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Et si les chefs de gangs en Haïti dressaient leur bilan en 2023?

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Quand on parle de dirigeants ou chefs  de facto en Haïti, c’est la confusion totale.  S’agit-il des maires nommés ça-et-là à travers le pays? Des anciens parlementaires qui vagabondent dans les émissions de radio, en quête d’une certaine légitimité et d’attention du grand public? Ou tout simplement du premier-ministre-président qui dirige le pays en mode abracadabra, tout en se permettant une extension automatique de son mandat?  La réponse est non.  Cette fois, je m’adresse aux caciques des territoires  perdus,  comme l’a si bien signalé  la prophétesse Émilie. 

À vous tous, chefs de bandes armées, révolutionnaires autoproclamés, à vous déshonorables généraux, officiers, sous-officiers et soldats des groupes criminels, aux nouveaux leaders des ghettos haïtiens, reconnus d’aucune utilité publique, bref à vous tous, professionnels de la terreur, du kidnapping et de la mafia criminelle, il est temps de dresser, au peuple souffrant et miséreux, le bilan de vos activités dans les régions que vous contrôlez depuis tantôt.

Racontez-nous les exploits et changements positifs dont la société peut se sentir fière de votre gestion.  Élaborez vos politiques de déstabilisation générale.  L’ancien premier ministre, Laurent Lamothe, avait séduit les intellectuels haïtiens avec les 5 E : État de droit, Économie, Éducation, Énergie, et Environnement.  Et le feu-président Jovenel Moïse résumait les 5 problèmes du pays en un seul mot : corruption.  Qu’en est- il de vous, rois des ghettos?

Avant d’aller plus loin, je dois préciser que je n’ai nullement l’intention de légitimer aucun criminel ou groupe hors-la-loi.  Les chefs de facto auxquels je fais allusion sont connus et sanctionnés par l’ONU, par la Communauté Internationale, par les autorités locales et  les grands médias locaux.  Donc, si vous lisez ces lignes, sachez que les chefs de facto sont tous (ou presque tous) reconnus et certifiés.  Alors, passons au bilan 2023 de nos chefs de facto ou “bandi legal”.

Enlèvements contre rançons

Vous, dirigeants des quartiers populaires, vous profitez de la colère des masses marginalisées pour vous faire passer comme les défenseurs des démunis.  Vous vous êtes armés par tous les moyens, faisant croire que vous seriez un bouclier contre les interventions musclées, arbitraires et parfois négligentes des forces de l’ordre contre les jeunes des bidonvilles.  Pour financer vos activités, vous avez adopté ces philosophies fanatiques des leaders politiques de la gauche anarchique : wòch nan dlo, pral konn doulè wòch nan solèy.  Sans aucune compassion ni pitié, vous avez enlevé, séquestré des milliers de vos propres compatriotes.  Même vos cousins, oncles, proches et amis ne sont pas épargnés.  Parmi vos  victimes, généralement membres de la classe moyenne, on trouve : des médecins, ingénieurs, hommes et femmes d’affaires, professeurs, artistes, etc.  Quiconque, ayant les moyens de  verser quelques milliers de dollars américains, est une cible potentielle. 

Contrairement, aux Haïtiens aisés qui se sont armés pour protéger leurs vies et leurs biens, les sujets de l’élite intellectuelle sont sans défense aucune.  Vous changez drastiquement les structures hiérarchiques de l’économie sociale.  De twa grenn wòch nan solèy tounen wòch nan dlo. Epi plis wòch nan lonbray pase anba solèy.  Les pauvres deviennent plus pauvres, les moins pauvres d’avant sont très pauvres. 

Il n’est plus question d’organiser des marches pacifiques ou des soulèvements populaires contre les autorités politiques de facto, les chefs de gangs, avec la passivité et complicité de l’État haïtien, opèrent la machine infernale de kidnappings contre rançons.  Le peuple vit de facto sous une dictature  infernale : d’un côté, avec des dirigeants politiques médiocres et insouciants, et  d’un autre, avec des chefs de gangs (de facto) qui sèment la terreur, en transformant leurs activités illicites en une industrie profitable, avec possibilité de vendre des franchises(ou annexes) à leurs associés dans tout le pays.

Quelles sont les chiffres d’affaires de l’industrie du kidnapping pour l’année 2023?  Saura-t-on un jour le nombre total de victimes des leaders de facto des ghettos?  Je ne veux pas m’appuyer sur les chiffres officiels des organisations de droit de l’homme ou de l’ONU. Partagez, messieurs les présidents des ghettos, le bilan réel des soulèvements contre rançons pour l’année 2023.

Révolution ou évolution des gangs?

Vous avez monté votre propre syndicat de gangs criminels.  Vous avez les médias qui vous suivent partout.  Même les caméras des grands médias étrangers partagent gratuitement vos discours machiavéliques.  Vous êtes devenus des experts en communication et propagande de masse.  Sans aucune gêne ni peine, vous criez fort : révolution!   Vous dénoncez les politiciens de leur indifférence face à la misère des masses qui habitent les ghettos, tout en vous faisant passer pour de nouveaux Robins-des-Bois qui allaient prendre aux riches pour donner aux pauvres.  Alors, qu’avez-vous fait pour les ghettos?  Comment avez-vous changé la vie de vos voisins?  Parlez-nous des habitants de Martissant, de Canaan, de Fontamara, du Village-de-Dieu, de Bel-Air, de Cité-Soleil, de Caradeux, de la Croix-des-Bouquets, de Mariani, etc.  Comment l’évolution de vos activités a-t-elle permis de révolutionner le mode de vie de vos sujets?

Enrichissements illicites

Vous n’avez peut-être rien à vous reprocher car vous vous êtes enrichis en si peu de temps que nul ne saurait dresser un bilan négatif de vos accomplissements personnels.  Des vêtements de luxe, les grandes marques, vous les exposez sur la Toile et au grand public.  Bijoux, meubles exotiques, piscines et Spas, voitures blindées, flingues incrustés d’or, fêtes grandioses, etc. : les preuves que vos coffres sont remplis ne manquent pas.  N’est-ce pas absurde, qu’en guise de distribution de richesses aux pauvres, on constate tristement que seuls les soi-disant chefs  révolutionnaires vivent dans l’opulence? 

Expansion ou émancipation?

Avec la PNH, dépourvue de leadership patriotique et de moyens logistiques adéquats, les assassins font la loi dans nos rues désertes et sales.  Des centaines, voire des milliers d’entrepreneurs sont des sans-domicile-fixe, car l’expansion de territoires conquis par les chefs suprêmes des bidonvilles force les gens à abandonner leurs maisons et leurs biens, pour se réfugier partout ou n’importe où.  De plus, ils sont rares ceux qui ont pu fuir avant d’avoir été victimes de séquestration ou d’extorsions.  Il faut payer les frais imposés par les nouveaux  collecteurs de taxes. Les prix varient selon les moyens de transport.  Et pire, dans chaque territoire où l’on s’aventure, les taxes varient.  Le peuple peut se demander, que faites-vous pour leurs zones avec les sommes collectées?  Il n’est plus question de pointer du doigt les occupants de la Primature car c’est vous qui contrôlez le trafic, les négoces, les taxes, dans ces quartiers.  Quand est-ce que vous allez commencer à construire des écoles et des centres de santé pour les citoyens que vous dirigez? Les infrastructures doivent être  développées et maintenues.  Où sont les plans de construction des  écoles de métiers?

Révolution ou évolution des gangs?

Les grands  accès routiers vous appartiennent.  Vous avez vos passerelles dont le passage est taxé.  Combien de routes et de ponts avez-vous construits ou réparés, en cette année 2023?  Je pense que ce n’est pas trop demander à nos gouvernants, de facto ou pas, bandits à cravates ou sans cravate : un rapport sur leur gestion des impôts collectés aux misérables contribuables. 

Si vous êtes là comme leaders par sélection politique, élection naturelle ou par les armes assassines, sachez que vous devez rendre compte au peuple.  Rappelez-vous, qu’il existait avant vous des bandits d’État, les milices gouvernementales, les bandes armées supportées par la Communauté Internationale, les gangs régionaux, et  tous ont eu des fins similaires. Leurs protecteurs leur tournent le dos, à un moment donné.  Les leaders des groupes criminels sont  trahis, abandonnés, assassinés en prison, ou tout simplement rapatriés par leurs patrons étrangers  et jetés derrière les barreaux, à la suite des accusations bidon.

Votre méchanceté, puissance et existence ne peuvent pas égaler la volonté et la résilience du peuple haïtien qui demande justice et paix.  Alors, n’attendez pas que le peuple, par la force, vous fasse rendre compte de votre gestion des territoires perdus.  Car, à ce moment-là, aucune entité ou force étrangère ne pourra vous sauver de la colère de toute une nation. 

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