Le dimanche 3 octobre 2021 vers 8h00 a. m, des individus lourdement armés, revêtus de différents uniformes de la Police Nationale d’Haïti (PNH), à bord d’une Nissan Patrol, ont kidnappé le Pasteur Jean Mary Ferrer Michel (79 ans), devant l’Église Jésus Center de Delmas 29, ainsi que deux autres personnes qui l’accompagnaient, identifiées comme Isabelle Devendegis et Norman Weiner.
Notez que ce n’est pas la première fois que des bandits utilisent le stratagème des faux policiers pour enlever leurs victimes en plein jour. C’est la deuxième fois en moins de 7 jours que les bandits s’en prennent à des religieux. Rappelons que le dimanche 26 septembre, le diacre Sylner Lafaille (60 ans) et son épouse, sœur Marie Marthe Laurent Lafaille, qui l’accompagnait, avaient été attaqués par des individus lourdement armé qui ont tué le diacre Lafaille.
Le vendredi 1er octobre, dans la soirée, à Martissant, un groupe d’hommes lourdement armés ont attaqué un blindé tombé en panne. Les agents de l’Unité Départementale de Maintien d’Ordre (UDMO), à bord, ont appelé du renfort qui malheureusement est arrivé trop tard. Bilan: 1 agent de l’UDMO a été tué et un autre blessé. Le blindé a été incendié par les bandits.
Toujours le vendredi 1er octobre 2021, l’Inspectrice Générale Marie Michelle Verrier, porte-parole de la Police Nationale d’Haïti (PNH), a fait part du succès de l’opération policière entreprise le jeudi 30 septembre, dans la soirée, à Village Solidarité (commune de Delmas), visant à libérer, des mains de ses ravisseurs, un écolier de 8 ans, kidnappé le jour même à Gérald Bataille, en revenant de l’école. Cinq individus, David Jean-Baptiste (l’oncle de la victime), James Jean-Baptiste, Frédérick Lundi, Peterson Pierre et Ricardo Lacoste, un policier issu de la 27e promotion, affecté à la Polifront, ont été arrêtés et présentés à la presse. Des messages de demande de rançon avec les parents de la victime ont été découverts sur le téléphone de l’un des individus, a précisé la porte-parole de la PNH. Les 5 individus accusés d’enlèvement ont été placés en garde à vue, pour les suites légales.
Entre temps, la femme du diacre Sylner Lafaille a été libérée. Le Chef du collège pastoral de la 1ère Église Baptiste de la rue de la Réunion, Josué Mathieu, a confirmé la libération de Marie Marthe Laurent Lafaille, veuve du diacre Sylner Lafaille, assassiné le dimanche 26 septembre dernier. Le révérend pasteur Mathieu précise que la victime a été libérée contre rançon, sans préciser le montant.
De plus, Johnny Jean, étudiant à la Faculté des sciences humaines de l’Université d’État d’Haïti, a été enlevé dans la soirée du 29 septembre, à la rue Cameau. Les ravisseurs exigent une rançon de 30 000 dollars américains, en échange de sa libération.
Par ailleurs, la capitale est assiégée par les gangs. Plusieurs experts en sécurité publique attirent l’attention sur l’urgence de trouver une solution définitive à l’insécurité et au grand banditisme, notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. La capitale est assiégée assurent plusieurs spécialistes, insistant sur la disposition des repaires des gangs autour de la capitale.
Si le gang des 400 mawozo contrôle l’entrée nord de la capitale, notamment toute la zone de Croix-des-Bouquets, l’entrée sud, essentiellement Martissant, est placée sous coupe réglée de Grand-Ravine et Village-de-Dieu. En plus de ces gangs réputés pour leurs atrocités, d’autres groupes armés sont également bien implantés dans les banlieues de la région métropolitaine. Des propriétaires fuient leurs maisons dans de nombreux quartiers jusqu’ici réputés calmes.
Le colonel Himmler Rebu, ancien secrétaire d’État à la Sécurité publique, soutient que les gangs s’évertuent à étrangler l’économie de la capitale. Les produits alimentaires ne peuvent plus être acheminés dans la capitale, en raison des kidnappings et des attaques contre les camions. Il y a des attaques terroristes, fait remarquer M. Rebu, dénonçant l’inaction des autorités. Il s’interroge sur la complicité des pays étrangers qui ne contribuent pas à freiner le trafic des armes illégales.
De son côté, l’expert en sécurité publique M. Réginald Delva, avait également tiré la sonnette d’alarme, faisant valoir que ces gangs, qui se regroupent en fédération, pourraient imposer leur loi aux résidents de la capitale.
Emmanuel Saintus