Un reporter de RFI pour ne pas le nommer, a traduit « Bwa Kale » par érection, il donna sa compréhension du mouvement. Le correspondant basé aux Gonaïves d’une station radio de la capitale faisant la description des actes reprochés à trois personnes qui transportaient des cartouches d’armes à feu dissimulées dans des sacs de riz et autres produits agricoles, conclut que la population leur donna le « Bwa kale ». Y a-t-il une compréhension haïtienne et une signification différente pour les étrangers. Certains rient quand les étrangers font des erreurs, ils se disent « a pa blan te konn sòt tou ».

Si cela vous plaisait, ce ne serait pas pour longtemps parce que « le Bwa Kale » induit beaucoup plus d’Haïtiens en erreur que d’étrangers. En Haïti, Il y a toujours lieu de se méfier quand vous apercevez des gens qui sont toujours « nan move bò a », prendre des postures en faveur d’un mouvement populaire. Bwa kale récemment qui était un mouvement honni qui empêchait l’accès au terminal pétrolier, la circulation de l’aide humanitaire, a ressurgi à l’occasion d’un évènement troublant. Point n’est besoin de revenir sur les circonstances qui ont donné un nouvel élan au Bwa kale. On ne peut nullement justifier le massacre de 13 personnes maitrisées par la Police. Que dire des personnes ciblées, alors que rien n’est fait pour remonter aux fournisseurs. On tue les mules et les propriétaires de la marchandise ne sont pas inquiétés.

Certains attribuent un mérite à celui qui a conçu ce slogan. Chapeau ! L’imagination populaire est fertile. Bwa kale, cela fait fantasmer ceux qui n’ont pas pu bénéficier d’une circoncision à la naissance, aux bons soins de leur mère et donner un sentiment de fierté à ceux qui ont été mutilés tôt ou tard. Il y a aussi celles et ceux qui trouvent l’appellation de ce mouvement d’une trivialité plate. On pourrait les connecter aux parents en Floride qui ont fait révoquer une enseignante en sixième année fondamentale parce qu’elle montra aux enfants une photo de la sculpture de David réalisée par Michel-Ange, il y a environ 500 ans. Oui, c’est bien le David que les signataires du pacte du 21 décembre récitent le Psaume 23 pour qu’Ariel continue à leur assurer de ne manquer de rien et que ceux qui sont contre dès qu’ils entendent ce nom (Ariel) place la main sur leur talisman où est écrit avec l’encre de Chine le Psaume 95 et surtout le verset 8 du Psaume 101. On pourrait continuer l’exégèse du Bwa Kale avec Tòlegba. En bon Haïtien, Legba, Alegba, Atibon Legba ne peuvent pas vous laisser indifférents. Tòlegba n’est pas à Florence en Italie, mais plutôt à Ouida dans la forêt sacrée au Benin, terre de nos ancêtres africains. Bwa kale est peut-être si loin, mais si proche dans notre culture.

Ce qui dérange, c’est le Asch, l’enseignement de quelques notions de psychologie a quasiment disparu dans nos écoles et les films documentaires pour l’éducation continue des adultes ont été remplacés par des feuilletons débilitants. L’expérience de Asch sur le conformisme ou le mimétisme social n’est pas très connue. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte quand ils sont victimes d’un effet de groupe. Ils agissent sous l’influence du groupe de manière inconsciente et cela fait le jeu des passéistes qui pensent multiplier ces actes cruels et insensés, font forcer leurs maitres à se hâter le pas.

Guy Craan MD MSc.

https://scienceetonnante.com/2013/04/22/lexperience-de-asch-sur-le-conformisme/
Pictures Credit: CGTN America