Rien de surprenant. Pour le capitalisme, tout peut s’acheter et se vendre, tout peut devenir marchandise. Le capitalisme corrompt tout parce qu’il n’a pas la moindre notion de ce qui est moral et encore moins de ce qui est sacré. Il suffit de voir les récentes évolutions des organisations de la société civile en Haïti pour comprendre que les bonnes intentions ne résistent pas aux possibilités de faire du profit. Dès lors que la technique permet quelque chose et qu’un marché existe, toutes les limitations éthiques disparaissent comme par miracle. Nous sommes en fait incapables de mettre des limites à notre cupidité, surtout s’il s’agit de limites morales.
La position de ceux qui doivent être sauvés est clairement celle de proies, par rapport à ceux qui sont les prédateurs. Le berger tente toujours de sauver la bête selon une hiérarchie opportuniste : le cheval avant le mouton.
Pour s’interroger, encore faudrait-il que la masse ait encore le nécessaire en tête… La culture abrutissante, dispensée sur ordre du Nouvel Ordre Mondial, ne leur permet plus que de s’interroger sur la marque de leurs baskets, ou bien le choix de la couleur de leur prochaine voiture, grise ou noire… Les mondialises ont la voie libre pour faire ce qu’ils veulent.
Combien reste-t-il de vrais HAÏTIENS en Haïti ? Ce peuple est en voie de mort car retraité. Les jeunes quasi inexistants, sont formatés à la console pour devenir des zombies parfaits. Ils ne votent pas, et se foutent de tout, tant qu’ils ont un plan de partir plus loin.
L’information unilatérale, manipulée et orientée en faveur de ceux qui les subventionnent, ne dérange pas certains «journalistes», accommodant à une sauce très personnelle le code de déontologie fixé par leurs pairs et auquel code ils sont théoriquement astreints.
Tant que les médias dominants sont sous contrôle absolu de l’oligarchie et que la majorité des individus, qui se disent des leaders de la société civile, est corrompue, les empoisonneurs en chef peuvent dormir sur leurs deux oreilles. La masse considérable ne se rend compte de rien.
Les premiers atteints le sont aussi neurologiquement et intellectuellement. En effet, après l’expiration du sursis de 15 jours accordés au gouvernement, les leaders de la société civile dans le sud sont plongés dans un profond mutisme. La grève des organisations de la société civile pour réclamer le rétablissement de la sécurité à Martissant est à l’agonie.
Il n’y a aucune annonce pour relancer la mobilisation dans les 4 départements de la péninsule sud. Des conflits internes avaient ébranlé les deux structures qui avaient été en première ligne de la levée de boucliers. Au rassemblement des commerçants du sud, le porte-parole, Calixte Fergusson, a été démis de ses fonctions. Le RCS (Rassemblement des Commerçants du Sud) est en opposition à la Chambre de commerce sur le dossier du sursis au gouvernement. Les uns ont voulu vérifier la bonne foi des autorités, les autres voulaient lancer la grève immédiatement le 1 juin. 20 jours plus tard, rien n’a changé. Pire, les prix du carburant et des produits de premières nécessités continuent de grimper. La mobilisation a été cassée par les négociations des autorités gouvernementales et policières.
La société civile a peut-être perdu des plumes dans cette affaire. Le momentum a sans doute été perdu par les leaders de la société civile.
Emmanuel Saintus