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Haïti : crise politique 

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Le Mouvement Point Final crie au Coup d’État.  La présence d’Ariel Henry au pouvoir après le 7 février 2024, au regard de l’article 20, section 9 de l’accord du 21 décembre 2022, doit être considérée comme tel : un coup d’État.  L’article 20, section 9 de l’accord du 21 décembre 2022, signé par Ariel Henry et qui avait été publié au journal officiel du pays, Le Moniteur, dit clairement que le mandat consensuel du régime d’Ariel Henry arrive à terme le 7 février 2024.  En voici le contenu que nous allons analyser pour vous.


” Considérant les défis auxquels le pays est confronté, en termes de sécurité publique, de conditions sociales et humanitaires, de réforme constitutionnelle, de renforcement de l’État de droit, de réforme économique et de création des conditions pour des élections libres et équitables, et surtout la nécessité de s’assurer que les réformes et les progrès se traduisent par un changement stable, à long terme, pour les citoyens haïtiens, les signataires du présent consensus conviennent que la période de Transition englobera les nouvelles élections générales qui se tiendront en 2023 et l’entrée en fonction d’un gouvernement nouvellement élu le 7 février 2024″.


Suivant notre analyse au sein du Mouvement Point Final, la présence d’Ariel Henry au pouvoir, après le 7 février 2024, est un Coup d’État prémédité, préparé et planifié par le gouvernement et le Core Group contre le peuple haïtien, en tenant compte des éléments suivants de l’article 20, section 9 de l’accord du 21 décembre 2022.

1) Sécurité publique :

Que fait le gouvernement d’Ariel Henry pour établir la sécurité dans le pays pouvant nous conduire aux élections générales à la fin de l’année 2023 ?  Ariel Henry et la communauté internationale n’ont rien fait pour résoudre effectivement le problème de l’insécurité en Haïti.

2) Conditions sociales et humanitaires :

Pour résoudre les problèmes sociaux dans le pays, le gouvernement d’Ariel Henry n’a rien fait, en termes de mise en place de programmes d’apaisement social et de création d’emplois à haute intensité de main d’œuvre, durant ses 30 mois au pouvoir. 
Au contraire, ils ont dilapidé et détourné environ 41 milliards de gourdes qui étaient disponibles dans le budget 2022-2023 pour des projets sociaux.


3) Réforme constitutionnelle :

La question de réforme constitutionnelle est importante, mais elle dépasse la capacité d’un gouvernement de transition.  Cela devrait être l’affaire d’un gouvernement élu, parce que pour procéder à la réforme constitutionnelle, on doit passer par l’organisation de la conférence nationale d’abord, en absence d’un parlement.  Donc, persister dans la question de réforme constitutionnelle durant la période de Transition, c’est du bluff pour faire passer le temps, pour garder le pouvoir le plus longtemps possible.


4) Renforcement de l’État de droit :

Le gouvernement inconstitutionnel, illégal et illégitime d’Ariel Henry n’a aucune moralité, ni volonté pour établir l’État de droit dans le pays.  Ces déclarations en la matière sont juste pour la galerie.  Au contraire, c’est un régime de répression qui est en place actuellement dans le pays et qui utilise les gangs armés et la Police Nationale pour torturer la population haïtienne afin de garder le pouvoir.


5) Réforme économique :

Comment peut-on attendre une réforme économique avec Ariel Henry, avant d’organiser les élections dans le pays ?  Le gouvernement d’Ariel Henry est un des gouvernements les plus corrompus dans toute l’histoire d’Haïti.  D’ailleurs, avec Ariel Henry au pouvoir, c’est l’effondrement total de l’économie haïtienne, informelle et formelle, avec les gangs armés qui contrôlent 80% du territoire national.

De plus, Ariel, durant ses 30 mois au pouvoir, utilise 4 budgets nationaux sans donner de rapport à personne :

  • Budget 2020 -2021 : 167 milliards de gourdes ;
  • Budget 2021-2022 : 210 milliards de gourdes ;
  • Budget 2022-2023 : 267 milliards de gourdes ;
  • Budget 2023-2024 : 320 milliards de gourdes.


6) Création des conditions pour les élections libres et équitables dans le pays :
Pour organiser des élections dans le pays, il y a des préalables dont il faut tenir compte, spécialement la question de l’insécurité, l’accord avec les partis politiques pour mettre en place un CEP afin de démarrer le processus électoral et la validation ou le rejet de la carte Dermalog en circulation dans le pays.  En ce sens, on voit clairement qu’Ariel Henry n’avait aucune volonté d’organiser des élections.  Même concernant la carte électorale, il n’a jamais évoqué cette question pour savoir comment on doit procéder pour arriver réellement aux élections, parce que les élections doivent mobiliser des ressources techniques, politiques, économiques et communicationnelles.  Cela veut dire qu’il n’avait, en conséquence, aucune volonté d’organiser des élections dans le pays.  Donc la présence d’Ariel Henry au pouvoir après le 7 février 2024, équivaut à un coup d’État prémédité.


7) Nécessité de s’assurer que les réformes et les progrès se traduisent par un changement stable à long terme, pour les citoyens haïtiens :

Tenant compte des mots : réformes, progrès et long terme, cela sous-entend qu’Ariel Henry savait bien qu’il n’allait pas et donc n’avait pas la volonté de laisser le pouvoir le 7 février 2024. C’est donc un coup d’État prémédité.  Car, ces questions ne doivent pas être la préoccupation d’un gouvernement de transition, spécialement dans le contexte de crise complexe que nous avons actuellement en Haïti, depuis après l’assassinat du président Jovenel Moïse.  Toutefois, le gouvernement d’Ariel Henry aurait pu continuer les grands chantiers en cours durant la présidence de Jovenel Moïse, parce que le régime d’Ariel Henry est la continuité du pouvoir de Jovenel Moïse, ce n’est pas un gouvernement de transition comme disent les diplomates des pays de l’Occident en Haïti.


8) Organiser des élections générales en 2023 :

Comment pouvait-on s’attendre qu’Ariel Henry allait organiser des élections en 2023, sans tenir compte de la mise en place d’un CEP dans un large consensus ?  C’est terrible pour le pays et c’est un problème de clairvoyance de la part des politiciens haïtiens.  Il n’y a aucun signe qui montre qu’Ariel Henry avait voulu organiser des élections réellement en Haïti durant l’année 2023.  Si tel était le cas, immédiatement après sa publication au journal officiel du pays, Le Moniteur, l’accord du 21 décembre et sa mise en place, la première chose à faire c’aurait été d’entamer des négociations sérieuses avec les acteurs politiques du pays, afin de mettre en place un CEP crédible et, par la suite, de discuter des approches techniques et financières pour arriver aux élections et surtout, de résoudre la question des gangs armés.


9) Gouvernement nouvellement élu pour remplacer l’équipe d’Ariel Henry au pouvoir :

C’est cette question qui nous intéresse le plus, dans l’accord du 21 décembre 2022.
On parle de Gouvernement élu, mais constitutionnellement et traditionnellement, on n’organise pas les élections pour les membres du gouvernement.  Les membres du gouvernement, comprenant le premier ministre, les ministres et les directeurs généraux sont nommés.  On organise des élections pour le Président, qui est le chef de l’exécutif, pour les parlementaires, les Maires, les CASEC et ASEC.  C’est une erreur grave à ce niveau de permettre à Ariel Henry de profiter de ses propres erreurs.  Et, on peut même dire que c’est volontairement qu’on a fait cette mention.  Parce que, le commun des mortels sait clairement qu’on n’organise pas des élections pour les membres du gouvernement.
Cela voudrait dire, qu’il y a une volonté manifeste d’Ariel Henry de garder le pouvoir le plus longtemps que possible.  On pourrait même dire qu’Ariel Henry a un projet macabre d’établir un régime dictatorial ou une monarchie absolue, 38 ans après la chute du régime dictatorial des Duvalier.


10) Fin du mandat consensuel d’Ariel Henry le 7 février 2024 au regard de l’accord du 21 décembre 2022 en son article 20, section 9.

Il est donc clair que l’accord n’a pas parlé d’un président élu, pour remplacer Ariel Henry au pouvoir, le 7 février 2024.   On a parlé d’un gouvernement à remplacer.
Cela voudrait dire que la présence d’Ariel Henry au pouvoir, après le 7 février 2024, est un coup d’État prémédité, préparé et planifié par Ariel Henry et la communauté internationale contre le peuple haïtien.


C’est au peuple souverain qu’il revient de prendre son destin en main, en utilisant tous les moyens pour y arriver.  N ap raple : pèp pa janm pèdi batay.  D’ailleurs, il y a lieu de soulever, que le peuple haïtien peut désormais compter sur la résolution finale du Congrès National de Ouanaminthe, comme alternative viable et fiable pour résoudre la crise haïtienne à court, moyen et long termes, après le départ d’Ariel Henry du pouvoir.

Ulysse Jean Chenet

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