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221ième de notre Bicolore : et si les ancêtres revenaient parmi nous !

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18 novembre 1803 – 18 novembre 2023, 221 années contemplent tristement la création de notre Bicolore.  Malgré le tableau sombre qui se peint sur la toile trouée de notre histoire, elle n’a pourtant perdu rien de sa dimension transcendantale dans les annales de l’histoire universelle. Honneur, louanges et gloire éternelle à nos ancêtres, les véritables titans des seules et vraies luttes anticolonialistes, anti-esclavagistes, antiségrégationnistes et antiracistes qui ont jalonné les cieux de la justice, de la liberté et de la dignité humaine.  Les prouesses incommensurables de 1804 continuent de marquer le destin de l’humanité, par des lettres indélébiles de bravoure, de détermination et de foi du peuple ayitien dans la diversité culturelle et dans le respect des principes d’autodétermination des peuples, au-delà de leurs origines ethniques, de leur degré de civilisation, s’il en existe, de leur confession de foi et de leur chapelle politique, pour ne nous en tenir qu’à cela.  Cependant, à la lumière de la débâcle politique, économique, sociale et sécuritaire qui, de plus en plus s’accentue, laissant tout un peuple sans aucun autre recours que celui de l’exil ou du suicide collectif, si les ancêtres revenaient parmi nous, ne nous demanderaient-ils pas : jusqu’à quand continuerez-vous, insensés, à patauger dans la lâcheté, dans la honte, dans la profanation et dans l’indignité ? Est-ce un choix délibéré ou une volonté imposée ?  En ce 221ième anniversaire de la création de notre étendard palmé, n’est-il pas le moment idéal de mener une réflexion critique sur le Patriotisme et l’Histoire d’Ayiti ?

Recapitulons un peu.  Il ne fait aucun doute que l’histoire d’Ayiti est une des plus remarquables et des plus inspirantes du monde.  En 1804, nos ancêtres ont accompli un exploit sans précédent : ils ont, non seulement brisé les chaînes de l’esclavage, mais également fondé la première République noire indépendante du monde.  Ce triomphe, ancré dans une lutte acharnée contre l’oppression et l’injustice, en faveur de l’intégrité et de la dignité humaine, continue de résonner, aujourd’hui encore, à travers l’histoire universelle, par des notes assourdissantes à l’oreille des bourreaux, à chaque commémoration de nos fêtes nationales et, plus encore, à travers les luttes du peuple ayitien pour son droit à l’autodétermination, la justice sociale et le bien-être collectif.  Si bien que, tout au long de notre histoire, nous avons atteint un degré de fierté et de dignité, déjà avec la création de notre Drapeau, le 18 novembre 1803, il y a de cela 221 ans.  Cela a constitué un symbole fort et incontournable de rupture avec le quadruple système colonialiste, esclavagiste, ségrégationniste et raciste.  Pourtant, malgré cet héritage glorieux, Ayiti semble parfois embourbée dans une série de défis qui mettent en question notre dignité et notre honneur.  La corruption, l’instabilité politique, la pauvreté et les inégalités sociales ne sont que quelques-uns des maux qui affligent notre société.  Ces problèmes persistent et semblent souvent s’intensifier, suscitant des interrogations profondes sur les causes de notre situation actuelle.

Il est des fois où l’on peut même aller jusqu’à se demander si la situation calamiteuse, dans laquelle se trouve notre pays, ne serait pas le fruit d’un choix délibéré ou si, au contraire, elle n’émanerait d’une volonté manifeste d’ingérence et d’imposition de la part de ceux qui, au grand jour, se disent nos amis, alors que, dans les coulisses, ils nous rendent la vie minable.  La question cruciale est de savoir si notre état actuel est le résultat de choix délibérés ou de volontés imposées.  Pour faire la lumière sur ce sujet des plus délicats, plusieurs éléments et facteurs méritent d’être examinés.

  • Le dilemme de l’héritage colonial et les assauts néo-colonialistes et impérialistes : 

Les puissances coloniales et impérialistes n’ont jamais vraiment accepté la défaite infligée par nos ancêtres.  Les sanctions économiques, les politiques de déstabilisation et les ingérences étrangères ont continuellement entravé notre développement.

  • La problématique emblématique de gouvernance interne : 

Il est un fait indéniable que la main mise externe, en symbiose avec la prise en otage de l’oligarchie transnationale, la corruption et la mauvaise gouvernance, souvent encouragées par des intérêts étrangers, ont sapé nos institutions et notre capacité à gouverner efficacement.  Le manque de vision et de leadership authentique, enraciné dans l’intérêt mesquin personnel et de groupes, plutôt que des plus hauts intérêts nationaux, a également contribué à notre stagnation.

Cependant, la résilience du peuple ayitien, tant à l’échelle sociale, culturelle et économique, est hors du commun.  Malgré les adversités, la résilience et la créativité du peuple ayitien demeurent des forces indomptables.  Nos arts, notre littérature et notre culture témoignent d’un esprit indomptable et d’un potentiel immense.  Il n’y a donc point de machine arrière, il n’y a qu’une seule alternative : La Reprise en Main du Destin National. 

Pour sortir de cette impasse, une prise de conscience collective est indispensable.  Cette réflexion devrait inciter à une mobilisation générale, autour de valeurs telles que l’intégrité, l’unité et la justice.  Il s’agit de revitaliser l’esprit de 1804, non pas seulement comme une célébration annuelle, mais comme un guide quotidien pour nos actions et nos décisions, notamment dans les domaines suivants.

  • Éducation et Conscience Historique : 

Il est impératif de réinvestir dans une éducation qui valorise notre histoire et notre culture, et qui inculque un profond sens de responsabilité et de patriotisme chez les jeunes générations.

  • Leadership Éthique et Visionnaire : 

Le renouveau d’Haïti passe par l’émergence de leaders éthiques, visionnaires et profondément enracinés dans les valeurs de justice et de service public, en lieu et place de leur enrichissement personnel et de groupes. 

  • Solidarité et Engagement Citoyen : 

Chaque citoyen haïtien doit se sentir impliqué dans le processus de redressement national.  Cela demande un engagement collectif pour dénoncer les injustices, promouvoir la transparence et participer activement à la vie publique.

Ainsi donc, pour sortir notre pays des affres de l’indignité, de la honte, de la bestialité et de la servitude qui nous rongent du dedans, la solution est le retour à la case de départ.  Il faut à tout prix faire le retour en arrière, en vue de nous inspirer des exploits de nos ancêtres qui se trouvaient dans une situation bien pire que la nôtre, mais qui ont pu s’en sortir avec bravoure, fierté et dignité.  Si nos ancêtres revenaient parmi nous, certainement ils nous demanderaient : “Qu’avez-vous fait de ce passé glorieux, de cette terre de bénédiction, de cet héritage sacré dont nous avons brisé nos entrailles pour vous léguer, bande d’insensés ? Comment en êtes-vous arrivés là, à préférer la servitude à la liberté ? La honte à l’honneur ? Le mépris à la fierté ? La petitesse à la dignité ?” 

En somme, la situation actuelle d’Ayiti n’est ni exclusivement un choix délibéré ni uniquement une volonté imposée.  Elle résulte d’une confluence complexe de facteurs historiques, politiques et sociaux.  Cependant, en renouant avec l’esprit de nos ancêtres et en nous engageant résolument dans la voie de la dignité et de l’intégrité, nous pouvons tracer un avenir digne de leur héritage.  Le moment est venu, pour chaque Ayitien, de se lever, inspiré par la grandeur de 1804, pour construire une nation à la hauteur de notre potentiel et de notre histoire.  Certes, il ne fait aucun doute que les Ayitiens, d’où que nous soyons, nous ne sommes plus intéressés à célébrer nos fêtes nationales, ni celle du drapeau, quand nous nous sommes drapés de tant de honte, ni encore moins celle de l’indépendance, à l’heure où nous végétons dans un état de dépendance jamais connu de toute notre histoire de peuple.  Toutefois, nous ne leur ferons ni l’honneur ni la faveur de renoncer à notre âme fière de peuple de guerriers, luttant inlassablement pour notre liberté et note dignité. 

Honte soit à tous les sans-vergogne et apatrides de la nation !

18/05/2024

Jean Camille Étienne, 

Arch. Msc. en Politique et Gestion de l’Environnement

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