables de maintenir la cadence, du fait qu’ils n’étaient pas en mesure de faire de la production de masse d’une géoéconomie de concurrence entre les grands producteurs contre les petits producteurs, pour ainsi ne laisser aucune place à la méso-économie, en détruisant tout pont entre la macroéconomie et celui de la microéconomie.

Pour revenir au cas atypique d’Ayiti, à tort ou à raison, nul n’est sans savoir que tout ce fait sur une base très erronée, sans aucun fondement scientifique ni logique économique. À preuve, comment se fait-il que la gourde gagne du terrain à une vitesse si vertigineuse par rapport au dollar, sans aucune correspondance en matière de production intérieure brute (PIB), à la fois per capita et globale, lequel constitue un indice référentielle de mesure de tout système qui se préoccupe de calculer l’activité économique en se basant sur le revenu moyen de ses citoyens.  Sur cet angle, il faudrait seulement être insensé pour ne pas contempler avec pitié le tableau combien sombre que nous ont peint nos politiciens, toutes tendances confondues, ces trois dernières décennies.  Résultat : une économie délabrée et en lambeau avec plus de 70% de son budget provenant de l’extérieur, avec pour unique secteur d’entrée de devise : la diaspora.  Si bien que l’inflation en Ayiti est proportionnelle à la montée du dollar.  Voilà  pourquoi la cherté de la vie n’a encore bougé d’un iota ?  Comme disait l’autre, je ne suis pas là pour régler les compte, mais plutôt pour parler de pays, de politique et d’économie.  En ce sens, a tout seigneur tout honneur, il convient donc au président de la République, au premier ministre et compagnie de répondre à ses si simples et banales questions.

En effet, tout compte fait, avec Jovenel Moïse à sa tête, le pays aura tout vu, tout connu, voire le pire vivre.  Puisque que nous avions cru en des promesse creuses et farfelues, voici donc s’accomplir sur Ayiti la gloire du duo Jouthe- Moïse, après-dieu.  Il n’aura donc pas porté son nom en vain, ce sacré Moïse.  Il ne lui reste plus qu’à ouvrir toutes nos mers et faire passer à pieds secs vers des terres d’exil et d’asile pour fuir un pays qui se meurt, un peuple qui se refuse à mourir.  Car la chute sans parachute du dollar face à la gourde n’est qu’une farce, une plaisanterie de mauvais goût, un bluff, un coup de maitre-dame du duo Jouthe-Moïse pour redorer leur blason politique et celui de leur parti, en vue de mettre dans son petit soulier n’importe quel prétendant qui sera leur successeur.  Et cela n’a pas d’autre nom que du vagabondage politique de haut niveau et de la pire espèce.

14/10/2020

Jean Camille Etienne

Arch.Msc.en Politique et Gestion de l’Environnement

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