L’institut de mathématique Clay a retenu sept défis mathématiques réputés insurmontables et offre un prix d’un million de dollars pour la personne ou le groupe qui arrivera à confirmer ou infirmer ces hypothèses. Ces problèmes irrésolus sont encore appelés les problèmes mathématiques du millénaire. Il serait intéressant d’avoir un institut des sciences politiques et morales offrant un prix pour le défi haïtien, d’abord fallait-il arriver à une formulation acceptable de cette conjecture.
Il existe plusieurs tentatives de formulation de la problématique sociopolitique d’Haïti. Il y a celle attribuée à Aimé Césaire “ Après l’épopée commence le drame”. Les historiens haïtiens de la nouvelle génération réfutent cette hypothèse d’un revers de main. Pour eux, il s’agit d’une compréhension erronée de l’histoire. Avant 1804, les rapports de production ont facilité la coalition entre les “noirs” et les affranchis pour lutter contre les colons français et les expulsés de la colonie. Après les contradictions entre anciens libres et nouveaux libres, les conséquences du régime esclavagiste qui avait duré 300 ans, les tentatives d’instauration d’un régime néocolonial, le contexte géopolitique de l’époque, les puissances coloniales ont tout fait pour enrayer la révolution haïtienne.
Il y a cette assertion attribuée le plus souvent au “laboratoire” à savoir “la malédiction haïtienne” c’est le summum des insultes racistes qu’on peut proférer à l’endroit des Haïtiens. Le suprémaciste exprime son ivresse de puissance et le plus souvent son interlocuteur ne se rende pas compte qu’il s’agit d’une insulte, il arrive parfois qu’il acquiesce. L’expression est absurde, elle ne peut pas être réfutée du point de vue scientifique parce que la malédiction relève du domaine de la foi. On croit, on n’y croit pas ou on doute. L’insulte habituellement avilit celui qui l’a prononcée. Cependant, n’allez pas croire que tous ceux qui profèrent cette insulte sont plus bêtes que méchants. Certains parmi eux sont habilement diaboliques. Ils pourront évoquer pour vous qu’en Économie, il y a ce curieux phénomène de la malédiction du vainqueur dans les procédures d’appel d’offre”. Alors que des économistes se sont évertués à démontrer que ce phénomène n’avait rien de surnaturel qu’il s’agissait “le plus souvent d’erreurs a priori dans la compréhension de l’appréciation de la valeur et de l’attribution au plus offrant”. Il est toutefois étonnant de constater qu’on balance assez régulièrement cette expression au visage des plus connus d’entre nous (vedette, anonyme, mortel, immortel) mais il n’y a jamais un rejet de cette absurdité.
Que dire de cette dernière “les Haïtiens ne peuvent pas s’entendre”. Quelques fois c’est affligeant de constater avec quelle assurance certains donneurs de leçon avancent ces stéréotypes. Prennent-ils le temps de se poser la question suivante : Existe-t-il d’autres nations qui s’entendent ? Sur quel motif ? Quand ? Pourquoi ? Depuis combien de temps ? Le coté pernicieux de cet élément de langage diffusé en boucle ces derniers temps, ce sont les relais utilisés et surtout les informations incomplètes pour induire les gens en erreur.
Il y a cette trouvaille de celles et e ceux qui voulant apparaitre savants ou tout au moins experts dans le domaine d’Haïti. “le Pays le plus pauvre de l’hémisphère occidentale”. Évidemment, sans cause et sans explication.
Le laboratoire ou du moins le dispositif idéologique du système dominant n’arrête pas la production de ces capsules (pilules) aliénantes et addictives. Pour savoir si vous n’êtes pas intoxiqué par ces pilules posez-vous la question suivante : est-ce que j’utilise des superlatifs pour parler d’Haïti ?
Sans vouloir faire de la publicité, je vous laisse les coordonnées de l’Institut de Mathématique Clay au cas vous seriez tenté de gagner un million de dollars et une notoriété durable. www.claymath.org
En ce qui a trait à l’institut haïtien des sciences politiques et morales, il y a un petit souci. On discute pour savoir si oui ou non et dans quelle langue devrait-on écrire à l’entrée : “Nul ne rentre ici, s’il n’est Haïtien”
Guy Craan