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La célébration du Black History Month, au regard des Noirs aujourd’hui

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L’herbe la plus mauvaise sert à quelque chose, aussi le péché le plus abominable peut servir d’excuse à la rédemption et conduire vers le salut. En ce sens, la commémoration du Mois de l’histoire des Noirs, de son nom anglais originel: Black History Month, peut être perçue comme un coup de projecteur sur l’impact universel des cinq (5) siècles de péripéties, de souffrances et d’atrocités subies par les peuples noirs, dans un monde marqué aujourd’hui encore par les inégalités et l’injustice.

Officiellement, le Black History Month fut célébré, pour la première fois, le 10 février 1976, sous la présidence du président américain Gerald R. Ford, aux États-Unis. D’autres pays, à l’histoire tout aussi fortement liée à l’esclavage et à la ségrégation raciale, comme le Royaume-Uni (1987) et le Canada (1995), ont également emboîté le pas à ces célébrations. Ces dernières, qui sont la résultante des travaux de l’historien afro-américain, Carter G. Woodson, et le pasteur, Jesse E. Moorland, à travers The Association for the Study of African American Life and History, prennent désormais une dimension quasi universelle. C’est devenu une tribune internationale pour faire prévaloir la contribution et les apports de l’histoire et de la culture noires dans l’histoire et la culture universelles du monde moderne.

D’autres noms dans le monde méritent d’être également associés à ces célébrations. C’est le cas du juriste, éducateur et homme politique haïtien, Anténor Firmin, qui, dans son ouvrage: «De l’égalité des races humaines», eût à déclarer : « … Je suis Noir… Comment pourrais-je concilier les conclusions que l’on semble tirer… contre les aptitudes des Noirs… ?»

C’est aussi le cas de l’historien, anthropologue, physicien et homme politique sénégalais, Cheikh Anta Diop, considéré comme le pionner de la théorie afro-centriste faisant de l’Afrique le berceau de l’humanité, en soutenant que les phénomènes civilisationnels les plus anciens ont forcément eu lieu sur ce continent. En effet, ses études sur les origines de la race humaine et sur la culture africaine précoloniale, ainsi que les questions qu’il a posées sur les préjugés culturels dans la recherche scientifique, lui permettent d’occuper une place de prédilection dans la détermination de la vraie place des Noirs, dans l’histoire de l’humanité.

Dans un autre registre, dans l’une de ses interviews avec le journaliste Mike Wallace, autour de l’importance de la célébration du Black History Month, l’acteur afro-américain, Morgan Freeman, déclare : «l’une des meilleures façons de combattre le racisme, c’est de cesser d’en parler. Je cesserai de vous appeler homme blanc, et vous allez en faire autant. Cessez de m’appeler homme noir. Il est ridicule de consacrer un mois à la célébration de l’histoire des Noirs américains. Car, l’histoire des Noirs, c’est l’histoire des États-Unis.»

Certes, nous devons reconnaître que de grands efforts, en termes de décoloration des législations relatives aux questions de racisme et de discrimination, ont été consentis dans les sociétés modernes. Mais ceci ne nous empêche pas de vivre de grands épisodes d’injustice envers les Noirs. Le plus récent et plus fameux a été celui de l’assassinat, en mars 2020, de l’afro-américain, George Floyd, par des agents policiers blancs américains. Ces agressions policières répétées contre des Noirs, un peu partout dans les sociétés occidentales en général, et particulièrement aux États-Unis, sont le syndrome de sociétés inégalitaires, avec une certaine inclinaison vers le racisme viscéralement incrusté dans l’ADN de certains Blancs, adeptes du courant suprémaciste blanc.

Le Black History Month doit cesser d’être considéré comme un espace où les nègres viendraient se défouler et s’enorgueillir, à coup d’hypnose de reconnaissances non assumées, où ils manifesteraient une quelconque satisfaction. Au contraire, ces célébrations devraient constituer l’espace pour poser, une bonne fois pour toute, les différends ancestraux qui nous empêchent de construire ensemble, les 365 jours de l’année, un environnement spatiotemporel, basé sur la justice sociale, indépendamment de sa race et de sa classe sociale. Ce serait ainsi une véritable cure sociétale pour panser, par le biais de la justice sociale et du respect des droits humains, les plus profondes blessures accumulées depuis plus de sept (7) siècles d’histoire.

Le Black History Month doit permettre de réécrire ensemble l’histoire de l’humanité, en rétablissant les vérités de l’histoire, en restaurant les victimes et leurs descendants, en obtenant la confession des auteurs et de leurs descendants, et en obtenant l’engagement de tous ces acteurs à prioriser l’humanité au-dessus de toute autre valeur. Cette histoire pourra ainsi rejoindre les souhaits de l’historien sénégalais, Amadou Ba (février 2020) : « Nous voudrions bien que ça se retrouve dans les manuels scolaires pour que finalement les Noirs du Canada comprennent qu’ils sont dans leur pays aussi et que leurs ancêtres ont contribué à l’édification de ce pays.»

Néanmoins, en accord à l’idée initiale de pionniers comme le Président américain Gerald R. Ford, le Black History Month doit favoriser la restauration de l’histoire des Noirs, dans quel que soit le pays dans le monde ; ce, non seulement au regard des contributions des esclaves et soldats noirs à l’édification de ces pays, mais également à celui des apports des citoyens noirs libres, contemporains, à la construction de leurs sociétés actuelles.

Jean Camille Étienne, 

Architecte, Msc. en Politique et Gestion de l’Environnement

18/02/2022

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