Le mensonge ruine la confiance, au plan personnel comme au plan sociétal. Il méprise la parole donnée, il détruit toute crédibilité, a dit Albert Hubert. Pour le pasteur Michel Bertrand, le mensonge est une marque de la modernité, et il est dramatiquement dévastateur car toute construction durable repose sur le crédit que l’on accorde à son prochain. La pratique du mensonge n’est pas une nouveauté chez Jovenel Moïse. L’inculpé du Palais national continue de faire le malin avec le peuple haïtien. Avec le renfort d’une forte dose médiatique, Jovenel Moïse avait lancée officiellement le 1er mai 2017, la Caravane du Changement, dans la localité Lagrange, 5ème section communale de Bocozelle (Saint-Marc), dans le département de l’Artibonite, à l’occasion de la fête de l’Agriculture et du Travail. Deux ans après, rien n’a été fait ou réalisé. Jovenel Moïse n’a même pas la bienséance de s’expliquer, deux ans plus tard, sur le montant exact de l’argent du trésor public, volatilisé dans sa Caravane de changement. «Ce mercredi 1er mai devrait être considéré comme un moment de bilan des projets et des interventions réalisés dans le secteur agricole en Haïti. Malheureusement, personne n’est en mesure de présenter des projets livrés ou livrables, susceptibles de contribuer à la sécurité alimentaire et à la lutte contre la pauvreté. «Une pensée spéciale aux agriculteurs de mon pays » a déclaré Talot Bertrand, Spécialiste en Éducation Relative à l`Environnement et Ingénieur-Agronome (PROMODEV). Comme à l’accoutumée, Jovenel Moïse ouvre un nouveau front pour dissimuler sa défaite sur l’ancien. En effet, le mercredi 1er mai, Fête de l’Agriculture et du Travail, le Président Jovenel Moïse, accompagné de son épouse, Martine, de ministres, de parlementaires et autres autorités locales, en présence des populations venant de toutes les communes, municipalités et localités du département du Nord-Est, a célébré cette fête, sur le site du chantier du barrage de la rivière Marion, à Grand-Savannah (Terrier-Rouge, Nord-Est). Dans son intervention, le chef de l’État a attiré l’attention sur sa vision du secteur de l’agriculture et sa détermination dans la construction de cette importante infrastructure qui devrait être achevée en 2020, avec l’aide de la coopération cubaine. Depuis 15 mois, des techniciens haïtiens et cubains s’emploient à construire trois digues, des canaux de prise d’eau et de déviations. Grâce à cet énorme chantier, un réservoir de 10 millions de mètres cubes d’eau permettra l’irrigation de 10 000 hectares de terres, la production de l’électricité, la pisciculture et le traitement de l’eau potable. La délégation a visité également le chantier du système de pompage solaire de 53 kW qui permettra aux agriculteurs, en particulier aux producteurs de riz, d’obtenir de l’eau pour mettre leur terre en valeur. Après, la délégation s’est rendue sur le chantier du Centre de semences de Ferrier, l’un des trois que l’administration Moïse va construire (Nord-Est, Artibonite et Sud), afin de permettre aux producteurs de riz d’obtenir des semences de haute qualité pour nourrir la population haïtienne.
1 500 gourdes demandent les ouvriers.
Le mercredi 1er mai, Journée internationale des Travailleurs, plusieurs organisations ouvrières ont manifesté dans les rues de Port-au-Prince, pour exiger maintenant un salaire journalier de 1 500 gourdes pour les ouvriers des industries de sous-traitance (Segment F) contre un salaire journalier de 420 gourdes actuellement et un de 750 gourdes proposé par les Députés. Des syndicats d’ouvriers de la sous-traitance du secteur textile avaient annoncé, le 1er mai 2019, des manifestations pacifiques à Ouanaminthe, au Cap-Haitien et à Port-au-Prince, en vue d’exiger un salaire de base de 1 000 gourdes et la réintégration des ouvrières et ouvriers révoqués illégalement, selon les syndicats.
Par ailleurs, plusieurs centaines d’ouvriers de la Compagnie de Développement Industriel (CODEVI), située à Ouanaminthe (Dépt. Nord-Est) ont manifesté pour dénoncer l’augmentation injuste des prélèvements mensuels sur leur salaire par la Direction Générale des Impôts (DGI). Des syndicalistes ont expliqué qu’un montant de 2,500 Gourdes aurait été prélevé par la DGI ce qui représenterait selon-eux, plus de 30% d’un salaire moyen, sans toutefois préciser la répartition de ces prélèvements. Rappelons qu’à la CODEVI, les ouvriers ont toujours été réfractaires aux prélèvements de la DGI, argumentant qu’en échangent de leurs taxes, ils ne recevaient pas de services de l’État. En mars 2017 plus de 3 000 ouvriers avaient protesté pour tenter de forcer la DGI à revenir sur sa décision de prélever sur leur salaire 13% de taxes (10% d’impôts, 1% pour la contribution au fonds de gestion et de développement des collectivités territoriales, 1% pour la Caisse d’Assistance Sociale et 1% pour la caisse d’urgence).
Emmanuel Saintus