À l’origine, la loterie ou tombola (borlette en haïtien), est un jeu d’argent et de hasard, visant à distribuer des lots à des gagnants sélectionnés au hasard (grâce à un tirage effectué parmi les joueurs ayant payé une mise de départ). Par analogie, l’insécurité qui règne dans le pays, depuis plus d’un quinquennat, semble trier, elle aussi au hasard, ses victimes potentielles mais sans l’accord ou sans que les malheureux gagnants ne misent rien.
Tous les jours, à toutes les heures, en pleine rue ou sur leur lit, le lot des victimes est tiré au sort. Le dernier en date n’est autre qu’Éric Jean-Baptiste, homme d’affaires, patron de Père Éternel Lotto. Dans l’intervalle, Frantz Elbé, le Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti (PNH), assisté des membres du haut commandement de la PNH, a reçu le mercredi 26 octobre 2022, la visite de M. Éric Stromayer, le Chargé d’affaires des États-Unis d’Amérique en Haïti, accompagné de plusieurs personnalités américaines, autour de la question de l’insécurité. Évaluer la situation sécuritaire et envisager des perspectives pour le renforcement de la capacité opérationnelle de la PNH sont parmi les points discutés entre les autorités policières et les représentants du Gouvernement américain.
La machine de l’insécurité avance, que dis-je, déraille de plus en plus, et on n’a plus le temps de pleurer les victimes. Dans la nuit du vendredi 28 au samedi 29 octobre, l’ancien candidat à la présidence, Éric Jean-Baptiste a été attaqué et tué en rentrant chez lui, à la hauteur de Pétion-Ville, à Laboule, zone contrôlée par un certain «Ti Makak».
Cet assassinat de trop, pour certains, est un acte qui met à nu l’incapacité de l’équipe au pouvoir de diriger et de sortir le pays de ce marasme. Des structures politiques, le corps diplomatique, des personnalités de la société civile et même le gouvernement condamnent tous l’assassinat de l’homme d’affaires, comme quoi: personne n’est responsable de ces actes odieux.
Quelques jours avant l’assassinat de l’ancien candidat à la présidence, le corps d’un journaliste, Tess Garry, aux Cayes, a été retrouvé sans vie et mutilé. Le journaliste Roberson Alphonse a échappé belle à une tentative d’assassinat à Delmas 40B. Ces actions ont été condamnées, elles aussi, par tout un chacun. Le matin du samedi 29 octobre, plus de 5 corps sans vie et partiellement décapités ont été découverts à Juvénat, en pleine rue, ce fait, apparemment divers, est passé inaperçu puisqu’une personne de renom est tuée presque le même jour.
Frantz Elbé, Directeur Général a. i. de la Police Nationale d’Haïti (PNH), s’est entretenu, le jeudi 27 octobre, avec Michel Chanoux, Premier Conseiller et Chargé d’affaires de l’Ambassade de France en Haïti, sur l’évolution de la situation sécuritaire du pays. Au cours de cette rencontre, la question relative au renforcement de la capacité opérationnelle de la Police Nationale d’Haïti a été vivement débattue. Ces discussions se sont déroulées en présence des membres du haut commandement dont le DCPA, Joany Canéus, le DCPJ, Frédéric Leconte et du Directeur de Cabinet, Jackson Hilaire. Des cadres des Forces Armées françaises dont le colonel Grégory Charvieux, attaché de défense basé en Martinique et le sergent-chef Christian Souma de l’État-Major des forces armées françaises aux Antilles, ont également pris part à ces échanges.
Malgré ces incessantes rencontres, la situation sécuritaire de la majorité de la population reste très précaire. Que vous soyez cible d’une attaque ou au mauvais moment au mauvais endroit, personne ne sait qui sera la prochaine victime ou gagnant malheureux de cette loterie sans contrôle, si j’ose dire ou comme l’aurait dit Éric Jean-Baptiste, qui serait la prochaine cible et quelle serait sa chance. Père Éternel seul le sait.
Altidor Jean Hervé