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RNDDH : les violences et la terreur des gangs font peur

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Selon un rapport partiel du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), depuis le 29 février 2024, Haïti est plongée dans un tourbillon de violence et de terreur orchestré par les gangs armés qui ont pris d’assaut le département de l’Ouest.  Sous la bannière des coalitions G-9 an Fanmi e Alye et G-Pèp, regroupées sous le nom de “Viv Ansanm”, ces criminels ont instauré un règne de terreur sans précédent, sous la direction de Jimmy Chérizier, alias Barbecue, chef de file et porte-parole redouté.

Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), vigilant face à cette escalade de violence, estime crucial d’alerter l’opinion publique sur les risques d’aggravation de la situation, si des mesures immédiates ne sont pas prises pour reprendre le contrôle du territoire aux mains des bandits armés.

Les pertes humaines et matérielles sont dévastatrices.  Entre le 29 février et le 3 mars 2024, plusieurs vies ont été fauchées par des balles assassines.  Parmi les victimes, on dénombre six (6) agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) qui ont été tués au sous-commissariat de Bon-Repos : Junior Marion, Inspecteur principal, Monode Etienne, Inspecteur divisionnaire, Espéra Pierre, Inspecteur divisionnaire, Luciana Pierre, Agent II, Guilliamson Jean-Baptiste, Agent I, Pautrace Resulq, Agent I.

Par ailleurs, deux (2) marchandes non identifiées ont été tuées à la Rue Cameau.  Parmi les blessés par balles il faut ajouter: deux (2) policiers affectés respectivement au sous-commissariat de Bon-Repos et au commissariat de l’Aéroport, une jeune fille et  un étudiant.  Le RNDDH souligne que les rues ont été jonchées de cadavres, certains dévorés par des animaux.  De nombreux blessés, dont des policiers et des civils, ont été recensés.  

Les dégâts matériels sont également considérables.  Des écoles, des institutions publiques, des entreprises commerciales et des petites et moyennes entreprises ont été pillées, incendiées ou vandalisées. Les attaques ont également visé des commissariats et des sous-commissariats, mettant en évidence l’impuissance des autorités face à cette vague de criminalité.  L’Académie Nationale de Police a été détruite et l’espace a été vandalisé.  Le 29 février 2024, à Routes de Frères, Pétion-ville, le mur d’enceinte de l’Académie Nationale de Police a été détruit, livrant passage aux bandits armés qui ont vandalisé ses locaux.  Le 5 mars 2024, l’Académie a essuyé une nouvelle attaque de la part des mêmes bandits armés qui l’avaient pillée précédemment.

Deux (2) centres de détention et un (1) centre de rétention ont été vidés de leur population carcérale.  Dans la soirée du 2 mars 2024, la Prison Civile de Port-au-Prince a été vidée de sa population, à la suite d’une attaque orchestrée et perpétrée par des bandits armés.  Le RNDDH rappelle que, selon le rapport relatif au mouvement de la population carcérale de la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP), dressé en date du 20 février 2024, la population carcérale de cette prison était estimée à trois-mille-six-cent-quatre-vingt-sept (3 687) détenus dont trois-mille-trois-cent-cinquante-cinq (3 355) en détention préventive et seulement trois-cent-trente-deux (332) condamnés, soit 91 % de la population carcérale totale de ce centre qui étaient en attente de jugement et seulement 9% qui étaient déjà fixés sur leur sort.

Selon la DAP, la population carcérale de la Prison civile de Port-au-Prince est aujourd’hui de quatre-vingt-dix-neuf (99) détenus. Il s’agit de ceux qui avaient choisi de ne pas s’évader.  Ils ont été conduits au Centre de Réinsertion des Mineurs en Conflit avec la Loi (CERMICOL), en attendant qu’une décision concernant leur situation soit prise par les autorités pénitentiaires.

Dans la nuit du 2 au 3 mars 2024, la Prison civile de la Croix-des-Bouquets a été vidée de sa population, à la suite d’une attaque orchestrée par des bandits armés.  Toujours selon le rapport de la DAP, relatif au mouvement carcéral, en date du 20 février 2024, la population carcérale de cette prison était estimée à mille-trente-six (1 036) détenus dont huit-cent-cinq (805) en détention préventive et deux-cent-trente-et-un (231) condamnés, soit 78 % parmi les détenus qui étaient en attente de jugement et seulement 22 % d’entre eux qui étaient déjà fixés sur leur sort.  Dans la soirée du 3 mars 2024, six (6) parmi les agents de la PNH qui étaient en isolement au commissariat de Delmas 33, se sont évadés.

S’il est vrai que les détenus évadés, pour leur grande majorité, étaient en attente de jugement, certains, très dangereux, ont déjà commencé à menacer les policiers (ères) qui avaient participé dans les opérations ayant conduit à leur arrestation.  Sur ce point, particulièrement, le RNDDH s’est entretenu avec au moins quatre (4) policiers (ères) qui aujourd’hui craignent pour leur vie et pour celle des membres de leur famille.

Des attaques armées ont été menées à l’encontre de l’Aéroport International Toussaint Louverture et de l’Aérogare Guy Malary.  Le 29 février 2024, l’Aérogare Guy Malary a été criblée de balles par des bandits armés.  Un (1) policier G.S., Agent I, issu de la vingt-huitième promotion et affecté au Commissariat de l’Aéroport, a reçu trois (3) projectiles au dos.  De nombreuses vitres ont été cassées.  Vingt-trois (23) impacts de balles ont été constatés dont sept (7) ont atteint la salle d’attente de l’aérogare.  Deux (2) autres ont percé un avion appartenant à la compagnie aérienne Sunrise Airways.  Le jour-même, un impact de balle a été aussi constaté dans un avion appartenant à une compagnie aérienne cubaine, qui se trouvait sur le tarmac de l’Aéroport International Toussaint Louverture.

Le 2 mars 2024, des bandits armés ont semé la terreur aux alentours de l’Aéroport International Toussaint Louverture et ont tiré dans sa direction, pendant de longues heures. Encore une fois, un avion de la compagnie Sunrise Airways a été touché par trois (3) projectiles.

Face à l’ampleur de la crise, les institutions de l’administration publique ont cessé de fonctionner.  Les rues ont été désertées par les forces de l’ordre, laissant les citoyens à la merci des bandits armés.  Le gouvernement a décrété l’état d’urgence et instauré un couvre-feu, mais ces mesures semblent inefficaces, face à la détermination des criminels.

Le RNDDH dénonce l’inaction des autorités et leur complicité présumée avec les gangs armés.  Il recommande la mise en place d’un gouvernement intègre et compétent, capable de restaurer l’ordre et de protéger les droits fondamentaux des citoyens.  Des actions concrètes sont nécessaires pour rétablir la sécurité, réappréhender les évadés, démanteler les gangs et traduire les responsables en justice.

Depuis le 29 février 2024, des bandits armés ont semé la terreur dans tout le département de l’Ouest, perpétrant des actes de violence brutale, vandalisant des biens publics et privés, et causant la mort et la souffrance de nombreux citoyens.  Cette situation chaotique a contraint de nombreuses familles à fuir leur domicile pour chercher refuge ailleurs, tandis que les autorités ont semblé impuissantes à protéger la population.

En guise de conclusion, le RNDDH souligne que les attaques répétées contre des commissariats, des institutions policières et des prisons ont mis en lumière l’incapacité des forces de l’ordre à contenir la menace des bandes armées.  L’évasion massive de détenus des prisons de Port-au-Prince et de la Croix-des-Bouquets, ainsi que l’inaction des autorités compétentes face à ces évènements, soulignent l’urgence d’une réponse efficace et coordonnée.

Face à cette crise, le gouvernement de facto a déclaré l’état d’urgence et instauré un couvre-feu dans le département de l’Ouest, mais ces mesures se sont avérées insuffisantes pour contenir la violence des bandits armés. Les attaques contre des sites stratégiques, tels que l’Aéroport International Toussaint Louverture et l’Aérogare Guy Malary, ont démontré la capacité des criminels à défier l’autorité et à mettre en péril la sécurité publique.

Le RNDDH estime qu’aucune mesure ne pourra rétablir l’ordre tant que les bandits armés resteront puissants et que certaines factions de la Police Nationale d’Haïti continueront de les soutenir.  Il est crucial de mener des enquêtes approfondies sur les complicités au sein des forces de l’ordre et de traduire en justice tous les responsables de ces actes criminels.

Il est également essentiel de mettre en place un gouvernement intègre et compétent, capable de restaurer la fonctionnalité des institutions de l’État et de garantir la sécurité de tous les citoyens.  La lutte contre les gangs armés, la réappréhension des fugitifs et le démantèlement des réseaux criminels doivent être des priorités absolues.

Il est urgent d’agir avec détermination et efficacité, pour mettre fin à la spirale de violence qui menace la stabilité et la sécurité d’Haïti.  Seule une action concertée et résolue permettra de rétablir la confiance des citoyens dans leurs institutions et de garantir un avenir pacifique et prospère pour le pays.

Emmanuel Saintus

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