La dernière enquête du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies
(OCHA) révèle une aggravation de la précarité socio-économique en Haïti, au cours de
l’année 2023. Selon ce rapport, le pays est passé de 4,9 millions de personnes nécessitant une
aide humanitaire en 2022, à plus de 5,2 millions en 2023. Des actions urgentes doivent être
engagées pour secourir la population et lui assurer un minimum de bien-être, selon
l’organisation.
En outre, la montée des prix met la population haïtienne à genoux et aux abois. Déjà, Haïti
est en proie à une grave crise économique qui affecte la population dans toutes ses couches
sociales. L’augmentation des prix des produits de première nécessité et la dépréciation de la
monnaie nationale ont entraîné une hausse spectaculaire du coût de la vie. Selon l’IHSI,
l’inflation en Haïti a atteint un taux alarmant de 49%.
Le désarroi est généralisé. Selon le PAM , un Haïtien sur deux n’arrive pas à se nourrir
correctement. «Nous n’avons plus les moyens de nourrir nos familles qui crèvent de faim.
Mille gourdes ne valent plus rien», se plaint un père de famille. Les personnes à revenus fixes,
les retraités, les travailleurs à faible revenu, voient leurs revenus mensuels se réduire en peau
de chagrin, en raison de la décote de la gourde et de la cherté de la vie.
Cette dépréciation a fait exploser les prix des produits importés, des produits pétroliers
et des médicaments, qui sont essentiels pour la plupart des Haïtiens. «Notre monnaie ne vaut
plus rien», se plaint une marchande découragée, assisse devant son tréteau quasiment vide.
Elle n’a même plus de quoi l’achalander, pour desservir une clientèle de moins en moins
nombreuse. À côté d’elle, une marchande de «manje kwit» étale son désarroi et se plaint de la
baisse des ventes. Le plat traditionnel des classes populaires, dans les milieux urbains, qu’on
appelle communément «chen janbe», qui se vendait à 25 gourdes, il y a de cela 3 ans, coûte
aujourd’hui 150 gourdes. Pour certains produits de grande consommation, les prix ont
quasiment doublé en quelques mois. C’est le cas pour le riz, le spaghetti, le lait, l’huile, les
pois et le sucre. Le gouvernement haïtien a pris des mesures pour tenter de remédier à cette
situation, notamment en augmentant le salaire minimum et en tentant de stabiliser la monnaie
nationale. Toutefois, il s’agit de palliatifs qui ne peuvent aucunement résoudre les problèmes
fondamentaux de l’économie haïtienne.
Haïti ne produit pas, n’exporte pas. La capitale haïtienne est l’otage de gangs armés
qui handicapent l’économie et qui alimentent l’inflation. L’impasse politique est totale. Un
agent économique ne peut faire aucune prévision sérieuse. Le prix des transports en commun
de la capitale vers les provinces a triplé depuis que les gangs armés rançonnent – au vu et au
su de l’État – les camions transportant des marchandises. La flambée des prix a également des
répercussions sur les entreprises haïtiennes qui ont désormais des coûts d’opération plus
élevés.
La cherté de la vie en Haïti vient s’ajouter au calvaire d’une population qui vit dans la
peur, face à la violence quotidienne des gangs. Dans le pays, la flambée des prix qui s’allie à
la crise politique interminable et le règne des gangs ont réussi à mettre à genoux la population
haïtienne qui ne sait plus à quel saint se vouer.
Emmanuel Saintus
Flambée des prix et aggravation de la précarité socio-économique
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