Depuis plus de quatre mois, Ariel Henry dirige le pays en qualité de Premier Ministre. Il a formé un Gouvernement, puis installé ses ministres, au grand dam des prescrits constitutionnels.
Brandissant l’article 149 de la Constitution pour justifier sa présence au pouvoir, il devrait réaliser les élections dans une période de quatre mois au plus. Cependant, le temps s’est écoulé, il n’a rien fait pour réaliser les élections et passer le pouvoir à un nouveau président élu. Au contraire, il s’est arrangé pour faire un replâtrage de son Gouvernement, ce qui, encore, n’a rien de constitutionnel.
Selon la Constitution, Ariel Henry n’est même pas un premier ministre. Car pour être premier ministre et ministre, il faut être non seulement nommé par le président (noter que Jovenel Moïse n’était qu’un président de facto, au moment de la nomination d’Ariel Henry), mais aussi, il faut être ratifié par le Parlement. Pourtant, au moment de la nomination d’Ariel, le Parlement était déjà dysfonctionnel.
Depuis, il dirige sans lois ni Constitution, sans même se donner une feuille de route qui décrit ce qu’il a à faire et quand il compte quitter le pouvoir. Or, dans les jours à venir, le mandat des dix sénateurs arriveront à terme. À ce moment-là, il ne restera aucun élu, même pour dénoncer certaines dérives.
Sans contre-pouvoir institutionnel, à l’instar de Jovenel Moïse, il dirige sans aucun contrôle. Lui et ses ministres dépensent les maigres ressources de l’État comme ils veulent et quand ils veulent. Ils se donnent donc, le droit de s’approprier des institutions du pays qu’ils peuvent utiliser aussi pour terroriser le peuple.
Fort de ces considérations, nous pouvons dire que nous sommes en présence d’une dictature qui n’a pas encore déployé ses ailes ou encore une dictature qui ne dit pas son nom.
Me Inseul Salomon
Avocat, sociologue